PMA pour toutes: la science remplace l’homme

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La filiation paternelle remise en question par la PMA


 

 

 



Emmanuel Macron se prépare à autoriser la Procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes. Grâce à un donneur de sperme masculin, un couple lesbien pourra bientôt avoir un enfant totalement séparé de son père biologique. Un sacré trouble dans la filiation.




Le député LREM et médecin Jean-Louis Touraine considère à raison, dans le rapport qu’il a remis au gouvernement, que l’ouverture de la « PMA pour toutes » doit s’accompagner d’une modification dans la définition de la filiation, en particulier la filiation paternelle.  En effet, le projet de réforme qu’il défend consiste à créer en droit une filiation a-paternelle, autrement dit soit une monoparentalité réelle, soit une biparentalité féminine.



Relire notre entretien avec le psychanalyste Jean-Pierre Winter: « La présence de deux hommes ne fait pas un père »



La procréation d’un nouvel humain sera donc subordonnée à la seule volonté d’une femme, appuyée éventuellement par sa compagne ou épouse, mais sans la participation volontaire d’un homme.


Rappelons que nous sommes des êtres à reproduction sexuée. Pour qu’un nouvel humain naisse, il faut la rencontre d’une cellule mâle, le spermatozoïde, avec une cellule femelle, l’ovule, dans l’utérus de la femme qui a fourni l’ovule en question. Par quel miracle peut-on se passer de la contribution masculine ? Une supercherie langagière consiste à employer systématiquement le terme de PMA, procréation médicalement assistée, apportant ainsi la caution noble de la médecine et de la science. La science aurait-elle remplacé l’homme ? Pas du tout ! Le « geste médical » consiste simplement à injecter dans la cavité sexuelle de la femme la semence produite par les cellules masculines au moyen d’un cathéter, se substituant au rapport charnel entre un homme et une femme, généralement noué avec un certain plaisir.


Il n’y aura plus de rapport sexuel


La technique médicale n’élimine pas l’homme mais le rapport sexuel. Il s’agit d’une IAD – insémination avec donneur – un aspect très mineur de la procréation médicalement assistée qui consiste, selon l’INSERM, « à manipuler un ovule et/ou un spermatozoïde pour favoriser l’obtention d’une grossesse. Elle permet de palier certaines difficultés à concevoir, sans nécessairement traiter la cause de l’infertilité ».


Mais il y a bien un homme au départ, qui fournira au futur bébé la moitié de son code génétique. Une femme ne peut avoir un enfant sans homme, qu’elle soit célibataire ou en couple avec une autre femme, quelle que soit la bonne volonté et l’amour que celle-ci porte à sa conjointe. Cet homme, dont la médecine et la loi future aura flouté la personne afin  que la mère de l’enfant ne le connaisse pas, quel sera son statut vis-à-vis de l’enfant futur ?


Le professeur Touraine souhaite que ce dernier puisse à sa majorité connaître celui qui l’a conçu. Dans quel but ? On parle du droit à connaître ses origines. Mais de quelle origine s’agit-il ? Le rapport se borne à évoquer un  « projet monoparental »,  ou  « projet homoparental » autrement dit un enfant né sans l’acte sexuel volontaire d’un homme.  Pourquoi penser que l’enfant ainsi né voudra, devenu adulte, connaître l’homme qui a donné – ou vendu car on ne trouvera pas assez de bénévoles – son tissu génital ? Pourquoi aurait-il besoin de savoir qui est son « père » puisque, dès le départ, on a postulé qu’il n’avait pas besoin d’en avoir un ? On ne peut pas, d’un côté considérer que le projet mono ou homoparental ne pose aucun problème, et penser que l’enfant à naître aura besoin un jour de connaître l’identité de cet anonyme qui n’a fait que donner un bout de lui-même.


 

Quel statut pour le rapport donneur-enfant ?


Si le jeune adulte prend contact avec cet homme-qui-a-fourni-son-sperme (pour simplifier on  le nommera « donneur »), quel sera la nature de leur lien ? L’homme pourra-t-il reconnaître le jeune adulte  comme son enfant ? Si oui, devra-t-il recueillir l’assentiment de la mère, de conjointe de celle-ci ?  L’enfant pourra-t-il engager vis-à-vis de son géniteur une action en recherche de paternité,  ou une action aux fins de subsides,  procédure permettant de demander de l’argent sans reconnaissance de paternité ? On répondra logiquement « non » à toutes ces questions puisque le « donneur » n’avait aucune intention d’être père et la receveuse – ainsi que sa compagne éventuelle – ne souhaitaient pas mettre au monde un enfant qui ait un père. Le donneur et le produit du don n’auront aucun lien de parenté. Cela éliminera tout devoir d’assistance réciproque et permettra notamment à « l’enfant » de se reproduire avec les enfants légitimes du « donneur ». Exit le risque de consanguinité puisque c’est l’intention qui fait le parent, en l’occurrence la, ou les mères.


Mais alors, que dirent des – nombreuses – relations sexuelles qui aboutissent à une naissance alors que l’homme n’avait absolument pas l’intention d’avoir un enfant ? Pourra-t-on encore intenter une action en recherche de paternité auprès d’un homme ayant eu un rapport sexuel avec une femme volontaire pour ce rapport, mais sans l’intention d’avoir un enfant ? Autrement dit, pourra-t-on forcer un homme à devenir père alors qu’il n’en avait nullement l’intention ? Sauf dans le cas d’un couple marié, où il y a eu au moment du mariage une acceptation réciproque à avoir une descendance commune, ce serait totalement illogique.


Monoparentalité subie ou choisie ?


On parle beaucoup des familles monoparentales, en incluant dans cette définition les mères qui résident avec leurs enfants mais non avec le père de ceux-ci. Le président de la République, comme s’il les découvrait, se penche enfin sur leur sort pour aider les mères à recouvrer les pensions alimentaires que les pères doivent leur verser. Une situation qui contredit d’ailleurs le terme « monoparental » mais passons.


Lorsque le père est insolvable ou défaillant, l’Etat assiste la famille en question par une allocation de parent isolé. La « monoparentalité » est donc décrite comme une situation subie, peu enviable, associée à l’abandon de la part d’un homme qui refuse d’assumer ses responsabilités ou est incapable de le faire. Qu’en sera-t-il lorsque cette « monoparentalité » résultera de l’exercice d’un droit à voir aboutir un « projet monoparental » ? Traitera-t-on de la même manière une « monoparentalité » subie et une « monoparentalité » choisie ? L’intention de monoparentalité, avec exclusion volontaire d’un père, donnera-t-elle le droit à l’assistance par l’Etat ?


Toutes ces questions conduisent à une plus générale : allons-nous modifier notre système de filiation, et en particulier paternelle, notre « ordre généalogique », pour reprendre l’expression de Pierre Legendre ? C’est possible, il a existé et existe encore des sociétés fonctionnant sur d’autres systèmes de filiation. Mais ce serait  bouleverser un des piliers de la société. Cela ne peut se faire à la légère et sous l’unique argument de satisfaire au désir – au demeurant légitime – de certaines femmes d’avoir un enfant en se passant de la relation avec un homme.