Quand Vincent Marissal critiquait durement les politiciens qui avaient une «free ride» à TLMEP...

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Les difficultés du nouveau poulain de QS

Quelques réflexions sur le passage de l’aspirant politicien Vincent Marissal à l’émission Tout le monde en parle (TLMEP).


Un passage attendu dans la sphère politique, ce petit écosystème qui frétille souvent, sur Twitter notamment, quand un politicien est de passage à cette émission. Ça « trend » c’est pas long!


Vincent Marissal a enregistré l’émission jeudi soir dernier, avant que ne soit connue et immensément partagée son entrevue avec l’animateur Mike Finnerty de la radio anglophone de la CBC à Montréal.


Je trouve intéressant de revenir sur une conférence qu’a donnée Vincent Marissal au Cégep de Trois-Rivières en novembre 2014. Le thème tournait autour du journalisme, information ou divertissement. Et sur la pipolisation de la politique aussi.


Au cours de cette conférence, où le journaliste se livre sans filtres – oui, Marissal est toujours à l’emploi de Gesca au moment où il livre cette conférence – on entendra le chroniqueur de La Presse être très dur envers certains politiciens.


Surtout Jean-François Lisée et Pierre Karl Péladeau. Manifestement, Vincent Marissal ne les tient pas ces deux politiciens en haute estime. C’est le moins qu’on puisse dire.


Là où c’est franchement intéressant, c’est quand Marissal aborde le passage de Jean-François Lisée à l’émission TLMEP du 16 novembre 2014. Lisée y annoncera ce que tout le monde sait déjà, il se lance dans la course à la chefferie du PQ. Voici des passages tirés de la conférence de Vincent Marissal à Trois-Rivières (à partir de 22 :30). Ça fait réfléchir :


« Mon dernier exemple de pipolisation en politique, c’est Jean-François Lisée, dimanche [le 16 novembre 2014], à Tout le monde en parle. Ça c’est assez impressionnant. [...] J’ai vu beaucoup de politiciens flagorner à TLMEP, la formule permet ça, y’a pas toujours des gens autour de la table pour poser des questions un peu plus dures... Mais je ne me souviens pas d’avoir vu un politicien lancer une campagne à TLMEP. Là on est dans autre chose là, on n’est pas juste dans la flagornerie. [...]


Jean-François Lisée, qui est ratoureux, qui est brillant, qui est un stratège, a utilisé la formule de TLMEP, et qui l’a utilisée pas à peu près, pour annoncer sa candidature au PQ. [...] Moi ce qui me déplait là-dedans c’est pas que TLMEP reçoive des politiciens ou qui ils veulent, [...] j’ai un problème avec le fait qu’on donne un tremplin de 1,5 millions de personnes à un politicien qui a visiblement quelque chose à vendre. Dans ce cas-ci, lui-même. Et qu’on n’ait pas autour de la table quelqu’un capable de lui rétorquer ou de poser des questions quand il dit des niaiseries.


Alors ça devient ce que l’on appelle dans mon milieu une free ride. Et on lui a donné une free ride. Les autres comme PKP et Bernard Drainville [aussi candidats à la chefferie du PQ à ce moment] devraient aussi exiger une free ride par mesure d’équité puisque l’on a donné, encore une fois, une magnifique tribune à Jean-François Lisée. Que je connais depuis longtemps, et ce pourquoi je vois bien l’entreprise de séduction et de pipolisation. Parce que Jean-François Lisée n’est pas comme ça. Ce n’est pas un gars comme ça. Il peut être drôle en privé parfois, mais c’est pas le genre de gars qui fait la performance de divertissement qu’il nous a donnée dimanche soir.


Jean-François Lisée, qui est d’abord et avant tout un stratège, avant d’être un politicien, a très bien compris que son plus gros problème, c’est qu’il ne passe pas dans la population. Je vais faire ça court, les gens le trouvent chiant. La preuve que les gens ne se trompent pas tout le temps. [...] je trouve qu’il y a là une dérive quand on donne une tribune extraordinaire comme TLMEP quand on sait qu’il va s’en servir... »


Ça fait sourire quand on réécoute ensuite l’entrevue de Marissal à TLMEP. Dois-je insister sur le fait que l’aspirant politicien a pu sauver les meubles lors de cette entrevue justement parce qu’il n’y avait personne pour le cuisiner un peu. Comme l’a fait Mike Finnerty sur son louvoiement politique. Ce qui a complètement déstabilisé Vincent Marissal.


Et si le candidat de QS dans Rosemont veut accuser les autres de dire des niaiseries, comment alors ne pas lui remettre au nez ses déclarations selon lesquelles il serait « anti-establishment », lui qui a initié par trois fois des discussions pour se faire engager par le Parti libéral de Trudeau. Dont une fois au sein du bureau du PM Trudeau lui-même!


Funfact, le bureau du PM Trudeau, tant convoité par Marissal, qui annonçait pendant la diffusion de l’émission de TLMEP ce dimanche l’intention du PM de tout faire pour imposer l’oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan aux premières nations et au gouvernement de la Colombie-Britannique (les deux sont farouchement opposés)...


Anti-establishment mon œil...


Et comment ne pas aussi pointer vers les commentaires très durs qu’a tenu Vincent Marissal sur Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder. Ni plus ni moins le chroniqueur de Gesca insinue que ces deux « maitres de la convergence » instrumentalisent leur union pour « converger » PKP vers la chefferie du PQ. (À partir de 19 :30) :


« Regardez par exemple la grande opération qu’est en train de mener Pierre Karl Péladeau. Avec Julie Snyder; qui à deux ont une force de frappe médiatique phénoménale. Et tant mieux pour eux. Tant mieux pour Québecor. Je l’ai dit dans le passé, ce n’est pas parce que je travaille pour Gesca que je veux que Québecor fasse faillite. Le Québec se porte mieux avec un Québecor en santé plutôt que moribonde.


Cela dit, faut faire la distinction à un moment donné entre la politique, le service public, donc, et les affaires privées et les profits. Julie Snyder et Pierre Karl Péladeau, qui savent faire de la convergence, ils nous l’ont démontré, sont en train de converger Pierre Karl Péladeau en prochain chef du PQ. Alors on est en train d’orchestrer le mariage, j’ai cru comprendre qu’il y a eu fiançailles ce matin qui ont été confirmées, rien ne sera épargné. Alors évidemment avec toutes les photos, avec tous les vidéos, tous les tweets, Facebook...


Pierre Karl Péladeau risque fort, je ne vous apprendrai rien, d’être le prochain chef du Parti québécois. Donc le prochain chef de l’opposition officielle, et prochain candidat au poste de premier ministre du Québec.


J’ai l’impression, mais j’suis peut-être vieux jeu, que ce genre de position exige une certaine élévation. Et un peu d’éthique. Et là on est en train de faire le contraire. On est en train de se prostituer intellectuellement à donner des entrevues bonbon, à des magazines quétaines pour essayer de se faire élire. Je trouve ça cheap. Je trouve ça cheap...


Mais y’é pas tout seul! Y’a Mario Dumont que je soupçonne de vouloir faire un jour un retour en politique, est partout. Sur tous les tapis rouges... »


Pas de farces, je me suis presque étouffé de rire quand j’ai entendu le passage sur « l’élévation de la fonction de PM » et « l’éthique ». Nous sommes à ce moment-là à quelques mois de la réélection du Parti libéral du Québec, corrompu, en pleine entreprise de politique d’austérité justifiée sur des mensonges. Un parti, un régime que son journal a toujours appuyés.


Son journal qui pourtant n’a pas critiqué le fait qu’un premier ministre en fonction, Jean Charest, couche à Sagard alors que cela défie toute règle d’éthique et de saine gouvernance. Et je suis ici volontairement poli.


Et si on veut causer « convergence », doit-on revenir sur l’appui total et complet de tous les journaux de l’ancien majordome de ses patrons [de l’époque où il livre cette conférence] au PLQ en 2014?


Et Marissal a le culot d’accuser PKP de se « prostituer intellectuellement »? Sérieux? Marissal, dont le louvoiement politique actuel a tout du tapin pas propre-propre!


N’en doutons pas, à ce moment-là, des questions pertinentes se posaient sur la situation de Pierre Karl Péladeau en politique, sur son rôle au sein des médias. À titre de chef de l’opposition plus tard notamment. Le commissaire à l’éthique a été appelé à se prononcer.


À ce titre, que Marissal évoque les mêmes questions, voilà qui est tout à fait pertinent. Et Si Pierre Karl Péladeau devait revenir en politique active, soyez assuré que les mêmes questions reviendraient de la part des mêmes acteurs.


Au passage, on notera que certains journalistes et chroniqueurs qui déchiraient chaque chemise qu’ils avaient quant à la présence de PKP en politique ont été plus discrets sur les fréquentations de Jean Charest à l’époque et du grand patron de la Caisse de dépôt plus récemment. Il y aurait pourtant beaucoup à fouiller ici. Sur le REM particulièrement.


Ça pue cette histoire...


En terminant, Vincent Marissal a lancé pas mal de boue avant de se lancer en politique... Il peut s'attendre à en recevoir aussi.