Pédagogie de la catastrophe

Actualité du Québec-dans-le-Canada - Le Québec entravé


Le Parti québécois risque la disparition aux prochaines élections. Il entraînerait alors avec lui la cause souverainiste. Elle sera ainsi rangée parmi les rêves inaboutis de la génération boomer.
La panique s'installe dans les rangs. Pauline Marois s'accroche à la barre d'un navire qu'elle conduit à l'iceberg. Ses députés, bons galériens, lui chantent des «Pauline, Pauline» devant la caméra. Ils la maudissent une fois qu'elles sont fermées.
Certains démissionnent en groupe. D'autres le font seuls. Parmi eux, Jean-Martin Aussant. Il annonce la création d'un parti, Option nationale, qui promet l'indépendance d'autant plus rapidement qu'il est certain de ne jamais prendre le pouvoir. Comprenne qui pourra.
Dans les pourtours du mouvement souverainiste, les groupuscules s'agitent. On dirait qu'il s'en crée de nouveaux chaque semaine. Ils ont toujours les mêmes membres. D'une assemblée à l'autre, la même base se rencontre et se rappelle ses souvenirs.
L'idée des états généraux de la souveraineté l'a confirmé : les souverainistes se parlent entre eux, mais ne parlent plus aux Québécois. Ils proposent une réponse à une question que ces derniers ne se posent plus. L'indépendance ne fait plus peur aux Québécois. Elle les indiffère.
Faut-il pour autant enterrer l'indépendance ? Non. Les Québécois tiennent à leur identité. C'est une bonne nouvelle. Pour peu que les souverainistes la comprennent.
Je m'explique. La souveraineté pour l'écologie ? Le féminisme ? Foutaise. La souveraineté pour se sauver du grand méchant Harper ? Foutaise encore. Pour rebâtir le pont Champlain ? Un chausson avec ça ? Ce blabla est indigeste.
Il faut ramener l'indépendance à ses fondements oubliés. Pourquoi l'indépendance ? Pour sauver notre identité culturelle. Cela ne fait pas très moderne? Et alors ? J'aime citer Ernest Renan : «le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé».
Il faut renverser la perspective des dernières années. Les souverainistes ne doivent plus imaginer une souveraineté paradisiaque, mais montrer comment son échec endommagera sévèrement le Québec. Un peuple qui échoue son indépendance n'en sort pas indemne.
À quoi ressemblerait un Québec renonçant pour de bon à l'indépendance ? À une petite société moche et fracturée. D'un côté, des citoyens du monde se sauvant d'une société épuisée. De l'autre, des provinciaux indifférents à leur folklorisation.
Si les souverainistes veulent redevenir pertinents, ils doivent réactiver la vieille peur de disparaître qui loge au fond de l'identité québécoise. Parce que cette peur est fondée. Nous ne sommes déjà plus qu'une grosse minorité dans un pays qui ne nous reconnaît pas. Un jour, nous ne serons plus qu'une communauté parmi d'autres dans une province qui ne nous appartient plus.
Cela devrait transformer le programme des souverainistes. Déjà, notre société se délite. Déjà, elle se fragmente. Elle implose. Les souverainistes ne doivent plus délirer sur un pays imaginaire, mais parler du pays réel qui a mal.
Faut-il pour autant courir au référendum? Surtout pas. Nous savons très bien qu'il serait perdant. Il faut moins viser la souveraineté que s'assurer qu'elle demeure possible. Il faut surtout garder vivante l'idée d'indépendance.
La souveraineté n'accouchera pas d'une société idéale. Mais son échec est une garantie de médiocrité. Message positif ? Je ne sais pas. Message réaliste ? J'en suis certain.


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