Le Québec dans la tourmente de la compétitivité hommes-femmes

Plaidoyer pour la complémentarité des sexes

Tribune libre

Omniprésence de l’homme
Depuis que le monde est monde, l’homme a toujours occupé l’avant-scène à tel point que le substantif «homme» en est arrivé à désigner l’humanité entière, tous sexes confondus.
Depuis Adam jusqu’à Bouddha en passant par Jésus et Mahomet, l’homme a incarné la lumière, le jour, le dieu, le sauveur. Le monde contemporain a perpétué cette croyance. Ainsi Neil Armstrong a été le premier homme à mettre le pied sur la Lune. Bien avant lui, Charles Lindbergh a traversé l’Atlantique en avion et Christophe Colomb a découvert l’Amérique. La rubrique des noms propres, dans les dictionnaires, regorgent de personnages masculins.
Il a fallu attendre au 20ième siècle pour accorder le droit de vote aux femmes. Encore aujourd’hui, certaines civilisations accordent bien peu d’importance aux femmes. Ici au Québec, le mouvement féministe allait contribuer à placer la femme à l’avant-plan de l’actualité. Des femmes osaient dire tout haut ce que plusieurs pensaient depuis des siècles : «Messieurs, nous faisons partie nous aussi de la société au même titre que vous!»
Éveil de la femme
Voilà! L’idée était lancée! Dorénavant, les femmes étaient «égales» aux hommes. Partant de ce principe d’égalité, les femmes se mirent à agir «comme les hommes», «égalité» étant spontanément associée à «similarité». Peu à peu, la femme gravit les échelons sociaux et fut appelée à gérer des postes de première ligne «à la manière des hommes». Au lieu de mettre à profit leurs différences par rapport aux hommes, «complémentarité» qui aurait été beaucoup plus bénéfique pour la société, le féminisme n’a fait que déplacer le problème. En bout de ligne, quoique dirigée en partie par des femmes, la société est restée la même et les hommes, jadis «rois», en vinrent à se demander s’ils devaient être «reines» ou «valets», «bleus» ou «roses».
À titre d’exemples, j’ai demandé à quatre femmes, âgées de 25 à 36 ans, de répondre à la question suivante : «Qu’est-ce que vous recherchez chez un homme?» Toutes les quatre ont fait ressortir l’importance de la «communication» chez l’autre. Trois sur quatre favorisent de plus la «complicité» dans le couple de même que le «respect» de l’autre à travers une «écoute» attentive. Deux sur quatre mettent en lumière «l’harmonie» dans le couple. Les autres réponses ont été signalées de façon isolée : charmant, sensuel, sens de l’humour, sens de la famille, responsable, réfléchi, équilibré, honnête, présent, ambitieux, un ami, attentionné.
La société conçue par des hommes avait privilégié la compétition entre eux. Une société dirigée par des hommes et des femmes en arriva petit à petit à favoriser la compétition, cette fois entre hommes et femmes.
Émergence du féminisme
Le féminisme ouvrit graduellement les universités aux femmes, par conséquent, les diverses professions traditionnellement dévolues aux hommes. Devant l’ampleur du défi à surmonter, les femmes démontrèrent une ténacité sans limites et éclipsèrent progressivement toute une génération d’hommes habitués à compétitionner entre eux à des postes de pointe. S’il n’avait été que de cela, nous aurions pu assister à un phénomène normal de saine compétitivité. Toutefois, en prônant un style de gestion souvent plus agressif que les hommes, compte tenu des défis de taille que les femmes devaient relever, les conséquences sur la qualité du milieu de travail se sont souvent détériorées au détriment d’un climat qui aurait pu devenir davantage humain, ce qui aurait eu comme effet d’améliorer substantiellement les relations de travail.
Au cours des cinquante dernières années, l’homme a dû se faufiler dans toutes sortes de schèmes…de l’homme, fort et capable de régler ses problèmes seuls à l’homme rose pour aboutir à l’homme battu. En effet, les derniers chiffres recueillis par l’Institut de la statistique du Québec indiquent que 165,000 femmes ont été victimes de violence conjugale au cours des cinq dernières années comparativement à 140,000 hommes pour la même période.
L’homme semble beaucoup plus vulnérable à la violence psychologique dont les conséquences, entre autres, la perte de l’estime de soi, la culpabilité, l’angoisse, le manque de concentration au travail, s’avèrent les mêmes que chez la femme sauf que l’homme éprouve davantage de difficultés à obtenir du soutien, vu le nombre limité de ressources disponibles. Le sujet de la violence faite aux hommes demeurent tabou. Les hommes violentés craignent que l’on se moque d’eux. On ne leur a pas appris à demander de l’aide.
Post-féminisme
Paradoxalement, la société québécoise assiste donc aujourd’hui aux réactions «post-féministes» des hommes qui, à l’exemple des femmes avant eux, se mettent à réclamer des «droits» dans plusieurs domaines, notamment, en ce qui concerne la garde des enfants, étant appuyés, dans cette cause, par 88% des Québécois. Récemment, des hommes se sont dotés d’une Fédération des hommes du Québec dont l’objectif premier est de faire reconnaître la violence faite aux hommes qui revendiquent, comme les femmes, leur part de fragilité et leur besoin d’être protégés par des droits.
Bien sûr, l’homme québécois, à certains points de vue, démontre, encore aujourd’hui, des attitudes de domination, particulièrement dans ses relations avec les femmes. Rappelons-nous que le «baby boomer» masculin s’est vu offrir le monde sur un plateau d’argent.
Depuis quatre décennies, le Québécois a dû faire sa place, tant bien que mal, à travers le courant féministe. Pour y parvenir, il lui a fallu, avec le temps, faire preuve d’ouverture et de compromis.
Conclusion
Face à tous ces bouleversements qui ont conduit à des débats malheureusement souvent stériles, il m’apparaît que l’heure est venue où la compétition hommes-femmes et ce, dans toutes les sphères de la société, particulièrement sur le marché du travail, cède sa place à une saine complémentarité mettant en lumière les qualités particulières des deux sexes et contribuant enfin à des relations plus harmonieuses entre hommes et femmes.
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2033 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 août 2013

    Rétablissons les faits : cette notion de patriarcat relève de la fumisterie. Le concept fut inventée par les bénéficiaire$ du féminisme d’état afin de mieux justifier les faramineuses subventions versées à ces activistes à travers le réseau d'agences gouvernementales sans la moindre vérification quant à l’utilisation des fonds. En réalité, nous sommes devant une vaste fraude.
    À en juger par l’ampleur des subventions qui leur sont octroyées, les moyens dont disposent ces lobbyistes dont la principale activité consiste à influencer les élus doivent être colossaux afin de les faire adhérer comme dans une secte à leur marxisme culturel.
    Ce ‘lobbyisme’ au sein de l’état équivaut à une vaste fraude qu’il importe de dénoncer sur toutes les tribunes. Détourner ainsi les ressources d’un état exsangue, notamment celles du réseau de la santé pendant que les patients meurent dans les salles d’urgence, faute de soin, au profit des groupes de pression public relève de la grande criminalité d’état.
    Circonstances aggravantes, ces activistes sont également investis de la mission de détruire la famille traditionnelle ‘patriarcale’, abattre la figure emblématique du père, réduire le père au rang de guichet automatique dont le NIP est écrit avec le nom de ses enfants. Les féministes se moquent éperdument des conséquences néfastes de l’absence du père dans le développement des enfants. En clair, les enfants représentent un embarras pour les féministes. Ainsi, avant la naissance et jusqu’à terme, toute femme est désormais autorisée à pratiquer le fœticide, sans restriction, tout en bénéficiant des ressources de l’état pour ce faire.
    Mais ce chemin parsemé de ronces, il demeure encore pires écueils. Il importe ici de savoir qu’en vertu des dispositions de la ‘politique d'intervention en matière de violence conjugale' qui, comme son nom l’indique n’est pas une loi, mais une politique, adoptée sans la moindre discussion sur la base du grossier mensonge à l’effet qu’il y avait pas moins de 300 000 femmes battues chaque année au Québec. Depuis, il est désormais possible pour une femme d'expédier en prison n'importe quel homme vivant à ses côtés sur la seule base d'une parole dont la véracité ne sera JAMAIS évaluée. Par ailleurs, les féministes à la source de ce monument de propagande mensongère nous envoient la message pas trop subtil que tous les hommes sont des batteurs de femme.
    Notez en passant que cette 'politique' contrevient à de nombreuses reprises aux dispositions du code criminel canadien qui couvre déjà les infractions visées par la dite 'politique'. Depuis l'adoption de cette 'politique', les arrestations sans mandat sont devenues la norme, tout autant que les périodes de détentions arbitraires qui s’ensuivent. Et, comme pour ajouter l'injure à l'insulte, les sentences avant jugement sont routinières. Il s’agit sans doute de la plus grave atteinte à l’intégrité du processus judiciaire qu’il faudra nécessairement corriger avant de rétablir l’ordre au sein de nos institutions.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2013

    Ça fait plus de monde pour courir après l'argent. Les hommes courent après l'argent, les femmes courent après l'argent.
    Tout le monde court après l'argent à l'intérieur de ce foutu Système. Et étant donné que le Système est une religion pour le monde, il ne peut faire l'objet de critique.
    Ce que cette libération de la femme a entre autres apporté, c'est une concentration encore plus marquée de l'argent entre les mains des mêmes familles bourgeoises qui ont les moyens d'envoyer leurs enfants dans les meilleures universités et qui ont les contacts leur permettant d'accéder aux emplois les mieux rémunérés.
    Pendant ce temps au Québec depuis les trente dernières années, c'est dans les classes les plus défavorisées qu'on retrouve le plus de solitude et le moins d'enfants.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 août 2013

    Il y aurait beaucoup à dire sur votre texte. Du bon et du moins bon. Votre ignorance du meilleur du marxisme, le matérialisme historique, vous joue des tours. Comme celui-ci : «La société conçue par des hommes...» Comme si les hommes avaient délibérément conçues une société !
    La différence entre l'homme et la femme, que l'on chasse au nom d'une égalité qui ne fait que remplacer la lutte sociale (lutte des classes) par la lutte sociétale (de tous contre tous), ne fait que ravaler la complémentarité morphologique fondamentale entre les deux sexes de notre espèce au niveau du choix individuel. Bravo d'aborder tout de même ce sujet délicat qui tourne autour d'un pseudo progressisme qui sévit depuis quarante ans. La notion de complémentarité entre les sexes est nettement plus féconde que celle de l'égalité.
    Gilles Verrier

  • Archives de Vigile Répondre

    15 août 2013

    Vous découvrez l'Amérique, cher et très estimé, monsieur Marineau.
    Vaut mieux tard que jamais.
    J'écrivais un texte sur le sujet, intitulé "Chair et langage, mon amour", publié dans la revue POSSIBLEs, en 1983, vol.7, no.3.
    J'aimerais vous le faire parvenir.
    Comment le puis-je?