Quand un pays n’a pas de «culture officielle»

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Le triomphe du Canada multiculturel des Trudeau père et fils, l'effondrement de la société distincte québécoise





La politique fédérale du multiculturalisme stipule que le Canada a deux langues officielles, mais pas de « culture officielle ».


C’est ce qui explique que Justin Trudeau ne lève pas le petit doigt face aux géants étrangers du web qui envahissent notre espace et font une concurrence déloyale à nos industries culturelles, en toute impunité.


Netflix et diversité culturelle


L’impact est dévastateur quand les Netflix de ce monde déversent sur nous leurs produits culturels étrangers sans contribuer à l’effort collectif de réinvestissement local. Ce sont nos produits culturels à contenu proprement québécois et canadien qu’on marginalise, ce sont nos créateurs qu’on pénalise, ce sont nos investisseurs québécois et canadiens qu’on défavorise.


Quel gouvernement digne de ce nom accepterait de brader sa culture de la sorte sans rien demander en retour ? La culture est avant tout l’âme d’un peuple. Ce n’est pas seulement un produit qu’on échange sur le marché pour une simple satisfaction immédiate.


La culture c’est l’histoire d’un peuple, une expression qui raconte sa trajectoire, sa façon de vivre, de penser, de créer, et de se situer dans le monde. Elle témoigne de son emprunte artistique et de tout ce qui le distingue. D’où l’importance de la diversité culturelle, un enjeu que le Québec a défendu avec brio au sein de l’UNESCO.


Cette diversité culturelle qui fait la richesse de notre industrie du cinéma, de la musique, du livre, de nos musées, théâtres, bibliothèques, de nos salles de spectacles et d’exposition et qui se reflète sur nos écrans de télévision doit aussi se refléter dans l’offre de produits distribués par les plateformes numériques étrangères, comme Netflix, Spotify, iTunes et Amazon.


Quand on a à cœur la défense et le rayonnement de sa propre culture, on ne peut pas la sous-traiter à des multinationales du web qui s’érigent en quasi-monopoles et imposent leur hégémonie sur un pays qui ne cesse de faire l’éloge de sa diversité culturelle. Autrement, on ne parle plus de culture, mais d’acculturation.


L’échec n’est pas une option !


C’est rare, par les temps qui courent, que le Québec parle d’une même voix. C’est encore plus rare de voir des souverainistes comme Pierre Karl Péladeau, et des fédéralistes comme les représentants de la communauté d’affaires envoyer le même signal d’inquiétude à Ottawa et réclamer une équité fiscale entre les diffuseurs locaux et étrangers.


On parle ici d’une industrie de la culture et des communications qui représente 3,3 % du PIB national et 4,4 % de celui du Québec, avec des retombées économiques de 61 milliards de dollars à l’échelle du Canada et 14,5 milliards au Québec.


Pas étonnant qu’une large coalition culturelle se soit mobilisée et ait publié un Manifeste pour la pérennité et le rayonnement de la culture et des médias nationaux à l’ère du numérique.


Pour une fois, le gouvernement du Québec a été proactif face au fédéral. Un bon sursaut du ministre de la Culture et des Communications, Luc Fortin, fort du consensus de l’Assemblée nationale.


Il envisage même de taxer Netflix pour ce qui est de la perception de la TVQ. Ce n’est pas la première fois que le Québec ait adopté des législations qui ont montré la voie au reste du Canada. Si on a réussi à discipliner Uber et Airbnb, qu’est-ce qui empêche qu’on soumette les géants du web aux mêmes règles fiscales que nos diffuseurs locaux ?


Reste que l’enjeu est national et, dans ce dossier, l’échec n’est pas une option !