«Depuis Lénine, l'extrême gauche a toujours davantage détesté la gauche modérée que la droite, puisque c'est cette gauche modérée qui lui bloque le chemin», Joseph Facal, Journal de Montréal.
Le cirque du refus de convergence stratégique entre Québec Solidaire et le Parti Québécois se termine à peine que sa démesure laisse pantois les observateurs les plus aguerris.
Ainsi pendant un long week-end, les accusations de racisme proférées à l'encontre des membres du parti québécois et plus particulièrement de son chef n'ont cessé.
Un chapelet injurieux où l'ignoble supercherie de l'islamophobie et du racisme systémique a régné, réduisant l'administration politique le plus progressiste d'Amérique du Nord à un repaire de vauriens.
Mais quel est donc l'objectif de Québec solidaire à propager cette fraude intellectuelle notoire? La volonté de dérégler, de corrompre la scène politique québécoise et sa pensée plurielle afin de la rendre inopérante, de la déstabiliser au point où la confrontation tant des idées que des forces vives derrière ces visions perdent leur pertinence, leurs raisons d'être.
Ainsi, les porte-parole de QS deviennent les alliés objectifs des libéraux. De ces libéraux qui refusent la notion d'état républicain que chérit depuis ses tout premiers combats politiques le peuple du Québec. Une notion du «vivre ensemble» à l'exact opposé des dérives multiculturalistes du Canada - un communautarisme forcené-- qui ne sont et n'ont jamais autrement motivées que dans le déni du fait politique québécois.
Un républicanisme que réprouve aussi Québec solidaire qui ne prêche que par la déstructuration de l'état de libre-marché. Ainsi la social-démocratie, telle que promue pendant des décennies par le Parti Québécois pour en faire l'état le plus progressiste d'Amérique du Nord se résume à une machination néolibérale répressive.
Écoutons Dalila Awada, une membre influente de QS : «Pour les communautés racisées au Québec, l'ennemi est double. Il s'incarne à la fois dans le néolibéralisme et dans le racisme. Le Parti québécois, aujourd'hui, porte en lui ces deux bêtes. »
Vivement qu'on appelle un exorciste! Que Lisée se fasse limer les cornes! Car d'innommables «choses» percolent aux entrailles de la députation péquiste!
Ces bêtes, les ténors de QS les voient partout, les traquent en chaque recoin de notre société. Gabriel Nadeau-Dubois, lors de son intronisation à l'investiture de Gouin: L'ALENA fait partie des gestes posés par cette «classe politique qui a trahi le Québec au cours des 30 dernières années [...] cette classe politique qui a choisi le libre-échange au lieu de s'assurer que les gens en région aient un emploi et qu'ils puissent en vivre».
Quelle pantalonnade ! Quelle ignorance ! Du grand n'importe quoi ! Toute une société de connivence pour priver d'emplois les travailleurs de ses régions ! Il faut d'urgence enseigner à M. Nadeau-Dubois que l'ALENA a été porté par tout le Québec : libéraux, péquistes, syndicats, petites, et moyennes entreprises.
Il va de soi que l'accord de libre-échange conclu il y a 24 ans peut être révisé et amélioré, mais de là à faire le grandiloquent en proférant ces énormes fadaises...
Un discours d'une profonde sottise donc, mais qui trouve son audience. Car associer le libre-échange au néolibéralisme est la saveur du jour pour chacune des gauches-droites de l'extrémisme.
Ainsi au royaume du slogan creux, Marine Le Pen cartonne en alignant les éléments de son programme économique à ceux de Mélenchon ! Extrême gauche et extrême droite : mêmes ignorances, mêmes peurs.
En ce monde complexe, les réponses simples se raréfient. L'imprécation victimaire et le déni du politique sont des tares populistes qui infestent chacune des démocraties occidentales. Il faut de solides réserves de patience et un sens aigu de la pédagogie pour faire progresser les acquis de nos sociétés dans un monde où les changements sociaux et technologiques s'accélèrent, parfois jusqu'à la rupture.
Il en faut encore plus pour combattre les réflexes de repli dans le fantasme idéologique et le mensonge, le chacun pour soi et la fermeture à l'esprit du temps.
Ainsi, comment les pontes de QS justifient-ils cette incroyable dissimulation de l'assemblée du week-end dernier ? Particulièrement pour un parti qui se targue de ne pas être « hiérarchisé », un parti qui s'auréole d'une transparence totale face à une base partisane souveraine ?
Les vagues justifications de Manon Massé voulant que le plan de convergence n'aurait été entériné ne tiennent pas.
Les vagues justifications de Manon Massé voulant que le plan de convergence n'aurait été entériné ne tiennent pas. Le respect des militants --et de la population québécoise-- exigeait la présentation de ces ententes négociées de bonne foi entre formations politiques adverses. Cet escamotage délibéré de la pièce-clé d'un débat crucial pour beaucoup d'entre nous est condamnable.
Enfin, on peut lire sur le site de QS : «Toutes les personnes membres de Québec solidaire peuvent s'inscrire pour assister aux instances nationales du parti. Cependant, pour participer activement aux prises de décisions et avoir un droit de vote, vous devez être élu ou nommé délégué par les membres de votre association locale ou régionale.»
De la grande démocratie, n'est-ce pas ? Particulièrement pour les activistes d'une représentation démocratique accrue...
Bref, en notant que 3 partisans de QS sur 4 souhaitent une coalition des forces progressistes et souverainistes, on ne peut qualifier ce congrès autrement que de fraude politique par la dissimulation, doublée d'une manifestation anti-démocratique d'autant plus inacceptable que l'on encourageait une assemblée partisane à applaudir des aprioris haineux et non fondés.
Les années de « bonne conscience sociale » incarnée par Mme David ne sont plus. Le nouveau visage de QS apparaît. Un visage dénué d'esprit de tolérance et d'ouverture, un visage dénué du respect minimal de notre démocratie.
Les québécois doivent en prendre acte.
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