PKP le souverainiste et les chiens savants de GESCA

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Un contrepoids salutaire pour la démocratie et la santé mentale des Québécois

Si le gauchiste en moi sera toujours diamétralement opposé à l’idéologie droitiste de PKP, le souverainiste que je suis aussi est heureux de son désir de faire du Québec un pays, en espérant qu’il mettra enfin Québecor au service de la cause du OUI pour faire contrepoids au déficit démocratique exercé par l’écrasante propagande fédéraliste.

Il est donc risible de voir les adversaires médiatiques de PKP alerter le public au NOM du pseudo pluralisme, de la démocratie et d’une neutralité journalistique dont ils incarnent pourtant le blocage.

Surtout quand ça sort d’abord dans un journal libéral et fédéraliste de Gesca, avant d’être lu à TLMP, sur les ondes d’un diffuseur public fédéral doublement biaisé par son mandat de promouvoir l’unité canadienne et sa convergence avec cet empire de propagande privé, soit Radio-Canada, alias Radio-Gesca-nada.

Dans un monde juste et pluraliste au niveau médiatique, le saut en politique d’un magnat de la presse comme PKP DEVRAIT soulever des questions d’éthique. Mais nous ne sommes pas dans un monde juste et pluraliste.

Avec une écrasante majorité de faiseurs d’opinions d’allégeance fédéraliste, nous sommes dans l’un des pires endroits au monde en termes de concentration médiatique et de propagande à sens unique.

Nous sommes au royaume du déficit démocratique des grands médias québécois dans lequel seuls les gens de droite et les fédéralistes auraient apparemment le droit d’utiliser leur arsenal pour influencer la population en promouvant leurs intérêts économiques et politiques.

C’est du moins la conclusion à laquelle on doit logiquement en arriver, car les concurrents de Québecor osent exiger de l’empire PKP un respect du pluralisme et de la neutralité politique, sur la question nationale, qu’ils n’ont eux-mêmes JAMAIS respectée.

Venant de la part de médias privés ayant une feuille d’érable tatouée dans le front, comme Gesca, la demande d’impartialité est tellement hypocrite que c’en est ridicule. Évidemment, Patrick Lagacé dira que ses collègues et lui ne sont pas sous influence libérale parce qu’ils publient parfois des nouvelles embarrassantes pour les libéraux.

Ben oui, Gesca est tellement libre de l’influence libérale, tellement impartiale et impitoyable face à son indécrottable corruption… qu’elle invite quand même toujours son lectorat à voter libéral. Quitte à se boucher le nez. Aussi convaincant qu’une personne qui essaierait de vous persuader que la lutte n’est pas un sport de collusion arrangée, sous prétexte que l’arbitre ferait autant de remontrances aux Bons qu’aux Méchants !

Patrick Lagacé, qui a écrit ne pas aimer parler de ses patrons Desmarais, mais apprécie visiblement parler contre son ancien boss, avec deux articles consécutifs sur le vilain PKP, se dit donc libre de toutes influences patronales et libérales.

Et la preuve est qu’il affirme avoir souvent écrit des choses « très très très dures sur le PLQ ». Guy. A. à failli pleurer en lisant ça. Des choses tellement « très très très dures » que Lagacé a donné très très très peu d’exemples. Genre : aucun.

Charitable comme je suis, je l’ai donc aidé en trouvant au moins un exemple d’une « extrême » dureté, qui est un échange entre lui et Vincent Marissal publié par ce dernier (Les caravanes louvoyantes), le 1er septembre 2012.

Attention, cœurs sensibles, prière de s’abstenir : « Je dois te dire que j'ai un profond malaise devant le talent de Jean Charest à ne jamais répondre aux questions des journalistes. Il ne répond JAMAIS sur le fond à la question, tu l'as vu lors de sa visite à La Presse. C'est fâchant mais, surtout, c'est grave ».

Tellement grave et tellement fâchant que Lagacé a senti le besoin d’ajouter : « Mais j'ai aussi une sorte d'admiration perverse devant sa capacité à « faire semblant » (…) Ce talent pour faire semblant est stupéfiant, il force l'admiration ».

Moi aussi, Patrick, je commence à avoir une sorte d’admiration perverse devant ta capacité à toujours faire semblant d’être un journaliste aussi libre de toute influence que neutre et crédible. Capitaine Bonhomme et Pinocchio peuvent aller se rhabiller.

Ou que dire d’Yves Boisvert qui a déjà laissé sous-entendre, grosso modo, dans un texte en hommage de son défunt patron, que Paul Desmarais n’aurait jamais pu brimer sa liberté d’expression sous prétexte qu’il ne l’a croisé au bureau seulement que deux fois en 25 ans… Comme dirait Georges Orwell : « Les chiens de cirque sautent lorsque le dompteur fait claquer son fouet, mais le chien vraiment bien dressé est celui qui fait sa cabriole en l’absence du fouet ».

C’est confirmé, les journalistes libres de Gesca… sont vraiment bien dressés. Ça donne même la patte dans le vide quand le boss n’est pas là.

Franchement, voir des journalistes du groupe de presse le plus partisan donner des leçons d’impartialité journalistique à Québecor ou n’importe quel autre média est donc d’un ridicule consommé. Aussi ridicule que si Georges W. Bush se mettait à donner des leçons de démocratie au monde entier.

Les journalistes des Desmarais sont apparemment tellement libres de toutes influences patronales et au service exclusif de l’intérêt public qu’ils n’ont jamais osé parler de la dictature en Birmanie et des actions de leurs patrons dans la compagnie pétrolière Total. Wow, c’est tu beau la liberté de presse ! Plus libres que ça, tu travailles pour la Pravda.

Parlant de la Pravda, Ben Bagdikian, dans Media Monopoly, fait un parallèle intéressant entre la Pravda et les grands médias américains, en disant que ces derniers remettaient pratiquement aussi souvent les fondements même du capitalisme que les médias de l’ex-URSS critiquaient le communisme. C’est-à-dire : jamais.

Un parallèle similaire s’applique ici aussi. Si tous les grands médias québécois s’entendent pour ne jamais remettre en question le capitalisme, tous et spécialement Gesca s’entendent également pour ne jamais remettre en question le sacro-saint fédéralisme.

Et de grâce, ne venez pas me parler de l’unique électron un peu libre, soit le vénérable Pierre Foglia, l’exception qui confirme la règle en étant le seul souverainiste et partisan de la Charte clairement affiché. Foglia, à qui l’empire Desmarais a toujours laissé plus de latitude parce qu’il vend de la copie et parce qu’il passe 100 fois moins de temps à informer le lectorat sur les bienfaits de la souveraineté et d’une Charte de la laïcité que sur son amour des chats.

Comme si les Québécois vivaient encore dans la Grande noirceur, du nationalisme canadian, au lieu du nationalisme clérical de Duplessis, dans laquelle le fédéralisme serait LA seule religion d’État. Un dogme immuable dans les médias.

Au-delà du Canada, point de salut. Et vive la diabolisation incessante de l’indépendance, du PQ et de sa nouvelle recrue. Le vilain PKP, qui fut comparé à Satan, à un leader intégriste, l’ayatollah Khomeini, et à un politicien corrompu ayant fait des orgies avec des mineures, soit Silvio Berlusconi.

Mais AUCUN journaliste apparemment libre et au service de la vérité et de l’intérêt public n’a JAMAIS osé dire un seul foutu mini-mot négatif contre le défunt fondateur de Gesca, Paul Desmarais.

Ni sur aucun autre membre de LA plus puissante famille au Québec qui, devons-nous le rappeler, tient pourtant les marionnettes libérales par les couilles depuis des décennies tout en étant capable d’acheter PKP et de le revendre 10 fois à crédit.

Alors on repassera avec la pseudo menace pour la liberté de presse et la démocratie québécoise du vilain PKP, dit le « loup dans la bergerie »… à Desmarais Land.

Le plus ridicule dans tout ça est que Québecor, contrairement à Gesca, n’a jamais eu de ligne éditoriale et a toujours été pluraliste en engageant environ autant de chroniqueurs souverainistes que fédéralistes.

Plusieurs souverainistes, tels que Bizz, ou moi, dans un article, lui ont d’ailleurs reproché de ne pas utiliser ses médias pour faire contrepoids à Gesca et au restant de l’armada de Team Canada.

Or, aujourd’hui, je félicite sincèrement Pierre Karl Péladeau d’avoir eu le courage de devenir le premier grand homme d’affaires et magnat des médias à se lancer en politique pour faire du Québec un pays. Il ne reste plus qu’à vendre Sun Media ou cloner Josée Legault pour remplacer le staff (!) et Go Québecor Go pour la promo intensive du OUI. Ça urge.

PKP contrôlerait apparemment environ 40 % de l’univers médiatique. Ce qui signifie que, même en mettant TOUTES ses tribunes au service du OUI, on se retrouverait encore avec un déficit démocratique. Car, mis à part le modeste Devoir, qui ne détient qu’une minuscule part de marché et n’est même pas majoritairement souverainiste et encore moins péquiste, le 60 % restant des journaux, radios et télévisions sont sous la domination d’une majorité écrasante de faiseurs d’opinions libéraux et fédéralistes.

Résultat : si la Fédération des journalistes et le Conseil de presse du Québec savaient compter, ils n’auraient pas exigé de PKP et Québecor une parfaite neutralité politique à laquelle ils soustraient depuis toujours Gesca et l’empire Desmarais. Sans parler du silence sur la convergence entre Radio-Canada et Gesca. Et ça prétend défendre la démocratie, la vérité, la liberté de presse, le pluralisme et le droit à une information non biaisée...

La vérité est que, peu importe si PKP est élu ou pas, la droite sera encore malheureusement surreprésentée dans TOUS les grands médias. Car si les ennemis médiatiques de PKP critiquent le droitisme néolibéral radical de ses médias, c’est juste sur la forme et non le fond.

Ne comptez surtout pas sur Gesca, Radio-Canada, la Fédération des journalistes ni le Conseil de presse du Québec pour se plaindre du déficit démocratique défavorable à la gauche et réclamer publiquement que les grands médias soient forcés d’engager un nombre équivalent de journalistes gauchistes et droitistes.

On a vu à quel point tous avaient à cœur la démocratie et le droit à une information non biaisée au cours de la grève étudiante de 2012. Une grève étudiante à l’issue de laquelle deux enquêtes sur le travail des médias ont clairement démontré que les groupes de presse furent tout sauf synonymes de neutralité et de pluralisme, puisque seulement 2 des 34 faiseurs d’opinions les plus médiatisés appuyaient les carrés rouges, selon la firme Influence Communication…

Or, le ratio de faiseurs d’opinions OUI vs. NON est à peine moins inégal sur la question nationale. Ce qui signifie par conséquent qu’il est impératif que Québecor devienne aussi souverainiste que Gesca et les autres médias se permettent d’être fédéralistes. Question d’équilibre et de justice démocratique, même si le NON aura encore un avantage injuste au niveau de l’influence sur l’opinion publique, avec 60 % des tribunes vs. 40 % pour le OUI.

Chose certaine, si on permet aux Desmarais de faire officieusement de la politique depuis environ 50 ans en promouvant leur propagande libérale, droitiste et fédéraliste par leur empire médiatique afin d’influencer l’opinion publique, comment peut-on vouloir forcer un de leurs concurrents à se départir de ses actifs sous prétexte que lui se lance officiellement en politique ? Qu’une personne influence l’opinion publique et la gouvernance politique à distance ou, ouvertement, par sa présence, en tant qu’élu, quelle est la différence ?

La différence est que PKP, lui, a au moins le courage de faire de la politique ouvertement, en s’exposant, à visière levée. Contrairement à d’autres qui le font, dans l’ombre, à partir du salon de leur château, avec une télécommande programmée à contrôler des pions médiatiques et politiques en restant à distance. Pour le reste, tout n’est qu’une question d’apparence.


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