PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC

Porter sa croix

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{{Descôteaux a un sens de l'humour insoupçonné : un vrai éditorial de vendredi Saint pour ce « Christ » de Couillard}}

La formation de son Conseil des ministres mercredi prochain sera pour Philippe Couillard l’occasion de manifester la valeur qu’il accorde au principe d’intégrité. On s’attendra qu’il en fasse une exigence absolue pour son gouvernement, lui-même et tous ses collègues devant être au-dessus de tout soupçon.

L'intégrité a été la toile de fond sur laquelle s’est déroulée la campagne électorale. Durant tout son long a plané l’ombre des enquêtes de la commission Charbonneau et de l’Unité permanente anticorruption qui ont mis au jour les activités de financement illégal des partis politiques et, au premier titre, du Parti libéral, dont d’anciens dirigeants et députés sont soupçonnés d’y avoir participé. Les chefs de parti et les candidats se sont aussi échangé des accusations de toutes sortes, parfois indignes, sur leurs comportements passés. Pour autant, il ne faut pas croire que les électeurs ont donné par leur vote leur absolution aux 125 élus et que la victoire libérale soit un blanc-seing.

Philippe Couillard tente, chaque fois qu’il est question des « affaires » qui ont marqué le gouvernement de Jean Charest, de convaincre que tout cela relève du passé. Il y a un nouveau chef à la tête du parti et de nouveaux responsables du financement. Surtout, il y a les règles de financement des partis politiques qui ont été changées pour qu’ils n’aient plus à dépendre des dons des électeurs. Tout cela est vrai, sauf qu’il ne peut pas se réclamer que du meilleur du passé libéral. Il doit porter aussi le pire de ce passé, une lourde croix en l’occurrence. Ce passé occupe encore le devant de la scène avec la publication de nouvelles informations.

De Philippe Couillard, on attend autre chose comme réponse que des piques vers le Parti québécois. Certes, lui aussi est mis en cause par ces enquêtes, la différence étant toutefois que le chef libéral sera dans quelques jours premier ministre et chef du gouvernement. Le gouvernement de tous les Québécois, comme il le rappelait jeudi à l’assermentation de ses députés. À ce titre, il lui revient d’adopter un comportement moral exemplaire le plaçant au-dessus des lignes partisanes. Or, il y a des événements récents de nature à soulever quelques inquiétudes à cet égard.

Est ainsi pour le moins gênante la présence de l’ancienne vice-première ministre libérale Nathalie Normandeau, qui même si elle est au coeur d’une des enquêtes de l’UPAC, a joué un rôle de formateur auprès des candidats libéraux pendant l’élection, comme le révélait La Presse. Elle-même, comme la direction du parti, aurait dû le comprendre. Cela nous ramène à l’époque où Jean Charest, au nom de la présomption d’innocence, soutenait son ancien ministre Tony Tomassi alors que s’accumulaient les preuves de son ingérence dans l’octroi de permis de garderies.

Le premier ministre élu insiste dans ses interventions sur les notions d’intégrité et de transparence. Présumons qu’au moment de composer son cabinet, il s’assurera de l’intégrité absolue de chacun des ministres. Son propos devra être clair et ferme, à savoir qu’il n’acceptera pas que la présomption d’innocence serve de paravent pour protéger des individus, et par là le gouvernement. Il n’y a pas que le principe d’intégrité qui ces dernières années a été mis à mal. Il y a aussi la règle de l’honneur à restaurer et qui devrait conduire tout élu dont l’intégrité est mise en cause à se mettre en retrait le temps qu’elle soit confirmée ou infirmée.

L’honneur de la fonction de député et de ministre doit passer avant celui de la personne et du parti dont il est membre. De cela, il faut que le premier ministre soit intimement convaincu, car le cas échéant, il sera juge et partie. Il devra trancher entre protéger un des siens ou le punir. Un choix reposant sur des valeurs morales.


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