Pourquoi avoir laissé le crachoir à un prétendu imam?

Jaziri et la réputation internationale du Québec

Samedi soir dernier, j'ai écouté l'émission animée par Luck Mervil sur TV5, le «3950». Déjà, ça se déchaîne sur la Toile et dans les média, il ne faut pas se surprendre. J'ignore quels buts exacts visaient la production et l'animateur, mais ils auront réussi un bon coup médiatique. Soit! mais un coup par trop déplorable!
Le thème de l'émission était «les accommodements raisonnables». Malheureusement, et c'est aussi le cas des audiences de la Commission Bouchard-Taylor ou des reportages des média qui l'entourent, on nage dans l'ignorance et la superficialité. Bien sûr, pour une émission comme «le 3950», on a voulu réunir autour d'une table des invités connus, question d'attirer un auditoire. Mais cela leur donne-t-il quelque crédibilité pour discuter de religions? À l'évidence, non! Qui donc a pu confronter efficacement l'imam Jaziri? Personne ! On lui a laissé le crachoir.
Or ce prétendu «imam», qui est-il? Ce titre n'est pas une appellation contrôlée. N'importe qui peut débarquer et se déclarer imam… nul n'est prophète dans son pays. Manifestement, on peut comprendre à son petit calot, qu'il s'identifie au wahabisme, religion d'état de l'Arabie saoudite, secte la plus intégriste de l'Islam, et source de tous nos maux.
Or, s'il se prétend imam wahabite, et si strict pour refuser d'être même en présence d'alcool, comment explique-t-on donc qu'il erre tant sur la doctrine. À plusieurs reprises, il a proféré des faussetés, ce que sa propre religion qualifie de blasphématoires.
Il est faux de dire que la jeune fille, à la puberté, est tout à fait libre de porter ou non le voile. Comme il l'a dit, le Livre (Coran) est sacré et on ne peut y changer une seule lettre. Le verset 31 de la Sourate XXIV, «La Lumière», est bien clair. Ayant accepté, à la Sourate IV, son statut inférieur à l'homme, la femme doit se voiler. Ce n'est que le type de voile, sharshaf ou hijab, qui est sujet à interprétation. Le choix de la jeune fille, si jamais elle en a un, se résume à croire ou non, pratiquer sa religion ou non. Elle pourra l'exercer selon le type de famille qu'elle a.
Aucun invité n'a toutefois relevé le fait que se répand, au Québec comme dans d'autres pays, une coutume contraire au Livre, celle de voiler des petites filles avant la puberté. Le Livre exclut les enfants «qui ne sauraient savoir quoi cacher». La tradition est aussi claire sur ce point.
Pas libre, c'est faux!
Autre exemple, notre ineffable imam a affirmé qu'à la puberté, l'enfant était libre de choisir sa religion. Totalement faux! Dans certains pays, cette «apostasie» entraîne même la peine de mort ; en Arabie saoudite, bien sûr, mais aussi en Afghanistan (il y a eu un cas récemment où les USA ont racheté le condamné), en Iran et enfin au Yémen et peut-être au Pakistan, si je ne m'abuse. Dans les autres pays, c'est l'imposition de codes de loi occidentaux par les colonisateurs qui fait la différence. C'est le «crois ou meurs!» que les Chrétiens ont bien connu pendant des siècles.
Passons sur ses opinions sur l'homosexualité, tout a été dit. Mais honnêtement, pouvions-nous nous attendre à autre chose?
S'installer dans un pays mécréant?
Enfin, et c'est ça là la pire incohérence, à mon avis, c'est que si M. Jaziri était si dévot et pratiquant, imam même, comment peut-il concilier sa présence ici avec la tradition musulmane et les fatwas qui lui défendent, sous peine de péché grave, de s'installer dans un pays mécréant (les Docteurs de la Loi, à Ryaddh, ne nous appellent plus infidèles, mais mécréants maintenant), ou même d'y voyager sans raison juridique valable?
Les dernières questions que soulèvent cette émission, ce sont précisément sur sa présence au pays, comme celle de tous les wahabites. On dit que l'imam serait entré ici illégalement, sous de fausses représentations. Possible, et si c'est le cas, son sort est scellé. Mais ces femmes voilées de la tête aux pieds, sont-elles passées devant un fonctionnaire de l'immigration dans une ambassade, ont-elles dû relever leur voile pour une identification positive? Peut-être, et elles l'ont fait, car c'est ce que leur dit les fatwas récentes à ce sujet, tout comme pour voter d'ailleurs.
N'y a-t-il donc pas quelques critères absolus d'exclusion, dans notre système? Ou notre Charte nous oblige-t-elle à accepter n'importe qui? Toutes les religions, sauf le bouddhisme à ce que j'en sache, deviennent ici anticonstitutionnelles si on les pratique de façon stricte. Il semblerait donc logique qu'on puisse fermer les portes du pays aux intégristes de tous poils. Sinon alors, notre Charte sera notre «arrêt de mort» collectif!
En conclusion, si nos média veulent assumer leur dictature, on ne peut que souhaiter qu'elle soit éclairée!
***
Claude Letarte*, md
Québec
*L'auteur a vécu huit ans en terres d'Islam et il a étudié cette religion.
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