Quand ça va mal...

Cette étiquette ("corrompu"), la population semble l'avoir tatouée sur le front du gouvernement Charest et sur celui du PLQ.

Enquête publique - un PM complice?

Au-delà des "spins" des uns et des autres, commençons par quelques faits tels que l'Histoire nous les rappelle.
Oui, oui. Notre histoire nationale. Celle-là même qu'on enseigne de moins en moins à mesure qu'on la dilue de plus en plus dans un magma aussi postmoderne et mondialisant que parfaitement incolore.
Donc, les faits.
Fait #1: Les résultats d'une élection partielle sont comme les feuilles de thé. Leur lecture est divertissante sur le coup, mais ils sont rarement un indicateur fiable de ce qui se passera à la prochaine élection générale.
Énième illustration: la victoire à l'arraché du PQ dans Kamouraska-Témiscouata. Pour tout dire, même si les libéraux l'avaient emporté par un poil, parions que cela n'aurait rien changé à l'impopularité marquée et constante de Jean Charest et du PLQ.
Car cette tendance est lourde. Très lourde. Au point où dans le dernier sondage CROP-La Presse, le gouvernement fracassait son propre record avec un taux d'insatisfaction sans précédent de 84 %!
Traduction: même des libéraux purs et durs lui tournent le dos. Ouch...
Bref, comme disent les vieux routiers de la politique: "Quand ça va mal, ça va mal..."
Quant à la victoire du PQ par 196 voix de majorité, elle est en effet très serrée. Toutefois, parions aussi que le taux de participation particulièrement élevé pour une partielle, soit près de 58 %, doit encore donner des sueurs froides à M. Charest.
D'autre part, il est probable que même une défaite du PQ n'aurait pas vraiment remis en question le leadership de Pauline Marois. Dans ce département, mieux vaut regarder du côté de François Legault.
Or, pour qu'il puisse gruger des appuis au PQ, il faudra d'abord que son "mouvement" existe et qu'il devienne un parti d'ici l'élection. Grosse commande. Mais si le tout ne demeure qu'une vue de l'esprit pour ex-péquistes défroqués, Mme Marois pourra dormir sur ses deux oreilles.
Par contre, il lui restera encore à faire la démonstration que le PQ serait pleinement à la hauteur s'il gagnait la prochaine élection. Non seulement quant au nettoyage à faire, mais aussi de l'option dont il se réclame.
Une étiquette létale
Fait #2: Jamais dans l'histoire moderne de ce pays, un gouvernement fédéral ou provincial perçu par la majorité de son électorat comme étant "corrompu" n'a réussi à se faire réélire. Avec ou sans nouveau chef.
On aura beau discourir ad nauseam sur le cynisme présumé de la population, l'étiquette de "corrompu" demeure ici aussi létale en politique qu'un scorpion sous les draps!
Cette étiquette, la population semble l'avoir tatouée sur le front du gouvernement Charest et sur celui du PLQ.
N'en doutez donc point. Les deux thèmes dominants de la prochaine campagne électorale seront l'intégrité et la confiance. Et ce, malgré les tentatives répétées du gouvernement de ne parler que d'économie et de la "menace" d'un autre référendum.
Surtout que la réalité est incontournable. Impossible dans les faits de dissocier l'économie du coût élevé pour le Trésor public de pratiques de corruption et de collusion dans certains des plus gros contrats que donnent les municipalités et le gouvernement québécois depuis des années.
En d'autres termes, la situation devient extrêmement risquée pour le Parti libéral. Pour lui, le pire des scénarios est qu'à la prochaine élection, même sans M. Charest, il perde dans la plupart des comtés majoritairement francophones.
Chercher désespérément des faux-fuyants
Le gouvernement s'entête néanmoins à chercher tous les moyens possibles pour ne pas tenir une commission d'enquête sur le financement des partis et le processus d'octroi des contrats et permis publics. Et pas seulement dans la construction...
La dernière rumeur porte sur une possible unité permanente contre la corruption. Comme à New York, qu'on nous dit.
Ça fait chic dans les salons, mais ça sent encore le faux-fuyant.
Le problème étant que la brochette d'allégations de corruption et de patronage est loin d'être limitée au domaine de la construction puisqu'elle comprend même, et certains diraient surtout, le financement des partis.
Et cela, l'électorat le sait maintenant.
Plus pathétique encore est d'entendre à répétition un premier ministre qualifier d'"attaques personnelles" toute critique le moindrement musclée venant des partis d'opposition.
Ce qui se passe au Québec n'a pourtant rien de "personnel". D'autant plus qu'à chaque période de questions, les oreilles fragiles du gouvernement profitent du lexique de mots permis sûrement le plus aseptisé de tous les parlements occidentaux!
Donc, non, il n'y a rien de "personnel". Le problème est strictement d'ordre politique.
Et cela, la vaste majorité des Québécois le sait également fort bien.
C'est pourquoi ils sont de plus en plus agacés de voir leur gouvernement placer tous ses oeufs dans le panier de la police et de ses enquêtes aussi discrètes que longues. Très longues.
Fait #3: C'est d'un premier ministre responsable et imputable dont les citoyens ont besoin.
Pas d'un shérif...
Voir le pouvoir politique céder autant le pas au pouvoir policier n'a rien de très rassurant.


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