L’auteur, cofondateur de l’Union paysanne et de la Coalition pour la Constituante, M. Roméo Bouchard de Saint-Germain-de-Kamouraska, vient de cosigner un manifeste intitulé L’Aut’gauche, en compagnie du sociologue et directeur de la Chaire de recherche en développement des collectivités, M. Louis Favreau. Repris en partie dans Le Devoir et le Journal de Montréal, le document appelle à une redéfinition de la gauche québécoise, qui selon les auteurs, ne tourne plus autour de Québec solidaire (QS).
Profondément progressiste, il fut un temps où Roméo Bouchard s’identifiait allègrement au discours de Québec solidaire. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Très critique envers la formation de Manon Massé et de Gabriel Nadeau-Dubois, Roméo Bouchard lui reproche principalement son approche multiculturaliste, en opposition avec le concept de nation québécoise, mais également « ses prises de position contradictoires » au chapitre de la laïcité. « La formation se dit laïque, mais elle défend le port du voile par les femmes de confession musulmane sous le principe de la liberté de choix », dénonce-t-il. Selon lui, l’attitude du parti éloignerait les militants syndicaux, communautaires et écologiques qui ne se reconnaissent pas dans ce discours « multiculturaliste » et qui ne s’inscrit pas dans la suite logique de la Révolution tranquille.
« Ils n’osent plus parler. La gauche les associe à l’extrême droite, au Brexit ou à Trump, tandis que la droite les accuse de nuire à la mondialisation. C’est très insidieux » – Roméo Bouchard.
Même s’il est moins critique envers le Parti québécois, il croit que cette « gauche citoyenne populaire » ne s’y retrouve plus non plus en raison de sa trop grande ambivalence sur les enjeux comme l’indépendance, la laïcité, le français, la démocratie et l’environnement. Bref, c’est pourquoi ils espèrent redonner une voix à ces militants à travers leur manifeste. « Ils n’osent plus parler. La gauche les associe à l’extrême droite, au Brexit ou à Trump, tandis que la droite les accuse de nuire à la mondialisation. C’est très insidieux », déplore-t-il.
Futur parti politique?
Conscients qu’ils ne se feront pas d’amis au sein des milieux où ils ont l’habitude de militer, Roméo Bouchard et Louis Favreau ont tout de même décidé de publier L’Aut’gauche, sur lequel ils ont travaillé pendant plus de trois mois. Le but : redéfinir la gauche québécoise autour d’une plate-forme politique commune. Celle-ci serait basée sur quatre axes : la réforme démocratique, la répartition de la richesse, la transition écologique et la souveraineté politique.
Toutefois, comme le mentionne Roméo Bouchard, le but n’est pas de fonder un nouveau parti politique. Du moins, pas pour l’instant.« Nous sommes déjà dans une année électorale. C’est utopique de croire qu’on peut fonder un parti politique maintenant. Ce qu’on veut, c’est créer un mouvement qui sera discuté dans les offices de QS et du PQ », précise-t-il. Toutefois, il semblerait que le document n’ait pas été très bien reçu au sein de Québec solidaire. « Des militants m’ont accusé de défendre la droite », de déclarer Roméo Bouchard.
Néanmoins, il n’a pas l’intention de renoncer à ses idées pour autant. Et il croit même que la prochaine élection donnera l’heure juste à ces militants sur l’avenir de leur formation politique respective.« Avec le discours qu’ils ont, je crois que QS va plafonner à Montréal. Et si le PQ s’effondre, comme plusieurs croient, là on pourra réfléchir à la reconstruction de la gauche québécoise. »
Lisez le manifeste de Louis Favreau et Roméo Bouchard ici.