Pénurie de main-d’œuvre

Pourquoi subventionner la création d'emplois?

Quebec inc. first

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Chronique de Pierre Gouin

Quelle bonne surprise d’entendre le ministre Fitzgibbon affirmer que l’immigration n’est pas une solution à la pénurie de main-d’œuvre, qu’il y a d’autres solutions, et que le gouvernement de la CAQ n’augmentera pas le nombre annuel d’immigrants. Cette prise de position survient au moment où le patronat réclame une hausse des seuils à 80,000 ou 100,000 et alors que la cheffe du Parti Libéral s’engage à les augmenter à 70,000 par année.


Aucun argument économique, aucun modèle ni aucun économiste universitaire ne soutient l’idée que l’immigration peut atténuer la pénurie de main-d’œuvre au Québec. L’entrepreneur qui ne réussit pas à combler ses besoins en main-d’œuvre peut penser que l’arrivée de plus d’immigrants réglerait son problème. Les politiciens comprennent, même madame Anglade, qu’au niveau de l’ensemble de l’économie, l’immigration n’aide en rien et peut même empirer la situation. La population augmente par l’immigration et les besoins de main-d’œuvre augmentent d’autant.


Il existe beaucoup de moyens d’atténuer la pénurie de main-d’œuvre. Des mesures gouvernementales aidant à amener ou ramener sur le marché du travail des Québécois, qu’ils soient retraités, femmes au foyer, immigrants récents, décrocheurs ou autres, sont utiles. Le recours à des travailleurs étrangers temporaires est une autre bonne approche. Ces employés sont dits temporaires pas seulement s’ils sont saisonniers comme en agriculture, mais surtout parce qu’on n’offre pas à ces travailleurs et à leur famille la possibilité de devenir éventuellement résidents permanents et citoyens canadiens. Les autorités doivent cependant s’assurer qu’ils ne sont pas victimes d’exploitation.


Des entrepreneurs ont dit qu’ils faisaient appel à la sous-traitance à l’étranger, ou à la robotisation, ce qui est tout à fait pertinent. La mise en place de capacités de production à l’extérieur du Québec, dans des régions où il y a du chômage, est aussi une stratégie efficace pour les entreprises en croissance.  Les chambres de commerce déploreront que cela implique de la production et de la croissance perdues pour le Québec mais s’il faut faire venir des familles d’immigrants pour opérer des usines parce que tous les Québécois ont déjà un emploi, il n’y a pas d’enrichissement collectif.


Si François Legault ne craint pas de repousser la demande du patronat c’est qu’il est confiant de conserver leur appui grâce aux programmes d’aide les plus généreux que le Québec n’ait jamais connus. En plus des subventions aux entreprises, qui étaient jadis justifiées par la nécessité de créer des emplois pour les Québécois en chômage, il faut compter les investissements sans limites dans les infrastructures et l’ouverture plus grande du secteur de la santé aux profits privés.


Cependant sa politique économique, caractérisée par le gavage du Québec inc., est tout à fait incompatible avec sa prétention de ne pas vouloir augmenter le nombre d’immigrants reçus au Québec. D’après les expériences passées, le gouvernement du Québec peut créer de 50000 à 100000 emplois par année avec des politiques agressives, mais peu importe le nombre, l’impact est suffisant pour annuler tous les efforts consacrés à résorber la pénurie de main d’œuvre. Les pressions seront de plus en plus fortes pour accroître l’immigration et, au cours de son prochain mandat, la CAQ devra céder à ces pressions ou accepter de perdre le pouvoir au profit d’un parti plus accommodant.


Les Québécois ne sont pas chiches, ils acceptent que le gouvernement dépense des centaines de millions de dollars, et augmente ainsi la dette publique, si c’est pour aider des entrepreneurs et des immigrants de pays pauvres. Ces sommes pourraient être mieux investies dans les soins de santé et l’éducation mais ce n’est pas le plus important. Le nationalisme affiché par le gouvernement caquiste sert d’abord à prendre et conserver le pouvoir. Ses priorités réelles conduisent nécessairement à une immigration massive et rendent impossible la survie du peuple québécois.



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1 commentaire

  • Pierre Gouin Répondre

    28 mai 2022

    J'oubliais l'environnement.


    En mettant le bien-être des entreprises au coeur de ses préoccupations, plutôt que le bien-être des citoyens, la CAQ favorise une croissance économique boulimique, sans enrichissement collectif, qui détourne les ressources nécessaires pour des services publics de qualité, qui est incompatible avec des politiques environnementales responsables et qui, surtout, force un recours à une immigration massive et met en péril la survie du peuple québécois.


    On demande comment arrêter Legault, tout est là.