La proue de l'indépendance.

Pourquoi l'indépendance du Québec devrait passer par le P.Q.?

Tribune libre

Messieurs Vincent et Gendron,
vous dites militer contre la division; mais d’où naît-elle cette division? Vient-elle de quelques critiques ou de ceux qui, par leur égo trop exalté, excluent toutes personnes critiques? Je ne tiens pas à prêter flanc aux fédéralistes en fuyant toute critique et en niant les erreurs de stratégies et des choix passés. J’aime mieux présenter la proue, prêt à éperonner les chimères d’une «élite» déconnectée de sa base qui veut sauver le Québec au lieu de vouloir faire son indépendance avec et pour les Québécois. Pour cela je vais vous mentionner quelques expériences personnelles et vous remémorer quelques faits.
En 1976 j’étais dans l’armée canadienne lorsque que le Parti Québécois a pris le pouvoir pour la première fois malgré toute la campagne de peur, que les fédéralistes avaient soutenue. J’étais posté à la station de Radar de la Rivière Moisie. Une petite base militaire, tout prêt de la ville de Sept-Îles sur laquelle l’affichage était majoritairement anglophone. Le général, qui avait charge d’améliorer le bilinguisme à la Trudeau, annonçait toujours sa venue et du jour au lendemain on voyait un peu plus de français affiché sur la base et ça redevenait unilingue anglophone quelques temps après. Pourquoi ce branle-bas de combat? Il ne venait que pour la pêche au saumon!
Pendant la campagne électorale René Lévesque et tout le P.Q. avaient abordé clairement la question de l’indépendance; nous avions eu la visite du général Dextraze qui était venu nous annoncer l’apocalypse si le Parti Québécois prenait le pouvoir. Il faut croire que le coup de la Brinks de 1970 aurait été du réchauffé.
Le soir de l’élection lorsque l’annonce fut faite, ce fut un éclat de joie au mess des soldats et caporaux. Oui monsieur, la majorité des militaires québécois sur la base avaient voté pour le Parti Québécois même s’il fallait limiter le port de l’uniforme en dehors de la base pour ne pas se faire cracher dessus par quelques esprits binaires. C’était l’époque d’un parti qui avait son peuple derrière lui. Je m’en souviens, ah que oui, nous avons fêté ce soir la.
Les temps changent et les partis vieillissent.
Un peuple en marche, 1980 le premier Référendum. Le cafouillage commence, on sent des incertitudes, on craint, est-ce la peur? Allons-nous trop vite? L’Étapiste est déjà dans l’ombre avec la G.R.C. On se fait rassurant, la question noie le poisson dans l’eau. C’est quasiment un roman et à sa lecture on ne sait plus si on veut faire une association avec le Canada ou l’indépendance. Je crois que les grandes chaînes ont puisé leur concept d’employés associés dans cette question référendaire. Veut-on avoir un pays? On termine la question par «l'entente proposée entre le Québec et le Canada». Voici la question qui tue.
« Le gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d'en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l'égalité des peuples; cette entente permettrait au Québec d'acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d'établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant l'utilisation de la même monnaie ; aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l'accord de la population lors d'un autre référendum ; en conséquence, accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier l'entente proposée entre le Québec et le Canada ? »
Je vous suggère arbitrairement une interrogation moyenne pour une personne qui aurait lu le texte entier de cette question?
 Proposition d'en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l'égalité des peuples
Pourquoi se séparer si on peut s’entendre?
 De maintenir avec le Canada une association économique
Pourquoi se séparer on est déjà dans l’espace commercial canadien?
 Aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé
Si rien ne change, pourquoi se séparer?
 Négocier l'entente proposée entre le Québec et le Canada
Pourquoi se séparer s’il faut négocier avec le Canada, on le faisait déjà entre gouvernements provinciaux et fédéraux.
Où dit-on dans ce texte que le Québec deviendra un pays, que c’est légitime et que les québécois ont les outils nécessaires pour le faire?
Cette fois c’était les fédéralistes qui avaient raison; la question devait être claire et elle ne l’a pas été, à leur grande joie victorieuse. On s’est soucié plus du Canada que du Québec, politesse oblige.
En 1981 le Parti Québécois est réélu, pourtant on pourrait croire qu’il venait d’être désavoué l’année précédente. Non le peuple était encore avec lui et son chef. La nuit des longs couteaux est venue bien assez tôt. Les couteaux venaient-ils tous des premiers ministres des autres provinces et du gouvernement fédéral? M. Lévesque ne s’en remettra pas et le Québec en sortira amoindri.
Les temps changent et les partis s’assagissent, manière plus polie de dire qu’ils vieillissent.
Les ténors du parti quittent un après l’autre. Lucien Bouchard démissionne du parti conservateur en voyant l’accord du Lac Meech sombrer, un missionnaire est né. Le Bloc Québécois est engendré. Nous avons droit à de belles envolées oratoires mais rien ne bouge, à tel point que jusqu’à aujourd’hui et encore plus ces dernières années c’est le Bloc qui fait fonctionner rondement la fédération. Les dernières sorties de M. Bouchard vont même jusqu’à contredire la nécessité de l’indépendance u Québec.
1994, je suis membre du Parti Québécois, je vais à l’assemblée d’investiture, deux candidats sont en liste; une dame Madore, militante de longue date qui par son expérience dans les syndicats et les groupes sociaux connaît très bien le tissus social de ce comté populaire qu’est Limoilou et une tête d’affiche M. Michel Rivard, Président de la Communauté Urbaine de Québec, il parle en faveur des défavorisés????? Depuis quand ?????????? Chercher l’erreur. En entant dans la salle on aperçoit vite que l’assemblée est ''pactée'', en faveur de qui? Cela en valait-il la chandelle? À vous de juger cette biographie http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/rivard-michel-5103/biographie.html. Il faut croire que manger à tous les râteliers c’est ce qui importe. Je suis à la diète, je ne mange pas de ce pain, je ne suis plus membre du parti.
Décembre 1994 le missionnaire est gravement malade, les yeux sont rivés sur l’hôpital St-Luc. Le Québec se mobilise autour de la personne, quel quand soit le dénouement il est gagnant; mort ou vivant il a déjà la palme de l’héroïsme. Le culte de la personne est entamé.
Un peuple se relève, 1995 le deuxième référendum. Une autre question moins volumineuse en mots mais sans caractère. Cette fois une alliance est faite entre le Parti Québécois, Le Bloc Québécois et l’action Démocratique du Québec sous la queue de veau M. Mario Dumont, pour proposer aux Québécois d'accéder à la souveraineté assortie d'un partenariat politique et économique avec le reste du Canada par voix de référendum. Viendra la question en ce sens.
« Acceptez-vous que le Québec devienne souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique, dans le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec et de l'entente du 12 juin ?»
Où dit-on dans ce texte que le Québec deviendra un pays, que c’est légitime et que les québécois ont les outils nécessaires pour le faire?
Il faut marcher à pas feutrés et surtout ne pas froisser. On se soucie encore du Canada, pauvre Canada! Quand dira-t-on : «Pour le Québec!»?
Ceux qui ont fait le travail pour faire revivre l’espoir, dont principalement les deux qui avaient concrètement préparé les finances en prévision du lendemain d’un oui, messieurs Parizeau et Campeau, sont tombés au second rang pour ne pas dire tout simplement ignorés. Désormais le Québec avait son héros, lucide, avec sa verve qu’on lui connaît. Cette fois c’était le coup de grâce, la défaite référendaire allait endurcir le cœur des Québécois, désormais parler de référendum ne serait que du blabla.
Le héros tout offusqué d’entendre de la bouche de M. Parizeau la vérité sur la défaite, monta au barricades pour faire sa morale contre celui qui avait amené le Québec dans la modernité sous le gouvernement de messieurs Jean Lesage et René Lévesque.
Ce héros qui regarde de sa demeure de Westmount, comme le faisait les patrons anglais, le petit peuple québécois. Ce héros, lucide derrière un verre de Scotch, pour qui l’indépendance du Québec n’est plus valable et pour qui les Québécois sont paresseux. Dites mois, ce héros en valait-il la chandelle?
Je vous laisse tout le reste de notre belle histoire canadienne parce qu’il faut bien dire qu’au P.Q. on s’est toujours montré pointilleux à se soucier et à ne pas froisser le Canada.
12 septembre 1996 - Jean-Louis Roux nommé représentant de la Reine du Canada
30 septembre 1996 - La Cour suprême et l'indépendance du Québec
20 novembre 1996 - Motion sur la nomination des Lieutenant-gouverneurs
27 janvier 1997 - Propagande fédérale
17 février 1997 - Les artistes fédéralistes favorisés par Ottawa.
Septembre 1997 - Création du Programme des commandites
20 août 1998 - Jugement de la Cour suprême
4 février 1999 - Entente sur l'Union sociale sans le Québec
10 décembre 1999 - Dépôt de l'avant-projet C-20
10 février 2004 - Dépôt du rapport sur le Programme des commandites
http://www.quebeclibre.net/dates101.html
Permettez-moi d’être un brin de plus sarcastique, y avait-il une cause?
Monsieur Gendron quand vous dites: «Gagnons notre guerre à l’américaine, comme dans le temps : travail de sape, minage, embuscade, alliances. Frontenac, Pierre Lemoyne d’Iberville et les autres. Pas de luttes fratricides: un seul objectif, gagner. Faire le pays, la république.» je ne doute pas de votre sincérité et je serais quasiment d’accord avec vous.
Les américains ne savent pas se battre, ils ont le nombre, le matériel, l’argent et leurs guerres est sales: larguer des tonnes de bombes sales sur les populations. Ils ont fait une guerre injuste et immorale à l’Irak et ils s’y sont enlisés comme en Afghanistan. Ils ont déjà commencé à négocier avec les Talibans comme ils ont dû le faire avec les Viêt-Cong après leurs enlisements au Vietnam.
Gagnons notre guerre à l’amérindienne, travail de sape, minage et embuscade comme l’ont fait Frontenac, Pierre Lemoyne d’Iberville et le chevalier Bougainville à Montmorency en s’alliant aux amérindiens et en utilisant leurs tactiques.
Attention aux alliances et aux supports français on pourrait se retrouver encore avec quelques arpents de neige et M. Sarkozy «Is very friendly with» M. Démarrais.
L’histoire n’est souvent qu’une répétition.
Identifions et verbalisons à voix haute la cause, notre cause, la cause du Québec, l’Indépendance du Québec.
Commençons par choisir notre élite si toutefois la base a encore son mot à dire. Que ces personnes soient choisies pour leur haute morale, leur amour du Québec et leurs convictions profondes.
Identifions l’ennemi, nommons les ennemis et s’il n’y en pas, créons en; l’important c’est la mobilisation. Nous nous excuserons après. Cela a été toujours la tactique fédéraliste.
À bas les opportunistes, vive la révolution.
Jeannot Duchesne


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6 commentaires

  • Gilles Bousquet Répondre

    23 août 2010

    M. Rolland qui écrit : «Pour faire l’indépendance, il nous faut un parti indépendantiste, un vrai, un puissant.»
    Ma réponse : Il y a 2 autres partis, à part le PQ que vous redoutez, qui prônent l'indépendance du Québec, le Parti Indépendantiste "le PI" qui semble au centre et Québec solidaire, très à gauche. Même s'ils ne sont pas forts, ils ne sont pas morts. Vous avez le choix sans attendre le messie d'un quatrième parti...éventuel.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2010

    « Pourquoi l’indépendance du Québec devrait passer par le P.Q. ? »
    Pourquoi, en effet ? Plus j’y regarde de près, et plus je trouve que ce puissant parti confédéraliste est, au contraire, le pire ennemi de l’indépendance du Québec.
    Il cherche présentement à faire diversion en faisant appel à la mobilisation de tous les indépendantistes… Il faut voir sur Vigile, comment ses partisans agissent en contradicteurs de tous ceux qui s’opposent, sous une forme ou sous une autre, au PQ. Il veut nous entraîner dans un projet de constitution, de république… à l’intérieur du Canada. Le principe reste le même : prendre le pouvoir, sans rien changer, sans « faire peur au monde ».
    S’il était indépendantiste, son programme, sa constitution, ses chefs, son histoire seraient différents. Il parlerait d’indépendance, avant, pendant, et après l’élection.
    Pour faire l’indépendance, il nous faut un parti indépendantiste, un vrai, un puissant. Tant et aussi longtemps que les indépendantistes du PQ resteront captifs de cette organisation, nous n’avancerons pas.
    En fait, c’est à eux, parce que réunis, expérimentés, mais minoritaires dans le PQ, de créer le premier parti indépendantiste, composé, dès sa création, de milliers de membres répartis dans tous les comtés du Québec. Ils verront dans les semaines qui suivront, leur nombre doubler. Ils bénéficieront d’un capital de sympathie considérable, et enfin, commencera la lutte pour notre indépendance nationale, sans avoir à traîner le bois mort des carriéristes, des opportunistes, des réalistes et des modérés. Autrement, nous sommes foutus.
    Michel Rolland

  • Gilles Bousquet Répondre

    22 août 2010

    M. Duchesne demande : «Pourquoi pense-t-on toujours à la violence quand on entend le mot révolution ? Les années 60 étaient-elles une révolution, un changement ? »
    C’était la révolution mais nommée…tranquille. C’était probablement plus une évolution, un changement de cap etc. mais pas une révolution parce que ça s’est fait doucement et dans la démocratie.
    Nos dictionnaires décrivent le mot révolution ainsi : «Changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un État avec une prise de pouvoir suite à une révolte contre l’autorité en place…sans élections » Un exemple est la révolution française qui a fait tomber bien des t^tes dans les paniers.
    Faut faire attention aux mots et à leurs significations

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2010

    Monsieur Duchesne!
    Je viens de lire votre texte et y ai ressenti tellement d'émotions. Vous avez donné l'heure juste!
    Pourquoi les chefs du PQ n'ont-ils jamais été rencontré les militaires québécois? Moi,je vais vous le le dire. Parce qu'ils avaient la chienne et pourtant, nous devrons nous les indépendantistes, nous rendent à Valcartier. Nous devrons prendre notre courage à deux mains.
    Aussi, sera-t-il aussi impérieux de créer des ponts avec nos frères et nos soeurs autochtones, ce que lâchement, nous n'avons pas fait depuis 40 ans de militance souveraineuse. Tout est à faire, tout est à construire!
    Moi aussi, j'ai eu un échange fructeux avec un membre des Voltigeurs de Québec, fier patriote québécois. On a assez perdu de temps! Nous vous attendons dans le RIN!
    Allez sur FACE BOOK Rassemblement pour l'Indépendance du Québec et manifestez votre amour de votre patrie.

  • Jeannot Duchesne Répondre

    22 août 2010

    En réponse à M.Bousquet
    Pourquoi pense-t-on toujours à la violence quand on entend le mot révolution?
    Les années 60 étaient-elles une révolution, un changement? Ce n'est pas le F.L.Q. qui a fait la révolution, ils n'ont été qu'un abcès qui a crevé par le refus de changement et d'ouverture d'un fédéralisme archaïque et surtout par l'arrogance de Trudeau et l'immobilisme des des vieux partis totalement dépassés.
    Pour convaincre une majorité de Québécois, il faudrait peut-être avoir une vision et des questions claires. Des leaders honnêtes aideraient surement à la chose.
    N'ayez crainte je ne suis pas pour la violence mais ma non violence ne va pas jusqu'à nier les besoins d'une armée. Si tu veux la paix ne craint pas la guerre.

  • Gilles Bousquet Répondre

    22 août 2010

    Bon début mais mauvaise fin avec : « Identifions l’ennemi, nommons les ennemis et s’il n’y en pas, créons en ; l’important c’est la mobilisation. Nous nous excuserons après. Cela a été toujours la tactique fédéraliste. À bas les opportunistes, vive la révolution. »
    Ayoye ! Une proposition en faveur de la révolution avec fabrication d’ennemis vrais ou faux.
    Si le Québec devient la proie des révolutionnaires, ce ne sont pas que les anglophones qui vont flyer pour l’Ontario, beaucoup de francophones vont les suivre.

    À la place de la révolution, faut juste convaincre une majorité de Québécois de la beauté de la souveraineté et ne pas faire comme les Palestiniens ou les Tchétchènes écrasés, occupés, bombardés, colonisés et dépossédés pour avoir choisi le chemin de la révolution et de la violence inutile contre un adversaire plus fort qu’eux. Eux avaient peut-être peu à perdre en risquant tout mais pas nous, les Québécois francophones, souverainistes ou pas.