Les symboles ont leur importance dans la vie. Ainsi, que Jean Chrétien réside en Ontario en dit beaucoup sur le personnage. Or, voici qu’un reportage sur la manifestation des anglos dimanche nous apprend (ou, du moins, m’apprend à moi) que Pauline Marois a ses bureaux à Montréal au même endroit que Jean Charest avait les siens, soit dans l’édifice de la HSBC sur McGill College.
Je n’en reviens pas. La première ministre soi-disant souverainiste du Québec a ses lieux de travail dans un immeuble propriété d’une banque britannique, de surcroît à la réputation douteuse. Qu’on me pince. Jean Charest, passe toujours : on savait vers qui penchait le cœur du frisé. Mais Pauline Marois? Soit qu’elle ne se rende pas compte, soit qu’elle le fasse en toute conscience et de son plein gré, dans l’un ou l’autre cas, le constat est aberrant.
Verrait-on Stephen Harper occuper un espace chez Desjardins à Toronto? Verrait-on Barack Obama loger ses pénates chez Lehman Brothers à New-York? Verrait-on François Hollande être locataire chez UBS à Lyon? Poser ces questions, c’est y répondre illico. Qu’a la PM du Québec de différent de ces chefs de gouvernement? La réponse risque de ne pas être glorieuse.
Dans un passé pas si lointain, les premiers ministres du Québec avaient leurs bureaux à Montréal chez Hydro-Québec. Ce n’était peut-être pas l’emplacement idéal, mais il n’y avait pas incompatibilité d’intérêts entre l’État québécois et sa principale société. Hydro, c’est un peu le Québec et le Québec, c’est un peu Hydro. Mais la HSBC???
Est-ce que Pauline Marois, conseillée par Jean-François Lisée, veut à tout prix voisiner McGill ou avoir ses entrées dans les milieux bancaires anglophones? C’est caricatural évidemment, mais si on peut admettre sans problème que madame Marois ait des contacts officiels avec les groupes anglophones et bancaires de Montréal, il y a quelque chose de choquant à ce qu’elle ait ses quartiers chez eux. Je n’oserai pas dire : « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es », mais d’autres n’hésiteront aucunement à le prétendre.
À tous points de vue, la localisation actuelle des bureaux de madame Marois dans la métropole est une des pires qu’on pourrait imaginer. Il y a eu tellement de manifestations anti-Charest à cet endroit qu’il est marqué. Et l’image entreprise privée et étrangère qu’il projette est incompatible avec la fonction que Pauline Marois se targue d’occuper.
Combien d’édifices possède le gouvernement québécois à Montréal? Jamais je ne croirai qu’on ne peut en trouver un qu’on pourrait aménager convenablement pour recevoir les bureaux montréalais de la première ministre. Pour un petit investissement, l’image de l’État québécois y gagnerait grandement en indépendance et en dignité. Cela urge.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
5 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
20 février 2013J'y marchais justement hier matin, réalisant que cette place occupée la veille par les angrys (et le courageux T-shirt blanc: Québec un pays) pour conspuer la PM "souverainiste" était bel et bien la même où nous nous sommes rassemblés par milliers pendant le printemps érable pour préparer la chute de Charest la matraque...
Ravalé instinctivement en me rappelant cette "poignée de mains" d'une rare complicité quand le passage du pouvoir s'est effectué devant la caméra: pensé qu'il était normal (et économique) de se passer ainsi la chaise entre PM au lieu de tout reloger... Gouvernement minoritaire oblige...
À Barcelone, la Présidente du Parlement catalan, Nùria de Gispert, Union Démocratique de Catalogne depuis 2010, où loge-t-elle pendant les consultations populaires? Parc de la Ciutadella?... Et à Edimburgh?... celui qui n'avait pas le goût de voir Pauline...
Claude Richard Répondre
18 février 2013Si je comprends bien, notre dernier interlocuteur semble préférer HSBC ou BNP-Paribas à Hydro-Québec. Bizarre!
Plus globalement, la dimension symbolique de l'affaire paraît lui échapper complètement.
Si le choix a été fait par la Société Immobilière du Québec, il y a d'autres questions à se poser, la principale étant: "Est-ce à la SIQ d'imposer ses choix à la première ministre du Québec ou à celle-ci à donner ses directives à la SIQ?"
Francis Déry Répondre
18 février 2013Je suis surpris.
Il me semblait que c'était un édifice de BNP-Paribas.
Je me souviens d'une succursale de la HSBC sur Sherbrooke.
Le choix provient sans doute d'une location par la Société Immobilière du Québec qui cherche à optimiser les coûts en allant au plus bas soumissionnaire pour des locaux de la taille requise et des facilités demandées. C'est comme la tour Banque Nationale qui contient le consulat japonais.
L'adresse spécifique est 8 Canada Square dans Canary Wharf, un projet immobilier des frères Reichman de Toronto.
HSBC tisse de bonnes relations avec la Banque Nationale
http://business.financialpost.com/2011/09/20/nbf-confirms-buying-hsbc-brokerage-unit-for-206m/
Préférer Hydro-Québec ?
Hmm. Le gouvernement du Québec est-il au service d'Hydro-Québec ou est-ce Hydro-Québec qui est au service du gouvernement ?
Quels intérêts étaient servis par Robert Bourassa ?
Archives de Vigile Répondre
18 février 2013Beau scoop. C'est le genre de nouvelle que j'adore.
Ca va peut-être sortir dans la grande presse dans les prochains jours.
Bravo
Pierre Cloutier Répondre
18 février 2013Cela me fait penser à André Boisclair qui représentait un comté de travailleurs québécois (Pointe-aux Trembles) et qui le soir de l'élection, était à l'hôtel Germain, un hôtel 5 étoiles dans l'ouest de Montréal.
On essaie de nous enfumer en essayant de faire passer la première ministre comme la première "travailleuse sociale" à occuper ce poste.
La réalité est bien autre ; Pauline Marois fait de la politique professionnelle depuis les années 1970, grâce à l'argent de son mari et a habité pendant des années un vaste château à l'Ile Bizard.
Savez-vous c'est quoi au juste une vraie "travailleuse sociale"?
Z'êtes pas tannés de vous faire enfumer?
Pierre Cloutier