Marois, Catania, Fatima, Couillard, etc

Ou quand nos journalistes patinent et dérapent

Des médias complaisants, d'autres partisans

Chronique de Pierre Godin

Je suis tombé de ma chaise, l’autre matin, en lisant la manchette du Devoir ( celle du 14 novembre ) digne de la presse Murdoch : « Marois et Catania, voisins de condo au Mexique ». Un cas manifeste de culpabilité par association ( guilt by association ), car dès le premier paragraphe, on apprenait que Pauline Marois ne savait pas que l'entrepreneur Catania, accusé de fraude, possédait un condo dans le même édifice, quand elle l’a acheté, et qu'il s’y était installé bien avant elle. Alors, ça rimait à quoi cette manchette fleurant la diffamation? Après tout, on n’était pas à la commission Charbonneau !
Il s’agissait d’une non-nouvelle pour discréditer Marois en l’associant insidieusement à l’entrepreneur Catania. À la lecture du titre, c’est ça qui venait à l’esprit du lecteur. Ce manque de rigueur m’a fait penser à l'association vicieuse que Jacques Duchesneau, le grand justicier de la CAQ, avait concoctée à l'encontre d'André Boisclair.
Devinant sans doute le caractère tendancieux de son « scoop », l’auteur de l’article s’empressa de détourner notre attention en insinuant que la proximité mexicaine de Marois avec Catania soulevait des problèmes de sécurité. Putain… ! Comme si d’avoir pour voisin un entrepreneur véreux mettait la vie de la première ministre en danger !
Que se passe-t-il donc au Devoir ? Journal influent et rayonnant à certaines époques fébriles de notre histoire, mais sous d’autres directorats que l’actuel, le voilà maintenant qu’il fabrique une manchette à sensation pour jeter un doute sur le jugement ou l’éthique de Pauline Marois. C’est limite. Le genre de nouvelle tirée par les cheveux qu’on laisse habituellement à La Presse et à Radio-Canada, deux médias franchement anti-Marois et anti-PQ qui rotent sans gêne aucune dans la mangeoire libérale.
Ceux-là, ils s’y connaissent dans l’art de noyer le poisson, quand sa senteur risque de gêner les affinités électives qui les lient aux libéraux. Le jour même où la députée Fatima Houda-Pépin brisait avec fracas la fausse unanimité du Parti libéral contre la charte de la laïcité, La Presse publiait une énorme manchette partisane sur les infrastructures sportives qui allaient, zézayait-elle, en majorité dans des comtés …péquistes.
Mais où était donc passée Fatima? Avait-on relégué à la page des décès celle qui osait défier le chef Couillard qui, dès qu’il ouvrait la bouche au sujet de la laïcité, s’emmêlait dans ses pinceaux ? Pas tout à fait, mais presque. Il fallait prendre une loupe pour découvrir au milieu de la une un tout petit titre fadasse enfoui sous les photos géantes et les titres gras qui dévalorisent habituellement la première page de ce quotidien.
Même manège partisan au bulletin télévisé de 18 h de Radio-Canada. Comme à La Presse, Fatima ne figurait pas, bien entendu, dans les principales manchettes du jour, mais le maire Ford de Toronto, oui, oui, oui… Radio-Can ne consentit à nous informer de l’affaire, qui était pourtant sur toutes les lèvres, qu’à la toute fin de la première partie du téléjournal. Juste avant la météo, quoi ! Il ne manquait plus que l’annonceur de service pour nous seriner, comme à la radio, le ridicule « Ici Radio-Canada…Première » !
Dans ce cas-ci tout au moins, la télé fédérale ne fut pas la « première », mais la « dernière », à nous informer de la sortie fracassante de Fatima qui brisait l’unanimité factice du Parti libéral. Une déplorable histoire qu’on ne devait surtout pas monter en épingle… Mais pistonner plutôt celle de l’opposition à la charte péquiste de la laïcité récupérée par les islamistes sous le nez de nos candides journalistes.
Il fallait écouter le reportage angélique de Radio-Canada au sujet des deux éducatrices en niqab d’une garderie de Verdun. Un cas évident de provoc. On serait attendu à ce que la journaliste, faisant preuve d’un minimum d’esprit critique, demande par exemple à l’éducatrice depuis quand elle portait la cagoule ? La portait-elle depuis toujours pour plaire à son imam ou à son mari, ou seulement, comme par hasard, depuis la présentation de la charte des valeurs ? Il faut dire que les provocateurs de l’islam intégriste, des champions en la matière, ont beau jeu face à une presse naïve ou autiste, et à un gouvernement d’enfants de chœur qui laisse pourrir un débat qui s’éternise depuis les années Charest.
Pour revenir à La Presse, elle allait pour ainsi dire réparer l’injure faite à Fatima grâce à la plume de l’un de ses correspondants à Québec. En effet, le surlendemain de la sortie de notre première députée musulmane, le scribe bidouilla un article qui la salopait, du premier au dernier paragraphe. Ainsi va notre presse quand ses artisans, patinant sur la bottine de l’information partisane, glissent et dérapent…
Pierre Godin


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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2013

    Émilie Dubreuil sera l'invitée d'Anne-Marie Dussault à 24 heures en 60 minutes(RDI) ce soir. Charles Arnault de Neuilly-sur-Seine sera certainement ravi de la voir agir comme lui en laissant sous-entendre que les québécois sont des racistes, xénophobes, ect... qui devraient battre en retraite devant ses sectes extrémistes et intégristes multiculturelles.
    http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2013/11/25/002-secte-juifs-ultraorthodoxes-sainte-agathe-defense-fondateur-shlomo-elbarnes.shtml

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2013

    Est-ce que c'est vrai que le Père Noël passe par la cheminée?
    C'est la seconde fois en peu de temps qu'Émilie Dubreuil fait un reportage à Radio-Canada sur le religieux; l'autre fois, c'était à propos du port du niqab en garderie. D'une mièvrerie sans bon sens!
    Je suggère fortement à Émilie Dubreuil d'aller interviewé le Père Noël la prochaine fois avec ses questions complaisantes, amicales et infantilisantes. Elle pourrait nous parler des petits lutins, du petit rêne au nez rouge et tout le tralala.
    http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2013/11/25/002-secte-juifs-ultraorthodoxes-sainte-agathe-defense-fondateur-shlomo-elbarnes.shtml

  • Archives de Vigile Répondre

    24 novembre 2013

    Monsieur Godin
    Il n'y aura jamais d'indépendance au Québec tant qu'un parti, vraiment sérieux pour la réaliser, ne prendra pas les moyens pour contrôler le message. Dans le contexte actuel, il n'y à rien à faire sauf critiquer le système en place; c'est malheureux à dire mais c'est ça. Incroyable comme les Québécois se font manipuler par les médias surtout par La Presse et Radio (multiculturelle, assimilatrice, aliénante etc...) Canada. Et dire que nous payons 50 milliards $ d'impôt, annuellement à Ottawa, pour se faire désinformer de la sorte; que faisons-nous encore dans ce pays fasciste?
    Combien de fois ai-je suggéré au PQ sur Vigile de s'impliquer dans Télé-Québec pour renverser la vapeur mais rien ne bouge. Autre preuve que ce parti est de connivence avec l'establishment fédéraliste et que rien ne bougera. La seule façon de changer la donne, c'est une radicalisation dans les moyens pour faire de l'indépendance une réalité. Sinon, nous continuerons à tourner en rond et à vivre dans l'aliénation et la désinformation. Aux grands maux, les grands moyens!
    André Gignac 24/11/13

  • Archives de Vigile Répondre

    24 novembre 2013

    Ottawa maintient ses sanctions contre l'Iran
    « Nous sommes profondément sceptiques à l'égard de cet accord, de l'Iran, et de sa capacité à honorer ses engagements. » — John Baird
    Une fosse septique qui aurait un urgent besoin de se faire vidanger à Ottawa.
    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2013/11/24/004-accord-nucleaire-iran-reaction-canada-israel-pays-golfe.shtml?Authorized=1&AuthenticationKey=2_36_6f9e920a-d8a6-4d25-b492-228b435ec60c.pjbabllcfdiaahnkbgcplipgffgcbcmmilpddkjonggakpgikccngdgcgaolcgjcekgodeoldhkpglifkhonbjkffpogbeiobjnigcljfbopiejdldbdnchhiaheakiojhghokfj

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2013

    Vous ne saviez pas que les médias,surtout Radio-Canada se garde des nouvelles CONTRE le P.Q exprès pour que quand ils n'ont pas le choix de donner une mauvaise nouvelle sur les libéraux,ils peuvent sortir en même temps un petit quelque chose contre le P.Q comme ça les gens ont l'impression que c'est du pareil au même.
    C'est ça le genre de journalisme jaune du Québec de nos jours.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2013

    « Des médias cyniques, mercenaires et démagogiques produiront avec le temps un peuple aussi minable qu’eux! » Joseph Pulitzer.
    http://quebec.huffingtonpost.ca/2013/11/22/richard-martineau-en-burqa-lcn_n_4325408.html#comments

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2013

    Fait cocasse
    Il m'arrive de me libérer de mes méchantes humeurs sur le site de Radio-Canada et du Huffington Post qui se trouve à être un copier coller de l'autre, une filiale si vous préférez.
    http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2013/11/22/001-pont-champlain-voies-fermees-sud-fissure-inspection.shtml
    http://quebec.huffingtonpost.ca/2013/11/22/pont-champlain-voie-fermee-nouvelle-poutre_n_4321288.html
    Et bien, mes commentaires à Radio-Canada sont rejetés tandis qu'au Huffington Post, ils apparaissent durant quelques secondes mais sont retirés aussitôt.
    La morale de cette histoire, R-C et H-P emploient le même censeur mais il ne peut pas être partout à la fois. Une autre illustration que les fédéralistes sont des humains et qu'ils ont des faiblesses comme tout le monde.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2013

    Quand Anne-Marie Dussault a appris que Fatima rejoignait les rangs du parti libéral, elle a échappé un houra! comme si le Canadien venait de marquer un but.
    Je ne l'avait jamais vu aussi rayonnante à la télévésion.
    La preuve que nos journalistes fédéralistes à Radio-Canada ont du mal à cacher leur émotion parfois.

  • Chrystian Lauzon Répondre

    22 novembre 2013

    M. Godin,
    Cette maltraitance médiatique soulève en nous impuissance et rage au quotidien. Ce sont des intimidés-intimidateurs politiques à la Bouchard (bis)/Taylor.
    Ce qui surprend aussi, c’est qu’aucune association ou regroupement de journalistes ne dénonce ce dérèglement, cette gestion manipulatrice, arbitraire et politique de la nouvelle par les chefs de pupitre, servants de messe des hauts dirigeants et prédateurs de presse.
    L’inertie n’est pas que dans le bas de l’échelle sociale, mais dans le haut aussi, ces milieux dits intellectuels d'enseignement. Malgré les prétentions académiques universitaires d’analyse de ce qu’est une nouvelle et ce qui justifie de l’ordonner à la une ou en second lieu, la coupure est nette : ce qui est enseigné en circuit fermé dans les milieux du savoir fait fi de ce qui se produit en pratique, sans sortie publique ou protestation de professeurs, de ligue ou d’associations.
    Tout baigne de haut en bas dans une culture de l’amorphe, du carriérisme corporatiste autoprotectionniste, sans considération pour un réel professionnalisme, le respect du droit à l’information et du public.
    Dans un tel contexte, la voie est entièrement libre pour toute ethnie de faire la loi, appuyée par des politiques d’assimilation de la nation québécoise, sans plus aucun déguisement.
    Le "love-in" de 95 est devenu du "open-hate", le mécanisme fédéral de destruction fonctionnant à double sens.
    Caractère unique au monde des Québécois : un peuple qui s’excuse lorsqu’on lui écrase le pied, disait Foglia. Des radicaux islamistes l'aurait tué juste pour ça. Nous, devons lui donner encore raison.
    Et c’est aussi vrai pour ceux qui pètent de haut dans les chaires universitaires. Vous avez vu un seul philosophe sortir pour remettre à l’ordre Charles Taylor dans ses délires hégéliens et régressifs de penseur de l’État et du Canada? Aucun! Les p’tits mecs beaux parleurs sont tous alignés contre la charte, sauf cette estimable femme : Louise Mailloux.
    Si le débat reste personnalisé, sans contestation regroupée, la vulnérabilité face au pouvoir médiatique demeurera entière. Qu’un Georges Leroux soit sorti, debout, au Printemps érable et fasse présentement le tapis devant les inepties de Taylor, voilà qui ressemble à ce que Derrida appelait méprisamment du carriérisme à la petite semaine et une pensée de producteur de papier blanc pour circuit intellectuel d’évacuation.

    Sommes-nous indisciplinés, relâchés, seulement par conditionnement politique ou plus essentiellement par défaut ethnique? Car l’allure de la dénationalisation par immigration accélérée nous réduit à ce statut d’ethnie parmi d’autres, de sous-locataire sur notre propre territoire d’origine d’aménagement colonial. C’est dans cette faille de réduction ethnique que s’alimente le racisme par une triviale dichotomisation «exclusif/inclusif », que nous subissons à accepter d’en être affublé, localement, dans le ROC et via SRC jusqu'à Guy A. Le-très-petit-Page de sa Majesté.
    Chrystian Lauzon