Pour contrer les campagnes de peur

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La bibitte à deux têtes





Jean-François Lisée a établi très clairement son rejet de l’idée d’un référendum dans le prochain mandat. Il ne le cache pas, cette clarification lui apparaît essentielle pour avoir une chance de battre les libéraux.


Au fond, le chef du PQ ne s’en cache pas, les libéraux marquent beaucoup de points à chaque élection simplement en agitant la menace d’un autre référendum advenant l’élection du PQ. Il ne veut pas leur laisser cette arme facile et efficace la prochaine fois. C’est ce que les péquistes appellent les campagnes de peur.


Mais attention, le même Jean-François Lisée est peut-être en train de se faire l’archi­tecte d’une autre pelure de banane­­ sur son propre chemin. Pourrait­­-on imaginer que l’habituelle campagne de peur autour de la menace d’un référendum soit remplacée par une autre peur: celle d’une coalition PQ/Québec solidaire?


Le programme de Québec solidaire contient amplement de matériel pour semer la terreur parmi les payeurs d’impôt, les propriétaires de PME ou d’autres gens préoccupés par le développement économique. En s’associant avec ce parti dans une formule inédite, le Parti québécois fournirait aux libéraux une panoplie d’arguments nouveaux.


Attaques prévisibles


J’imagine déjà les troupes de Philippe Couillard placer le PQ du côté des inquiétants, le contraire de la stabilité. Et que dire de cette formule de ne plus présenter des candidats partout, par laquelle le PQ et Québec solidaire se laisseraient la voie libre. Une première dans notre histoire démocratique que les libéraux auront tôt fait de présenter comme une «astuce» pour tromper les gens.


Certains péquistes semblent se limiter à un exercice mathématique en additionnant­­ les votes de Québec solidaire à ceux de leur parti pour établir qu’ils auraient gagné telle ou telle circonscription dans le passé. Ce calcul mérite d’être fait. Mais il ne résume pas tout.


La dynamique d’une campagne électorale est beaucoup plus complexe. Les gens regardent, comparent et choisissent. Une alliance PQ/Québec solidaire serait une nouvelle bibitte à deux têtes (trois si l’on considère que Québec solidaire a deux chefs!) et trop de bras. Les électeurs vont-ils aimer cet animal original? Incertain.


Du rêve à la réalité


Leur pari, c’est que l’alliance sera accueillie comme un effort suprême pour déloger ce gouvernement libéral dit «toxique». Vu ainsi, la population devrait danser dans les rues en voyant l’union sacrée. Mais il est tout aussi possible que les Québécois se méfient de la capacité de la nouvelle bibitte politique d’offrir un gouvernement fiable et efficace pendant quatre ans.


Et si les gens s’en méfient au départ, imaginez après quatre semaines où la puissante machine de communication électorale du PLQ martèlera le message de la peur et de l’instabilité. Imaginez aussi qu’à chaque déclaration extrémiste d’un candidat de Québec­­ solidaire, les libéraux souligneront que c’est cela la coalition de monsieur Lisée...


Cerise sur le sundae, Françoise David­­ dit ne pas aimer la porte fermée­­ pour un référendum dans le premier mandat. Si le chef du PQ révise­­ une nuance de sa position claire, il est cuit.




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