Poutine vante les «succès» des séparatistes prorusses

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Avec l'air de ne pas y toucher

Le président russe Vladimir Poutine a vanté les «succès considérables» de la rébellion dans l'est de l'Ukraine, au moment où l'OTAN tenait vendredi une réunion de crise et où Moscou était menacé de nouvelles sanctions occidentales pour son implication militaire dans le conflit.
Dénonçant une «invasion» russe, Kiev a demandé aux Occidentaux des «sanctions significatives» contre Moscou et une aide militaire, des sujets qui devaient être abordés lors d'une réunion d'urgence de l'OTAN à Bruxelles et celle des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne à Milan.
Comme souvent quand se précise une menace de sanctions, Moscou a répliqué en brandissant l'arme du gaz, avertissant de «risques» sur les approvisionnements de l'Europe.
Après s'être réjoui des «succès considérables (des séparatistes prorusses) contre l'opération militaire de Kiev», Vladimir Poutine est allé jusqu'à leur demander d'ouvrir un «couloir humanitaire» pour les soldats ukrainiens, dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi.
«J'appelle les forces rebelles à ouvrir un couloir humanitaire pour les troupes ukrainiennes qui ont été encerclées, afin d'éviter des victimes inutiles et de leur donner l'opportunité de se retirer de la zone des opérations», a déclaré M. Poutine.
Ces déclarations interviennent alors que Kiev et les Occidentaux ont accusé jeudi la Russie d'avoir envoyé ses troupes régulières dans l'est de l'Ukraine, plus de 1000 hommes, selon l'OTAN, ce que Moscou a démenti.
Des combattants loyalistes ukrainiens sont encerclés et sans renforts depuis plus d'une semaine dans la ville d'Illovaïsk, à 40 km au sud-est du bastion séparatiste de Donestk et dont la chute n'est qu'«une question de jours», à en croire des insurgés prorusses interrogés par l'AFP.
Défendre Marioupol
Face à l'«agression» russe, l'Ukraine a l'intention de relancer le processus d'adhésion à l'OTAN, a déclaré vendredi le premier ministre.
«Le gouvernement soumet au Parlement un projet de loi visant à annuler le statut hors bloc de l'Ukraine et revenir sur la voie de l'adhésion à l'OTAN», a déclaré Arseni Iatseniouk, en référence à une tentative avortée en 2010 sous le gouvernement prorusse de l'époque.
Kiev a reconnu jeudi avoir perdu le contrôle de la ville côtière de Novoazovsk située près de la frontière russe et prise, selon l'armée ukrainienne, par des «troupes russes».
Cette ville est située à seulement 40 km du port stratégique ukrainien de Marioupol qui relie par la côte la frontière russe à la Crimée, péninsule ukrainienne rattachée en mars à la Russie.
Tous les regards sont désormais tournés vers Marioupol (460.000 habitants), le gouverneur pro-Kiev de la région de Donetsk, Serguiï Tarouta, ayant appelé les habitants de cette ville à créer un «bataillon» pour se défendre.
Des journalistes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que la route d'une centaine de kilomètres entre Novoazovsk et le fief rebelle de Donetsk était contrôlée par les séparatistes.
Les insurgés se sont dits prêts à suivre les consignes du président russe.
«Avec tout le respect dû (...) au président d'un pays qui nous aide surtout moralement, nous sommes prêts à ouvrir pour les unités ukrainiennes, encerclées dans ce guêpier, un couloir humanitaire à condition qu'elles nous rendent leurs armes et leurs munitions», a répondu vendredi matin le «Premier ministre» de la république séparatiste Donetsk Alexandre Zakhartchenko à la chaîne de télévision russe Rossia 24.
Nouvelles sanctions?
Le rouble est tombé vendredi à un niveau jamais vu face au billet vert (37,02 roubles pour un dollar), les investisseurs s'inquiétant d'un possible renforcement des sanctions occidentales contre Moscou.
«L'incursion russe qui se déroule à l'heure actuelle en Ukraine ne peut qu'engendrer» des sanctions supplémentaires à l'encontre de la Russie, a déclaré le président américain Barack Obama à l'issue d'un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel.
M. Obama a annoncé qu'il recevrait son homologue ukrainien Petro Porochenko le 18 septembre. Le département d'État a précisé qu'il n'excluait «aucune option» quant à une éventuelle aide militaire américaine à Kiev.
L'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant a dénoncé jeudi une «implication militaire directe de la Russie» et exigé que Moscou «retire immédiatement ses forces» de l'est de l'Ukraine, où le conflit a fait au moins 2.593 morts depuis la mi-avril, selon le dernier bilan publié vendredi par l'ONU.
Il a notamment évoqué des photos satellites de l'OTAN montrant des rampes de lance-roquettes et le déploiement «depuis plusieurs mois» de membres des forces spéciales russes.
Face à la menace de sanctions, le ministre russe de l'Énergie a déclaré vendredi qu'il y avait «un risque que le gaz livré par (la compagnie russe) Gazprom pour l'Europe soit illégalement prélevé par l'Ukraine pour ses propres besoins».
«La situation est hautement critique à l'approche de la saison de chauffage», a lancé Alexandre Novak.


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