Aussi régulièrement que les vagues de l'océan viennent s'échouer sur la plage, la réforme du mode de scrutin refait surface. Et c'est drapé de la vertu que certains aimeraient vêtir le Québec d'une camisole de force.
Au moment où les forces indépendantistes tentent de se reconstituer avec l'énergie du désespoir, le Mouvement démocratie nouvelle s'invite dans la course à la direction du Parti Québécois par le biais d'une lettre. Non pas pour dessiner les plans de la future République du Québec mais plutôt pour en rendre sa réalisation encore plus difficile.
Examinons leurs arguments. "Le projet de René Levesque était simple: amener le Québec à joindre le club du 85% des pays industrialisés qui utilisent un mode de scrutin de type proportionnel." Tiens donc, moi qui ai toujours crû que son projet était de réaliser la souveraineté-association.
Mais passons. Nos réformistes nous rappellent ensuite les valses hésitations de l'assemblée nationale malgré l'opinion publique exprimé dans un sondage. Puis ils nous citent en exemple un certain nombres de nations souveraines, dont l'existence n'est pas menacée, pour en arriver à la situation de l'Écosse "(qui nous inspire le plus)... celui qui devrait être implanté chez - nous.
Après l'élection générale de 2003, le Parti Québécois a renié son engagement électoral sous le prétexte que l'abandon du mode de scrutin uninominal à un tour compromettrait ses chances de pouvoir déclencher un référendum sur l'indépendance.
Or, le récent référendum de l'Écosse démontre la fausseté de cette thèse puisque les souverainistes de ce coin du monde ont pu prendre le pouvoir deux fois avec un mode de scrutin proportionnel mixte et même de tenir un référendum sur l'accession à l'indépendance. .."
Jetons un coup d'oeil sur les résultats électoraux écossais du 5 mai 2011, ceux qui ont précédé le référendum et attardons - nous aux pourcentages de voix et du nombre de députés. Le Scottish National Party a reçu 44,7% des voix et 69 députés sur 129 alors que l'ensemble des autres partis ont reçu 55,3% des voix mais seulement 46,5% des députés!
Peut -on réellement qualifier ce résultat de proportionnel? Ce n'est pas la lecture que j'en fais. Mais surtout croit - on sérieusement que le SNP aurait pu tenir un référendum avec 44,7% des députés? Moi je ne crois pas. Si c'est ce système qui inspire nos réformistes, je me refuse à le qualifier de proportionnel. Lorsque moins de 50% des voix peuvent conduire à plus de 50% des députés, il s'agit de la distortion cruciale qu'un scrutin proportionnel doit empêcher. Autrement ce n'est que du maquillage.
Maintenant je m'adresse particulièrement aux illustres signataires de la lettre qui ont fait partie de l'un des meilleurs gouvernements de l'histoire du Québec. Croyez - vous sincèrement qu'avec 41,4% des voix (résultats du 15 novembre 1976) et le nombre de députés correspondant que vous auriez pu adopter la loi 101, la loi sur le financement des partis politiques, sur l'assurance automobile, sur le zonage agricole, la loi anti-briseur de grève et surtout tenir un référendum sur la souveraineté-association?
Souvenez-vous de tous ces débats acrimonieux que vous avez dû affronter! Quel enfer c'eût été si vous n'aviez pas eu une majorité de députés et qu'auriez - vous pu seulement accomplir?
La route conduisant à l'indépendance du Québec est déjà suffisamment rempli d'embûches, de grâce n'en rajoutez pas davantage! Nos adversaires s'acquittent déjà amplement de cette tâche.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
16 avril 2015Cher M. Cloutier, Il y a différentes options. Même sans le scrutin proportionnel, si le PQ reçoit 50% + 1 des voix et que l'enjeu de l'élection est l'indépendance, il peut aller de l'avant. S'il n y a pas d'entente entre les partis "indépendantistes" pour ne présenter qu'un candidat par comté, je suggère que l'on additionne les votes "indépendantistes" et c'est seulement si c'est encore moins de 50% que l'on tienne un référendum.
Philippe Cloutier Répondre
16 avril 2015Bonjour M. Chartier!
Il y a un avantage considérable au scrutin proportionnel. Il nous permettrait de déclarer l'indépendance sur simple mandat électoral, avec 50%+1 des députés élus.
Normand Paiement Répondre
15 avril 2015N'en déplaise à certains tenants du scrutin proportionnel, le système de scrutin uninominal à 2 tours, tel qu'il est pratiqué en France, me paraît plus prometteur.
Mais rien ne presse!
D'abord l'indépendance, après quoi il sera toujours temps de repenser notre système électoral...