Que faire pour le Québec ?

Sur les favoris du nationalisme canadien, les choix de société qui affaiblissent la nation et les errances du Bloc québécois

Tribune libre



Si la nation canadienne se veut dominatrice et assimilatrice, la nation québécoise exige le respect et la place qui lui revient dans le concert des nations du monde. Que faire dans ces conditions? Devant un adversaire qui se rebute, la première action consiste à le décrire tel qu'il est réellement. La seconde action consiste à se connaître soi-même et faire les choix de société qui s'imposent.
Malheureusement, les souverainistes ont un discours vieillot et pépère qui fait les délices de la propagande canadienne et ils effectuent des choix qui affaiblissent leur nation :
- Première erreur : les favoris. Le discours n'a pas évolué avec le temps et il ne décrit pas ces collaborateurs francophones du nationalisme canadien tels qu’ils sont. De ce fait, il y a méprise dans la population et ces favoris, qui bénéficient des faveurs des nationalistes canadiens, ont beau jeu de continuer leur travail d'affaiblissement du Québec.
- Deuxième erreur : les choix de société. Ils sont marqués de plus en plus par un individualisme go-gauche qui fait fi de la défense des valeurs et des repères qui sont essentiels au développement de la nation.
Pour la défense des intérêts supérieurs du Québec, voici une réflexion sur ces deux erreurs :
1- Les favoris
Nous avons depuis longtemps une intrusion dans les champs de compétence du Québec, c'est une invasion! Nous avons un déséquilibre fiscal, c'est une appropriation scandaleuse! Mais nous avons avant tout des francophones qui se font les complices des actions canadiennes et qui ont pour principale tâche de diviser les francophones. Le travail de division des favoris au service du nationalisme canadien, c'est une action fautive et indigne! Il appartient aux souverainistes de ne plus parler des «fédéralistes» et de faire ainsi le jeu des nationalistes canadiens en utilisant les termes de leur propagande. Le fédéralisme n'est plus et à chaque sortie d'un fidèle serviteur du nationalisme des autres, une opposition bruyante et empreinte de vérité doit retentir.
Deux exemples de favoris parmi tant d’autres : Benoît Bouchard, ancien ministre conservateur sous Brian Mulroney et aujourd’hui inactif en politique active, et Jean Charest, un autre ancien d’Ottawa et aujourd’hui premier ministre libéral du Québec.
1.1- Benoît Bouchard
Récemment, sur le site internet de Radio-Canada, nous lisions que ce monsieur se découvre tout à coup une grande tolérance pour les politiciens qui doivent gérer une société «aussi soucieuse de ses droits et insouciante de ses obligations».
Au delà de ce qu'on peut penser de notre société, c’est de lui-même que parle cet homme qui – à l'époque du rejet de l'Accord du Lac Meech jusqu'au référendum de 1995 – n'a cessé d'accumuler les reculs en pensant à sa personne et en évacuant ses obligations envers sa nation. Ce bon favori, aussi soucieux de ses droits qu’insouciant de ses obligations, est l'antithèse de l'autre Bouchard du Lac Saint-Jean, Lucien Bouchard, qui s'est levé debout et a dit: «Ça suffit!».
Au lieu d'agir en rassembleur, d'avoir de la fierté et de parler clairement aux Canadiens, comme l'a fait Lucien Bouchard, il s'est contenté de joindre le clan de ceux qui pensent à leur carrière avant tout. Et si vous croyez qu'il est exagéré de parler ainsi, voici ce que ce monsieur Benoît Bouchard – qu'il faut bien différencier de l'autre Bouchard – pense du Québec au sein du Canada. Dans une entrevue au quotidien Le Soleil, il précise – comme l'esclave qui craint son maître et qui, pour survivre, se tuerait à la tâche pour lui paraître indispensable – que «le Québec ne fait plus peur» et «c'est bien comme cela, cela oblige le Québec à travailler davantage, ce qui va rendre le Québec indispensable». Et il ajoute même que «quand je m'aperçois que je ne suis pas capable de faire changer l'autre parce qu'il ne comprend rien ou parce qu'il est complètement insensible, j'essaie de m'organiser pour devenir indispensable». Quel beau credo politique n'est-ce pas! Celui qui dit qu'un homme malmené ou incompris (et même une nation) doit encore mieux servir son maître pour se donner l'illusion d'être indispensable.
Et il y a encore pire! Parlant de ce qui attend un député à Ottawa, il dit que lui, il s'est contenté de «ramer» point à la ligne: «Au Lac-Saint-Jean, on est libre, quand on dit oui c'est oui, quand on dit non c'est non, on se parle dans les quatre yeux. À Ottawa, ce n'est pas tout à fait cela. Il y a un langage et un vocabulaire particuliers, les définitions ne sont pas les mêmes. Oui, c'est non, souvent! Mais quand tu entres dans ce bateau-là, ou tu rames ou tu t'en vas, j'ai ramé…».
Et voilà, monsieur s'est contenté de jouer au galérien pendant que d'autres se sont dignement battus. Il a agi en bon favori et c'est toute la différence du monde.
1.2- Jean Charest
Il faut des «actions éblouissantes de clarté» et c'est l'usage de termes appropriés qui rend les dénonciations retentissantes. Le cas Jean Charest est pathétique et mérite un langage clair. Depuis que lui et ses libéraux sont au pouvoir, le Québec n'a jamais été aussi mal servi et il faut décrire ces favoris tels qu'ils sont réellement. Dans le quotidien Le Devoir, on peut lire cette affirmation révélatrice de la bouche d'un homme venu d'Ottawa pour diviser le Québec: «Il n'y a pas de plan» pour des revendications constitutionnelles québécoises. Et, de poursuive monsieur Charest, la question sera abordée «un jour» quand «nous arriverons à la conclusion que le fruit est mûr».
Traduction : contrairement à mes prédécesseurs, je ne suis pas là pour faire progresser le Québec mais pour servir l'autre. Alors, pas question d'agir dans le domaine constitutionnel et, si un jour le fruit est mûr, ce ne sera pas le résultat de mes efforts.
La nation canadienne se construit sur la négation de la nation québécoise et il y a des serviteurs francophones assidus qui sont d'une totale ignorance. Pour un Jean Charest, l'harmonie et l'accommodement avec l'autre riment avec l'oubli et le renoncement de notre part. Dans son autobiographie publiée en 1998, il écrit que l'Acte d'Union de 1840, qui visait à assimiler les francophones, n’est qu’une erreur de parcours qui n'a pas marché et «qu’il faudrait peut-être cesser de monter en épingle comme si elle avait vraiment eu des répercussions concrètes».
Difficile de faire plus ignorant mais il y a encore pire. Peu après son arrivée à la tête du PLQ, il a expliqué à des militants libéraux comment le français avait pu survivre au Canada: «Nous avons réussi à préserver cette langue et cette culture parce que nos voisins des autres provinces étaient des alliés, des amis, et non des étrangers». Donc, le rapport Durham, la suppression des écoles françaises au Manitoba, le règlement 17 en Ontario et les autres actions ailleurs contre les droits des francophones, ce sont des actions normales de ces «amis et alliés» qui ont contribué à préserver notre langue et notre culture.
Tout est possible quand on a pour seule tâche de diviser les francophones et servir le nationalisme canadien. Le malheur dans tout ça, c'est que si DIEU a limité l'intelligence des petits favoris, il a oublié d'en limiter aussi la stupidité.
Pour comparer à quel point le premier ministre actuel est d'une pauvreté désolante, il suffit de se remémorer ce discours du premier ministre du Québec, Honoré Mercier, au Parc Sohmer à Montréal le 4 avril 1893 :
«Quand je dis que nous ne devons rien à l'Angleterre, je parle au point de vue politique car je suis convaincu, et je mourrai avec cette conviction, que l'union du Haut et du Bas Canada ainsi que la Confédération nous ont été imposées dans un but hostile à l'élément français et avec l'espérance de le faire disparaître dans un avenir plus ou moins éloigné.
J'ai voulu vous démontrer ce que pouvait être notre patrie.
J'ai fait mon possible pour vous ouvrir de nouveaux horizons et, en vous les faisant entrevoir, pousser vos coeurs vers la réalisation de nos destinées nationales.
Vous avez la dépendance coloniale, je vous offre l'indépendance; vous avez la gêne et la misère, je vous offre la fortune et la prospérité; vous n'êtes qu'une colonie ignorée du monde entier, je vous offre de devenir un grand peuple, respecté et reconnu parmi les nations libres.»

1.3- Conclusion sur les favoris
Plusieurs autres exemples de favoris pourraient être relevés. Pensons seulement à Jean Chrétien dont toute la carrière politique s’est construite sur la servitude envers le nationalisme canadien et la division des Québécois. Encore en 2003, il échappait cette phrase révélatrice sur cette division qu’il a nourrie dans le but, comme le dit si bien Benoît Bouchard, de se rendre indispensable : «Le Bloc, c’est bon pour les libéraux. Ça aide au financement du parti et ça aide les libéraux à se faire élire». Traduction : pour les favoris, la présence du Bloc permet de démontrer avec plus d’évidence leur utilité. Donc chers canadiens, aidez financièrement vos serviteurs et votez pour eux. C’est grâce à vos faveurs que nous, francophones de service, pouvons encore et toujours travailler à la division du Québec.
Un jour, lorsque le Québec sera souverain, comment sera perçu le drame des favoris? Je crois qu’il sera perçu comme le drame des ambitions aveugles, de la collaboration inconsciente et de l’ignorance. Le drame aussi d’une époque où la division et les chicanes orchestrées par ces favoris auront empêché un peuple d’avancer à cadence normale sur les voies de l’avenir.
2- Les choix de société
Nous ne pouvons pas attendre de ceux qui nous affaiblissent et nous divisent des décisions qui nous font progresser et nous unissent. Les favoris sont de cet ordre et il y a peu à en tirer. Mais on devrait trouver chez les souverainistes de la fierté, une vision nationale et des choix en conséquence. Où sont-ils passés? Où est ce désir de vaincre et de s'en donner les moyens? Où sont les choix pour une nation jeune et dynamique qui garde ses repères et se préoccupe des valeurs familiales et de sa jeunesse?
Durant la dernière campagne électorale au gouvernement central, le chef du Bloc québécois s’est permis d’affirmer que les «valeurs canadiennes ne doivent pas prendre le dessus sur les valeurs québécoises». Quelles sont donc ces valeurs que nous puissions les remettre en cause? Avec un taux de natalité anémique et des taux de divorce, d’avortement et de suicide parmi les plus élevés au monde, il n’y a pas de quoi être fiers. Nous avons au Québec des programmes sociaux mur à mur dispendieux, une énorme dette accumulée, des familles à qui on soutire des impôts élevés et un peuple vieillissant qui sombre dans l’individualisme et une culture de l’irresponsabilité. Avant de nous dire que «le Québec est à l’avant-garde» sur plusieurs sujets, le chef du Bloc devrait se questionner sur la pertinence de ses choix et sur l’absurdité de cantonner l’idéal de souveraineté dans un projet social go-gauche qui brise les repères et les valeurs et qui est loin d’une redistribution équitable de la richesse.
C’est en opposant les valeurs québécoises aux canadiennes que le Bloc québécois a subi un sérieux avertissement à la dernière élection. Hélas, aveugle comme une taupe, il n’a pas appris la leçon et, encore à l’automne 2006, il se considère simplement un rempart contre ce qu’il qualifie de décisions contraires aux «valeurs québécoises». Plutôt que d’ouvrir un bureau dans la capitale nationale québécoise pour y comprendre la baisse de ses appuis, c’est à une sévère introspection qu’il devrait se prêter. De fait, c’est un secret pour personne que cette région est abandonnée par le gouvernement central qui veut l’affaiblir et la marginaliser. Alors, ce que la capitale a exprimé par son vote, c’est le rejet de pseudo valeurs qui s’ancrent dans un discours «progressiste» sans assises solides et qui cherchent à transformer la question nationale en un affrontement entre un Québec «de gauche» et un Canada «de droite». C’est aussi un appel à recentrer le discours et être à l’écoute du pays réel qui n’est pas aussi appauvri et déficient que certaines parties de la métropole.
Analysons deux sujets où les errances du Bloc sont profondes : la définition du mariage et la protection des femmes et la famille :
2.1- La définition du mariage
Sur la question d’une ouverture au mariage gai, le Bloc québécois fait preuve d’un manque navrant de sagesse et de vision. Il y a trop longtemps que le poids de l’immédiat l’emporte sur tout le reste et il faut que cesse cette étourderie qui nous fait tout accepter sans réfléchir. Les notions de couple et de mariage ne peuvent référer qu’à l’union de deux personnes de sexe différent. Vouloir redéfinir ces notions séculaires représente la plus grande aberration issue de nos Chartes de l’individualisme et le frappant symbole d’une perte de contact avec la nature des choses et le sens commun.
De plus, le Bloc n’agit pas d’une manière démocratique en imposant sur le sujet le respect de la ligne de parti et en refusant à ses députés de voter pour la réouverture du débat, telle que promis par le gouvernement Harper, à l’automne 2006.
Ce manque de sagesse et de vision et cet affront à la démocratie seront des taches indélébiles dans son dossier et lui coûteront cher dans l’avenir. D’ailleurs, nous avons vu qu’il a commencé à en payer le prix à la dernière élection et, dans la capitale nationale, l’ex-député de Charlesbourg, Richard Marceau, qui pilotait au sein du Bloc ce dossier, a mordu la poussière. En quelques mois, il est passé d’une majorité de 12 000 voix à un déficit de 1 400 voix ; une différence de plus de 13 000 voix entrecoupée de cet appui empreint d’ignorance au mariage gai. Notons aussi que jamais sa publicité électorale, reçue par le soussigné dans le même comté, ne faisait mention de cet appui. Ne pas prendre les électeurs pour des imbéciles et les écouter lui auraient permis de ne pas errer de la sorte et, peut être, conserver son poste.
Il n’est pourtant pas difficile de comprendre que tout est lié et chaque décision a des répercussions ailleurs. Si on brise les valeurs et les repères, c’est d’une société désemparée qu’on hérite et le mal ne peut que s’accentuer d’une mauvaise décision à l’autre. Un triste exemple nous provient des Etats-Unis lorsqu’on lit que «le Vermont, un des États les plus progressistes et le premier à avoir autorisé les unions civiles entre conjoints de même sexe, a un taux de natalité les plus faibles». Et les autres États, ces moins «progressistes» qui conservent des valeurs et des repères, ont un taux de natalité beaucoup plus élevé. Quelles sont donc les sociétés qui avancent? Les «progressistes» où le temps semble s’arrêter ou les autres, moins nombrilistes, qui injectent davantage de gènes dans l’avenir et qui… progressent.
2.2- La protection des femmes et de la famille
Ceci nous amène à l’autre sujet où les errances du Bloc sont profondes : la protection des femmes et de la famille. Il est temps de reconnaître le lien entre les deux et être à l’écoute des désirs exprimés par plusieurs femmes. Elles demandent des actions concrètes et des choix de société en faveur des familles et de la natalité.
Un Québec annonce-t-il un bel avenir lorsqu’on décrit le Québécois moyen comme étant une femme âgée de 39,6 ans, avec un seul enfant (1,49 enfant par femme) conçu à l’âge de 29,5 ans et dont 59,2% seulement vivent en couple (2,6 personnes en moyenne par foyer). Avec les nationalistes canadiens et leurs favoris, c’est l’individualisme et la déresponsabilisation qui sont les ennemis du Québec. Pour un petit peuple comme le nôtre, la dénatalité qui s’ensuit est une tragédie…et le grand défi des années à venir.
Comme le dit le démographe Jacques Henripin, «ce n’est pas normal qu’une espèce vivante ne se renouvelle pas» et lorsque la dernière génération à avoir engendré assez d’enfants pour assurer son renouvellement est celle née en 1942 – qui fondent des familles à partir des années 60 – et qu’il y a plus de 35 ans que le taux de fécondité au Québec a chuté sous la barre de 2,1 enfants par femme, on comprend où il faut attaquer. Et dans ce combat, nous n’avons pas besoin d’une approche go-gauche irréfléchie qui ne propose rien, comme le démontre à sa manière le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Henri Massé : «Nous, on ne croit pas au Bonhomme Sept-Heures. Si on prend les bonnes décisions, on peut régler le problème et revirer ça boutte pour boutte». Il faut prendre le temps de réfléchir et ne pas sortir des insipidités. La roue du temps tourne pendant ces interminables errances et, par d’étranges caprices aveuglants, complètement hors de la logique et de la raison.
Quant aux aveugles qui suggèrent le remplacement des partants – ces insouciants qui ne se reproduisent pas – par une augmentation des arrivants, l’expérience démontre que ce n’est pas la solution. Comme l’affirme le démographe Marc Termotte, de l’INRS-Urbanisation, une augmentation de l’immigration «poserait des problèmes en matière d’emplois, de logement et surtout d’intégration linguistique, sociale et culturelle». D’ailleurs, partout en Occident, les pays remettent en cause cette idée qu’on peut remplacer la vie interne par la vie externe. Les capacités d’intégration ont de sérieuses limites et, dans certains cas, elles sont affaiblies par des politiques multiculturelles qui, sous couvert du respect des différences, divisent et fragilisent l’ensemble.
Alors que faire si ce n’est s’ouvrir enfin à ces femmes qui demandent des choix de société en faveur des familles et de la natalité. En septembre 2006, le chef bloquiste a écrit au premier ministre Harper pour exiger le maintien du financement des groupes de défense des droits des femmes. Fort bien, mais où sont les efforts pour défendre «l’égalité entre toutes les femmes». Dans le quotidien Le Soleil , on apprend que le gouvernement central refuse de subventionner l’organisme de défense des droits des femmes, Real Women of Canada, «sous prétexte qu’il ne prône pas l’égalité». Cet organisme a été fondé en 1983 quand la ministre de la Condition féminine de l’époque, Judy Erola, a osé dire que les femmes au foyer n’apportaient aucune contribution au pays. Il faut le faire! L’aveuglement n’a pas de limites et il est temps qu’un tel groupe (et tous les autres semblables), qui milite pour l’égalité d’un grand nombre de femmes, reçoive l’attention et les subventions auxquelles il a droit. Comme l’affirme une de ses membres, Diane Watts, le droit des femmes au travail n’est pas l’unique condition pour l’égalité et l’émancipation et, «s’il n’y avait pas une fausse éducation des valeurs, on n’aurait pas besoin de défendre la famille comme on le fait».
On apprend aussi dans cet article qu’un sondage, réalisé en 2002, par Focus on the Family Canada, révèle que 82% des Canadiens souhaiteraient que le gouvernement introduise des mesures fiscales pour permettre aux parents qui le souhaitent d’élever leurs enfants à la maison, et, 76% feraient le choix d’avoir un parent à la maison en permanence s’ils en avaient les moyens. Ces valeurs ne sont pas des «canadiennes» qu’on peut prendre la liberté d’opposer aux «québécoises». Les souverainistes doivent comprendre que ces valeurs sont aussi les nôtres.
Pour preuve, un sondage réalisé dans la région de Québec, chez les 25-35 ans, qui démontre que leur priorité numéro un est la famille. Le Soleil précise que 91% d’entre eux désirent avoir des enfants et «quand on leur demande si, pour un jeune enfant, il est préférable que sa mère ait un emploi bien rémunéré à l’extérieur du foyer ou qu’elle reste à la maison, les 25-35 ans de Québec choisissent la maman à la maison, à 60%. Les femmes sont d’ailleurs plus nombreuses à privilégier cette option que les hommes (+13%)». Dans le même article, Madeleine Gauthier, directrice de l’Observatoire Jeunes et société de l’Institut national de recherche scientifique (INRS), précise que «différentes études permettent d’observer le même phénomène, non seulement au Québec, mais aussi sur le continent européen».
À ce sujet, on peut lire dans le site internet du Courrier international que «leurs grand-mères se sont battues pour le droit de vote, leurs mères pour la reconnaissance de leurs droits ; aujourd’hui les jeunes filles rêvent de rester à la maison pour élever leurs enfants». De plus, sur le fait que «plus de neuf jeunes anglaises sur dix considèrent que c’est le rôle du mari de les entretenir et 97% d’entre elles ne sont pas d’accord avec le fait que peu importe qui gagne le plus dans le couple, pourvu que l’on soit heureux», l’écrivaine et spécialiste du courrier des lectrices, Claire Rayner, explique que «le monde du travail ne séduit plus du tout les jeunes et ne les fait plus rêver» et «les résultats de ce sondage ne sont pas en contradiction avec les principes du féminisme, bien au contraire. Le féminisme ne s’est jamais opposé au mariage et aux enfants, il s’est battu pour l’égalité des chances et pour que les femmes puissent faire ce qu’elles voulaient, quand elles le voulaient. C’est exactement ce que ces filles demandent : avoir le choix. Et leur choix, c’est de rentrer è la maison».
Aux souverainistes d’être à l’écoute et défendre des politiques qui répondent au bien commun et qui laissent la liberté de choix aux femmes. Offrir une aide directe aux jeunes familles est en accord avec ces principes et permet à la mère de ne pas se sentir pénalisée en choisissant de rester à la maison. N’est-ce pas la meilleure approche pour une véritable «égalité entre toutes les femmes». Mais refuser une telle aide et soutenir plutôt un autre programme mur à mur dispendieux, comme un réseau de garderie public, c’est rester sourd à des demandes légitimes et, encore une fois, en socialiser les coûts ; ce qui empêche de se concentrer sur les personnes réellement dans le besoin et permet aux riches d’en bénéficier outre mesure.
On voit que tout n’est pas une question de «gauche» contre «droite». Ceci dit, si nous devons avoir un goût pour la conciliation et les voies moyennes, il y a des choses qui demeurent inacceptables. Le Bloc québécois joue au funambule avec les valeurs, dévalorisent celles qui ont fait notre nation et prétend que ce qu’il prône est le berceau de notre avenir. Mais l’histoire des dernières décennies lui donne tort!
3- Conclusion
Ce n’est pas en se faisant le chantre du vide et en dévalorisant les modes de pensée et les normes reconnues qu’on rend service à sa nation. Dès maintenant, le Bloc québécois doit inscrire sa réflexion dans la démarche amorcée par une frange importante de la gauche occidentale qui se rend compte qu’elle ne saurait se cantonner dans l’angélisme et la défense de sous-groupes (ex : homosexuels, immigrants, assistés sociaux, féministes, etc.). Comme le précise l’intellectuel de gauche, Michael Tomasky, les revendications de ces groupes ne peuvent s’additionner et doivent être évaluées à l’aulne du bien commun.
L’heure est venue d’établir un parallélisme entre les occasions perdues dans les dernières décennies et celles qui ne doivent pas l’être dans les suivantes. Nous avons trop laissé faire les favoris dans leur travail de division et, par des choix de société erronés, nous compromettons l’avenir de la nation.
Il faut désormais rejeter une approche usée et déficitaire. S’il n’y a pas une sérieuse reprise en main, les générations à venir vont verser des larmes de sang et maudire la mémoire de ceux qui les ont affaiblies et progressivement abandonnées. Il faut que ça change, le temps est venu!
Me Martin Dion

Avocat, Québec


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