Qu'attend le Dalaï-lama de la Chine?

Tribune libre

L’actualité internationale ne manque pas de couvrir,
particulièrement en Occident, les déplacements et les rencontres que réalise le Dalaï-lama avec les chefs d’État. Chaque fois, sa figure se présente en contraste avec cette Chine qui refuse son retour à sa terre natale, le Tibet. Ses revendications reçoivent l’appui du Président Obama, du Premier ministre Harper et de tous les autres qui forment le bloc des pays occidentaux. Quelles sont donc ces revendications que la Chine ne veut accepter et que nos chefs d’État appuient?
En novembre 2008, le Dalaï-lama a fait connaître un Mémorandum dans lequel il établit les principaux points devant servir de base à toute négociation. Dans un article tout récent, Jean-Paul Desimpelaere, nous en fait un résumé.
1. Les frontières provinciales chinoises doivent être modifiées de sorte que puisse se constituer un Grand Tibet correspondant au royaume tibétain du 8e siècle.
2. Pour protéger la culture tibétaine, on doit instaurer dans la région du Tibet un arrêt de l’immigration des autres groupes de population chinois. Les non-Tibétains, qui y habitent depuis des générations, constituent une menace pour la culture autonome.
3. Le Grand Tibet doit avoir sa propre législation, sans ingérence du gouvernement central chinois.
4. Le caractère unique de la culture et de l’identité tibétaine ne peut prospérer que sous une administration tibétaine.
5. L’enseignement de l’État dans le Grand Tibet sera remplacé par un enseignement religieux bouddhiste.
6. La première langue dans le Grand Tibet doit être le tibétain.
7. La propriété de la terre appartient à la nationalité tibétaine, qui doit pouvoir en disposer librement (la louer, la vendre).
8. La Grand Tibet doit devenir autosuffisant le plus rapidement possible ; les subsides de l’État central chinois doivent cesser afin de pouvoir garantir une réelle autonomie.
9. Le Tibet est devenu une catastrophe écologique. Les pâturages et les bois disparaissent. Jadis, les Tibétains ont toujours vécu en harmonie avec la nature. Il faut qu’il en soit ainsi à nouveau.
10. Toutes les forces de l’ordre doivent être constituées de Tibétains ethniques. (Il n’est pas spécifié s’il s’agit de la police ET de l’armée mais, dans d’autres textes, il est stipulé que l’armée nationale chinoise doit disparaître du Grand Tibet.)
11. Le gouvernement régional du Tibet doit pouvoir participer en toute indépendance à toutes les organisations internationales, sans pour cela avoir un siège aux Nations unies.
Je ne sais pas si M. Harper appuierait de la même manière les Québécois de source qui réclameraient ces mêmes revendications. Qu’on se souvienne, en 1967, les cris de panique d’Ottawa au « Vive le Québec libre » du Général de Gaule. Cet exemple et bien d’autres nous enseignent qu’il ne faut pas lire la diplomatie avec la logique de la pensée et encore moins de la morale, mais avec celle des intérêts.
Pour la suite de l’article qui traite également de la réponse de la Chine, je vous invite à aller directement au lien suivant. Je profite de l’occasion, pour ceux et celles que l’information alternative intéresse, je recommande, entre autres, le site de Michel Collon.
Oscar Fortin
Québec, le 19 février 2010
http://humanisme.blogspot.com
http://www.michelcollon.info/index.php?access=MICHEL_COLLON&option=com_content&Itemid=11

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2010

    L'annexion du Tibet par la Chine dans les années 1949/1950 a donné lieu aux pires tueries. Toutefois, elle n'a pas eu que des effets négatifs. Avant l'arrivée des Chinois, le Tibet était une société quasi-féodale, sans écoles officielles ni hôpitaux véritables. C’était les monastères qui dispensaient un enseignement essentiellement religieux. Les militaires chinois se sont installés dans les villes et les Tibétains ont fuit vers les vallées et les montagnes. Des infrastructures urbaines ont été mises en place par les nouveaux arrivants chinois pour améliorer les conditions de vie et favoriser le développement.
    Aujourd’hui il y a trois problèmes. La population chinoise est devenue plus nombreuse que les Tibétains d’origine. L’économie tibétaine est subventionnée à plus de 90% par la Chine centrale.
    Les Chinois n’aiment pas le pouvoir religieux des monastères tibétains qui sont des centres de résistance en faveur de l’indépendance du Tibet. Le Dalaï-lama, leur chef spirituel en exil aux Indes, se dit prêt à négocier une autonomie pour son pays, une espèce de souveraineté-association avec la Chine en matière d'affaires extérieures et militaires. Cependant cette proposition ne fait pas l'unanimité au sein des élites tibétaines ni au sein des élites chinoises. La Chine ne veut pas abandonner les Chinois vivant sur le territoire tibétain et ne veut pas négocier quoi que ce soit avec un chef religieux. Pendant ce temps, elle continue sa colonisation... et les enfants tibétains au Tibet parlent de plus en plus la langue chinoise... !

  • Serge Charbonneau Répondre

    19 février 2010

    Le Dalaï-Lama, une sorte de saint en vie, est très ami avec les États-Unis, M. Harper et plusieurs grands défenseurs de l'impérialisme néolibéral "libre-échangiste".
    Il serait peut-être plus juste si je disais: Les ÉU, Harper et plusieurs autres libre-échangistes néolibéraux sont très amis avec le Dalaï-Lama.
    Le Dalaï-Lama, personnage spirituel s'il en est un, n'a sûrement pas des intentions de prédateur économique et ne rêve sûrement pas d'un pouvoir géopolitique.
    Par contre, avec de bons liens d'amitié avec ce saint homme, on pourrait facilement un peu le manipuler en appuyant sa cause.
    Imaginez que la Chine cède le Tibet.
    Le Tibet devient indépendant et est évidemment reconnaissant envers le bon gouvernement américain, il serait normal que le Tibet permette l'installation d'une base US sur son territoire pour lutter contre le trafic de la drogue ou contre le terrorisme mondial. Il serait aussi normal que les ÉU, ces justiciers sans taches de la planète disent qu'il serait bon pour maintenir la Paix mondiale, d'y installer un bouclier à missiles, ne serait-ce qu'un radar pour détecter toute menace dans la région.
    Le Tibet serait une magnifique base US pour défendre la Chine qui en a sûrement un grand besoin, tout comme les Russes qui hésitent à accepter cette généreuse «aide» de défense des ÉU, euh! je veux dire, de l'OTAN.
    En tout cas, ça fait une belle photo le prix Nobel de la Paix qui écoute le Dalaï-Lama avec le regard d'un élève du primaire écoutant son maître scolaire.
    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/02/18/001-dalai_lama_obama.shtml
    Serge Charbonneau
    Québec