Droits de scolarité

Pas d'avenir dans les gels, martèle Charest

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012


François Desjardins - «L'avenir du Québec, ce n'est pas dans les gels, dans les moratoires et dans les fermetures», a dit M. Charest aux quelques centaines de militants, très conscient du fait que ses propos se rendraient d'une manière ou d'une autre jusqu'au mouvement.
Quelque 150 étudiants du collège Montmorency avaient préparé leurs slogans, bloqué le boulevard Le Corbusier, installé les haut-parleurs. Cible du jour: Jean Charest. À l'intérieur d'un centre de congrès de Laval où s'étaient réunis des militants locaux, le premier ministre a profité de sa tribune hier pour livrer, en plein milieu de son discours, un message clairement écrit à l'intention des manifestants: «L'avenir n'est pas dans les gels», a-t-il répété.
«L'avenir du Québec, ce n'est pas dans les gels, dans les moratoires et dans les fermetures», a dit M. Charest aux quelques centaines de militants, très conscient du fait que ses propos se rendraient d'une manière ou d'une autre jusqu'au mouvement. «C'est les universités québécoises, c'est la société québécoise, c'est le choix que nous avons fait et que notre gouvernement va défendre, parce que c'est le seul choix possible pour l'avenir», a-t-il affirmé.
Les derniers jours ont été marqués par l'apparence d'une certaine ouverture du gouvernement libéral à discuter non pas de la hausse des droits, fixée à 325 $ par année sur cinq ans, mais de l'aide financière aux étudiants sous forme de prêts et bourses. Le plus récent épisode est survenu vendredi à l'Assemblée nationale, lorsque la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a dit que Québec est prêt à aborder cette question, tout en reprochant aux leaders étudiants de ne vouloir parler que d'un gel des droits de scolarité.
Lors d'un point de presse tenu en marge du brunch partisan, le premier ministre Charest a lui aussi emprunté ce discours, tout en refusant d'ouvrir la porte à une négociation sur le fond du litige avec les grévistes, qui se chiffrent à 200 000. «On va toujours être à l'écoute, on n'arrête jamais d'être à l'écoute, a-t-il dit. Mais la décision est mûrement réfléchie.»
«Phase payante»

À l'extérieur, où les étudiants du collège Montmorency ont manifesté en compagnie notamment du président du syndicat des enseignants, Michel Duchesne, on a affirmé que les prochaines semaines seraient cruciales. «On entre dans la phase payante, a dit le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin. On est capable de convaincre le gouvernement de s'asseoir avec nous, de le convaincre de diminuer la hausse des droits de scolarité et de le convaincre de les geler!»
Une fois la manifestation et le brunch terminés, M. Bureau-Blouin et quelques collègues ont fait le pied de grue devant la porte du centre de congrès Palace, afin de s'adresser en personne au premier ministre Charest. Première à sortir: la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, qui s'apprêtait à s'engouffrer dans une voiture lorsqu'elle a vu les étudiants lui solliciter un dialogue. Elle s'est avancée vers eux et s'est limitée à dire: «Que vous dire? Que vous dire là-dessus? Je tenais quand même à vous serrer la main.»
Et l'attente s'est poursuivie. Au bout d'un très, très long moment, deux véhicules de fonction aux vitres teintées ont quitté l'entrée pour ensuite réapparaître au loin, dans le stationnement à l'arrière, en train de s'élancer vers le boulevard Saint-Martin. M. Charest est-il parti? «C'est terminé», a laissé tomber un agent de la SQ.
La FECQ compte notamment sur la tenue de deux rencontres prévues à Québec, a dit M. Bureau-Blouin, dont celle de l'aile parlementaire libérale et une réunion du conseil des ministres.
Invité à commenter ce rapport de force croissant que le mouvement étudiant dit maintenant avoir, en raison des conséquences financières qu'une session perdue pourrait occasionner au gouvernement, Jean Charest a dit qu'«on n'aborde pas la question comme ça».
«On n'est pas dans le calcul stratégique sur l'avenir du Québec», a dit M. Charest en point de presse. «Quand j'entends des choses comme ça, je vous avoue que je trouve ça un peu regrettable, parce qu'on passe à côté de la vraie question. La vraie question n'est pas dans les calculs stratégiques — "On va attaquer qui dans quel comté" — alors qu'on devrait plutôt parler de l'avenir du Québec et des universités.»


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->