« Profilage racial » : Les démagogues jouent un jeu dangereux …

Tribune libre

Dans son édition du 13 janvier 2010, Le Devoir nous livrait un texte d’opinion vertueux qui ne semble pas avoir été l’objet de l’attention qu’il mériterait : « Enquêtes sur le SPVM - Montréal joue à un jeu dangereux ».
http://www.ledevoir.com/societe/justice/280937/enquetes-sur-le-spvm-montreal-joue-a-un-jeu-dangereux

En effet, on y accuse la Ville de Montréal de ne pas se livrer en otage aux avocasseries qui lorgnent vers les finances publiques en criant « haro sur le profilage racial » !

En racialisant le contrôle social, les démagogues professionnels jouent un jeu dangereux, et contribuent eux-mêmes à la propagation des représentations racialisantes, dont ils se plaisent par ailleurs à accuser autrui.

L’industrie de l’« antiprofilage » prospère à même le parasitage des ressources publiques, et contribue à alimenter une confusion à la fois sémantique et sociale relativement à des questions qu’il convient de traiter dans une perspective de démocratie, plutôt que dans celle d’une raciologie bonasse qui ne veut pas s’avouer comme telle.

L’« étude sur le profilage racial » à laquelle se réfèrent les récidivistes de la lamentation, auteurs de ce texte d’opinion (« Enquêtes sur le SPVM - Montréal joue à un jeu dangereux »), est d’une navrante incohérence et s’autodisqualifie dans une étonnante méthodologie qui fait abstraction des faits, pour ne considérer que le contrôle social dont les conduites déviantes peuvent être l’objet. Voir le document :
http://www.cremis.ca/docs/Jeunes_et_la_police_2009_03_31.pdf

L’étalage d’une quincaillerie de diplômes, qui n’est pas une garantie de sagesse ni de vérité scientifique, ne doit pas permettre d’abuser de la conscience du citoyen, et c’est ce que fait malheureusement ce texte qui nous ressort la rengaine criarde de la culpabilité collective.

La notion confuse de « profilage racial »

La notion de « profilage racial » n’a aucune base scientifique, et il suffit de constater à la fois la diversité et la confusion de ses interprétations, pour se convaincre que le discours qui se développe à ce sujet n’a aucune crédibilité.

Pire, ce discours vient alimenter le racisme en affirmant la catégorisation des citoyens en « races », ce qui revient à l’effet contraire de celui qui est supposé être recherché.

Par ailleurs, on ne peut écarter le fait que certains manipulent cette notion en s’auto-racialisant, pour tenter d’échapper au contrôle social, en prétendant qu’il serait motivé par le racisme.

D’autres, avec la complicité d’avocats à l’éthique défaillante, utilisent cette notion confuse de « profilage racial » pour obtenir de la société des prestations financières, en s’employant à induire une culpabilisation collective de nature à légitimer ce racket « légal ».

Ce discours raciste-revendicateur se mêle de plus avec un autre qui prétend que la pauvreté et l’exclusion sociale conduiraient d’une manière automatique à la criminalité, et plus particulièrement celle qui victimise d’autres personnes démunies !

Yves Claudé - sociologue

Montréal, le 11 février 2010

ycsocio[ Joh ]yahoo.ca


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2010

    En mars 2009, le Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS) publia une étude révélant notamment que les jeunes Noirs de Montréal étaient deux fois plus susceptibles que les jeunes Blancs d'être arrêtés par la police. C'est pire qu'aux États-Unis.
    (source : « Jeunes, police et système de justice - La surreprésentation des jeunes Noirs montréalais », Leonel Bernard et Christopher McAll, CREMIS, 19 mars 2009, p. 2.)
    Les statistiques internes de la Direction stratégique du SPVM pour la période 2006-2007 indiquent que les personnes noires représentent près d’un tiers (29,1 %) des interpellations alors qu’elles ne forment pourtant que 7 % de la population montréalaise. Le pourcentage d’interpellation des Noirs atteint des niveaux vertigineux dans certains endroits, comme à Montréal-Nord, où plus de la moitié (52 %) des personnes interpellées sont noires, alors que la communauté noire ne représente que 17 % de la population de l’arrondissement.
    (source : Métro, « Profilage racial au SPVM: les chiffres », Jennifer Guthrie, 27 août 2009)
    « Il semble effectivement qu'il y avait parfois du profilage racial dans les interpellations, pas dans le sens d'arrestations non justifiées »
    - Jean-Guy Gagnon, directeur adjoint de la direction stratégique du Service de police de la ville de Montréal
    (source : La Presse, « Pour éviter une autre explosion », Katia Gagnon, 22 mai 2009, p. A2)
    « La fonction policière, puisqu’elle fait appel à l’exercice de l’autorité, est propice aux manifestations de comportement de profilage racial ou d’autres formes de profilage illicite »
    - Comité sectoriel du milieu policier sur le profilage racial
    (source : Rapport d’étape, Comité sectoriel du milieu policier sur le profilage racial, ministère de la Sécurité publique, Québec, juin 2006, p. 3)

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Désolé mais c'est précisément en ne tenant pas de statistique de ce genre que l'Europe s'apprête à devenir un vaste Kosovo. Toutes les cultures ne sont égales et c'est pourquoi nous devons disposer des telles statistiques afin d'avoir une politique d'immigration intelligente.
    Vous en doutez ?
    Cette liste de criminelle est-elle Tunisienne, Marocaine ou Française ?
    http://193.252.228.130/personnes1.asp?T=R