Pierre Karl Péladeau passe le test du Centre d’études sur les médias (CEM) : son statut de magnat de la presse et ses responsabilités de chef de parti politique sont compatibles, mais à certaines conditions, estd’avis le groupe de recherche de l’Université Laval, au terme d’un an de réflexion.
Le CEM invite poliment le conseil d’administration de Québecor à déployer différentes « mesures » afin de « calmer les inquiétudes » à propos de la « situation exceptionnelle » suscitée par l’arrivée de son actionnaire de contrôle, Pierre Karl Péladeau, sur la scène politique québécoise, il y a près de deux ans. L’empire médiatique, dont les quotidiens Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec et 24 heures ont la main haute sur 32 % des parts de marché de la presse québécoise francophone, doit « démontrer clairement que [ses] équipes jouissent de toute la latitude requise dans l’exercice de leur métier et dans la couverture des débats politiques », conclut-il dans un « document de réflexion » de 80 pages dévoilé jeudi.
Dans ce rapport de recherche fort attendu, les chercheurs Colette Brin, Daniel Giroux et Florian Sauvageau formulent des « pistes de solution » — non « pas de [s] recommandations » — pour « dénouer les tensions actuelles ou tout au moins atténuer les inquiétudes qu’a créées l’élection de M. Péladeau » dans Saint-Jérôme en avril 2014, puis sa désignation à titre de chef du Parti québécois, et de l’opposition officielle, en mai 2015.
Ils appellent du bout des lèvres Québecor à réintégrer le Conseil de presse, à se doter d’un ou de quelques ombudsmans, ainsi qu’à s’inspirer de différentes mesures retenues par de grandes entreprises de presse — The New York Times, The Globe Mail et The Toronto Star, par exemple — comme la création d’un poste d’éditeur public, qui s’assurerait du respect d’un « contrat d’indépendance journalistique » entre le propriétaire et les responsables des salles de rédaction.
« Situation inacceptable »
« Les uns craignent que l’élu favorise indûment ses entreprises ; les autres redoutent plutôt que les médias du groupe qu’il contrôle influencent le débat politique dans le sens des orientations qu’il défend », résument les chercheurs universitaires, pointant les résultats d’un sondage commandé à la firme CROP. Près des deux tiers de la population québécoise considèrent « le fait d’être chef du PQ, chef de l’opposition et actionnaire de contrôle d’un grand groupe de médias d’information » comme un « enjeu important » (63 %) et une « situation inacceptable » (62 %), selon le coup de sonde effectué auprès de 1000 personnes en septembre dernier. « J’ai été élu par les militants en toute connaissance de cause », a fait valoir M. Péladeau, jeudi soir, sur les ondes de 24/60, à RDI. « Il n’y a personne qui ne me parle de ça », a-t-il ajouté.
Le « rapprochement entre les cas » de M. Péladeau et de l’ex-chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, « a ses limites », même s’il « n’est pas non plus dénué de certains fondements ». Mais « le contexte entourant l’élection de Michael Bloomberg [propriétaire de Bloomberg News] à la mairie de New York […] semble plus propice aux comparaisons », aux yeux du CEM. « Comme M. Péladeau, M. Bloomberg abandonne ses fonctions dans l’entreprise, s’engage à respecter les décisions du […] City Conflicts of Interest Board et promet de placer ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard », indique-t-il, avant de faire remarquer : « Dès 2002, le rédacteur en chef de Bloomberg News prend aussi diverses mesures qu’il croit de nature à rassurer les lecteurs. Ainsi, tous les articles de l’agence de presse concernant la mairie feront mention du fait que le maire est aussi le propriétaire de l’entreprise. »
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CENTRE D’ÉTUDES SUR LES MÉDIAS
Péladeau peut tenir son double rôle
Le rapport attendu indique cependant des pistes de solution pour Québecor
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