Le "WE CAN" de 2008

Où est la bonne foi d'Obama?

N'est plus qu'un lointain souvenir vidé de tout son contenu

Tribune libre

Obama est un homme intelligent et sans doute des mieux informés. Il connait les véritables motifs du blocus mis en place par son pays contre Cuba depuis plus d'un demi-siècle: faire tout ce qui est possible pour que la révolution soit un échec, rendant la vie des citoyens toujours plus impossible de manière à que ces derniers en rapportent la responsabilité sur leurs dirigeants. Voici l’essentiel de ce plan, tel que décrit et soumis, le 6 avril 1960, au président Eisenhower, dans le mémorandum secret de l’adjoint du sous-secrétaire d’État d’alors, Lester Mallory:
« La majorité des cubains appuient Castro (…) Il n’existe pas une opposition politique effective. (…) L’unique moyen possible pour lui faire perdre l’appui interne est de provoquer la désillusion et le mécontentement en provoquant l’insatisfaction économique (...) et la pénurie. (…) Il faut mettre rapidement en pratique tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique (…) refusant à Cuba argent et biens de toute nature de manière à réduire les salaires et l’emploi, provoquant ainsi la faim, le découragement et la chute du gouvernement. »
Voilà le genre de démocratie qui intéresse les Etats-Unis. C’était le cas, il y a plus de 50 ans et c’est toujours le cas aujourd’hui, non seulement à Cuba, depuis 52 ans, mais en Libye, il y a un peu plus d’une année, en Syrie présentement, en Irak, en 2003, en Afghanistan, depuis plus de 11 ans, au Venezuela qui vient tout juste de se remémorer les 10 ans du coup d’État visant l’élimination du président légitimement élu, Hugo Chavez, et dont ce dernier continue de faire l’objet d’actions de harcèlement et de menace de mort, en Bolivie où les initiatives de sabotages et d’intimidation sont permanentes, en Équateur qui vient de se remettre d’une tentative de coup d’État, en 2010, au Honduras où on n’a pas hésité à sortir par la force, en juin 2009, le président légitimement élu, Manuel Zelaya. En somme, pour l’empire, tout pays, affranchi et indépendant de son pouvoir, est démocratiquement suspect et ses dirigeants, des dictateurs.
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Ces dessous des luttes contre ces peuples, M. Obama les connait mieux que quiconque. Il sait les mensonges qui les précèdent et les accompagnent pour mieux les faire accepter par l’opinion mondiale. Il en est même un des principaux acteurs. N’a-t-il pas réaffirmé cette fin de semaine, suite au Sommet des pays de l’OEA, que le blocus se justifiait toujours du fait que Cuba n’est pas démocratique, que son peuple ne peut pas s’exprimer, qu’il ne tolère aucune critique. Qui eût dit que celui qui tenait ces propos était celui-là même qui avait signé, il y a quelques mois, cette loi autorisant le Président des Etats-Unis et son exécutif à arrêter et, même, à faire exécuter quiconque dans le monde et aux Etats-Unis qu’il jugerait être un terroriste ou un danger pour la société. Voici ce qu’en dit Paul Craig Robert :
« Les évènements connus sous le vocable d’attentats du 11 Septembre ont été utilisés pour hisser la branche exécutive du pouvoir au dessus de la loi. Aussi loin que le président endosse un acte illégal, les employés de la branche exécutive ne sont plus redevables devant la loi qui prohibe cet acte illégal. Sur la simple autorité présidentielle, la branche du pouvoir exécutif peut violer les lois des Etats-Unis contre l’espionnage des citoyens américains sans mandat, ou de la détention infinie et de la torture et n’en souffrir aucune conséquence. »
Comment cet homme, Barak Obama, celui qui maintient une des pires prisons à Guantanamo, qui autorise la torture, qui se place au dessus de toutes les lois, peut-il faire la leçon à Cuba et aux 31 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes ? De quel droit ce pays se permet-il de décider ce qui est démocratie et respect des droits humains alors que ses principaux alliés, en Amérique latine, ont été bien souvent des dictateurs des plus sanguinaires et qu’au Moyen Orient ses grands amis sont les Émirats arabes qui n’ont aucune notion de la démocratie et des droits humains comme nous les entendons? Comment peut-il passer outre aux condamnations répétitives de l’Assemblée générale des Nations Unies de ce blocus considéré comme criminel et allant à l’encontre du droit international ?
Le Président de la Colombie, un allié sans conteste de Washington, a lui-même déclaré, lors du Sommet de Cartagena, que cette approche du blocus économique n’avait plus aucun sens, que c’était un vieil héritage de la guerre froide et, qui plus est, n’avait donné aucun résultat. Il s’est même permis de dire qu’un autre Sommet sans la présence de Cuba serait impensable.
En dépit de tout cela, Obama répète la même chanson sans se soucier si ce qu’il dit correspond toujours à la réalité. L’important c’est que le monde entende toujours la même cassette comme si ce dernier, le monde que nous sommes, ne pouvait voir au delà des clichés et des mensonges à répétition.
Je ne doute pas que les larmes de joie versées par le Pasteur Jesse Jackson lors de l’assermentation du président Obama, en 2009, se soient transformées en larmes de grande tristesse. C’est, à tout le moins, mon cas.
Oscar Fortin
Québec, le 16 avril, 2012
http://humanisme.blogspot.com
http://youtu.be/CvdZ5O04WIo

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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6 commentaires

  • Serge Charbonneau Répondre

    18 avril 2012

    La méthode décrite dans le mémorandum secret de Lester Mallory :
    « La majorité des cubains appuient Castro (…) L’unique moyen possible pour lui faire perdre l’appui interne est de provoquer la désillusion et le mécontentement… »
    C'est exactement la même méthode utilisée exactement partout. Tous les embargos, partout, ont toujours ce même objectif et visent à faire souffrir les populations pour que celles-ci se retournent contre ses dirigeants, alors que ceux-ci sont impuissants devant les blocus internationaux. Pensons à Saddam qui voyait mourir les enfants dans ses hôpitaux, pensons à Mugabe qui voyait son peuple décimé par la maladie, pensons à la Corée du Nord qui a froid et meurt de faim, pensons à partout où les embargos sont utilisés pour obtenir un régime qui a à cœur les intérêts de l'empire.
    Ces embargos sont le reflet de l'hypocrisie mondiale.
    Cette hypocrisie du monde du «bien» luttant contre les régimes du «mal» (l'axe du mal) !
    Il est mal de ne pas avoir les mêmes visions non pas politiques, ni religieuses, mais bien économiques de l'empire.
    L'empire impose que les citoyens soient au service de l'économie (l'église économique de la BM, du FMI et de l'OMC). Tout gouvernement voulant mettre l'économie, cet « outil », au service des citoyens est automatiquement stigmatisé par l'empire oligarchique mondial dont les États-Unis sont les plus fidèles serviteurs ayant l'armée politique, diplomatique et militaire la plus puissante qui soit.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Serge Charbonneau Répondre

    18 avril 2012

    Obama a été « LE » politicien qui m'a totalement, mais alors là t o t a l e m e n t «fourrer» !
    C'est soit le pire hypocrite qui soit ou celui qui nous a clairement démontré que le Président des États-Unis est un poste honorifique et que celui qui l'occupe est solidement tenu par les couilles (Obama a-t-il vraiment des couilles ????) !
    Lors de la campagne présidentielle (et même lors de la course à la chefferie démocrate) j'ai âprement défendu ce Tartuffe.
    Je m'en confesse.
    http://www.vigile.net/Obama-l-ennemi-qui-derange
    ( texte publié en 2009, bien voir mon commentaire de 2010 et celui de 2011, j'ai même commencé à rédiger un commentaire semblable en 2012 avant de m'apercevoir que je l'avais fait en 2010 et 2011, lorsque Vigile a ressorti mon texte dans la section "souvenir". ! )
    C'est fou le monde qui a assisté à son investiture à Washington.
    Un moment émouvant, trrrès émouvant, sincèrement émouvant !
    Des milliers de personnes étaient là pour applaudir, plusieurs les larmes aux yeux, j'en avais le cœur serré juste à voir l'événement à la télé !
    Il était celui qui représentait l'espoir.
    L'espoir d'un monde meilleur.
    L'espoir d'un monde où les États-Unis accepteraient d'être un Pays qui écoute (ce qu'il avait dit lors de sa campagne. Une phrase qui m'avait séduite et marquée !) oui, un Pays qui écoute et non un Pays qui dicte et qui menace.
    Force est de constater que rien n'a changé dans les politiques US.
    Obama ou Bush c'est e x a c t e m e n t pareil.
    Incroyable !
    Comme si les États-Unis ne pourront jamais être autrement.
    Vive la pluripolarité !
    Vive le monde multi-polaire où la force apparemment invincible de l'empire peut avoir des obstacles contre sa mission de régler le monde selon sa vision inhumaine des choses.
    Serge Charbonneau
    Québec
    P.S.: Grand merci à M. Fortin pour ce moment de réflexion.

  • Raymond Poulin Répondre

    16 avril 2012

    Les déclarations d’Obama, de même que les lois anti-constitutionnelles qu’il a fait voter sont, sont en fait limpides : les États-Unis sontr devenus un État totalitaire, fasciste. Son comportement (dans la lignée de Bush et d’autres avant lui) et les lois détruisant la constitution étatsunienne sont connus, officiels. Mais 95% au moins des citoyens états-uniens, canadiens et québécois voire européens n’en ont même jamais lu le premier mot. Ils préfèrent se fier aux journaux et téléjournaux mainstream, pour reprendre un anglicisme commode. Sur internet, ils consultent les jeux et la pornographie ou encore Facebook. Pour le reste, on les a habitués depuis 1896, date de la guerre des États-Unis contre l’Espagne, à croire que les États-Unis représentaient la liberté et la justice. Et ensuite, on continuera de verser des pleurs sur la supposée propagande de la Russie, de la Chine, du Vénézuela, de la Syrie, de l’Iran et autres méchants qui refusent de s’incliner devant l’Empire. On en trouve même des échos sur Vigile,de la part d’indépendantistes qui ne savent pas distinguer les amis des ennemis parce qu’ils suivent le catéchisme atlantiste comme, voilà cinquante ans, on suivait aveuglément les oukases du Vatican, c’est-à-dire quelques années après que le Vatican eut organisé l’exfiltration des principaux criminels hitlériens vers l’Amérique du Sud, les États-Unis et le Canada, avec la bénédiction des États-Unis.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2012

    Monsieur Fortin,
    Si le Barack Obama que vous présentez ici est le même à qui on a attribué le prix Nobel de la paix en 2009 « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales », je me demande comment cet homme peut aujourd'hui se regarder dans un miroir sans être envahi d'un fort sentiment de honte.
    Monsieur Fortin, je vous remercie pour vos articles éclairants. Espérons que les indépendantistes qui vous lisent n'accepteront jamais un Obama ou un Harper à la tête d'un Québec indépendant. Vive le Québec libre !

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2012


    Le salut de Cuba s'en vient par la Chine. Déjà, les
    Chinois font de bonnes affaires avec Cuba en fournissant
    des équipements de transport et de la technolgie en
    échange du sucre. Avec l'ouverture du nouveau canal, le
    Panamax, les affaires entre la Chine et Cuba vont augmenter.
    Lorsque les États Unis décideront de mettre
    fin à l'embargo, Cuba n'aura plus besoin des États Unis
    comme c'est le cas du Brésil actuel.
    Significativement, la Chine, la Russie, l'Inde et le
    Brésil viennent de passer un accord qui met fin au
    US dollar comme monnaie d'échange entre eux et les
    USA, qui vont se retrouver de plus en plus isolés.
    Ce sera casus belli sauf que cette fois, les Américains
    ne seront plus en position d'entreprendre une guerre.
    Il y a trop de Puissances contre eux.
    Pour moi, Obama, un avocat, est impuissant devant
    la force d'inertie du gigantesque État américain. Selon
    Machiavel et autres auteurs politiques,l'inertie est la
    force principale des États. Plus l'État est massif, plus
    il est entraîné par l'inertie.
    Voyez seulement ce qui
    se passe au Québec,
    alors que nos petits politiciens
    sont incapables de promouvoir les changements qui vont adapter le
    Québec à des exigences nouvelles
    en matière d'économie, d'éducation, d'environnement.
    Et le Québec n'est pas encore un État avec la majuscule.
    Lorsqu'il deviendra un État , que les Québécois
    sachent qu'ils sont appelés à vaincre l'inertie des
    structures politiques et bureaucratiques
    qui font tourner en rond et n'aller nulle part.
    L'État est mon domaine.Pour vaincre son inertie,
    il n'y a qu'une seule solution, qui n'a rien de magique, loin de là:
    la connaissance des principes universaux qui gouvernent
    et doivent gouverner toute stratégie d'État.
    Ces principes, il y en a treize, je les ai rédigés dans
    Géopolitique et avenir du Québec et expliqués de nouveau
    dans Défense territoriale pour la nation et l'État du
    Québec.
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2012

    "N’a-t-il pas réaffirmé cette fin de semaine, suite au Sommet des pays de l’OEA, que le blocus se justifiait toujours du fait que Cuba n’est pas démocratique, que son peuple ne peut pas s’exprimer, qu’il ne tolère aucune critique."
    En disant cela, Obama est d'un cynisme incroyable. N'est-il pas président d'un pays où les citoyens sont de plus en plus surveillés et d'un pays qui a le plus grand nombre de prisonniers par rapport à la population?
    De plus, l'utilisation des tristes événements du 11 septembre 2001 pour faire des États-Unis un état policier suppose une complicité possible au plus haut niveau de l'État dans ses attentats.
    Obama est là pour protéger ceux qui, avant lui, ont fait des guerres illégales (armes de destruction massive finalement inexistantes en Irak) et qui ont peut-être orchestré des attentats terroristes contre leurs propres citoyens.
    Inutile de dire que de penser à cela est totalement déprimant et à se décourager de l'être humain.
    Et dire que plein de nos bons Québécois ne jurent que par le modèle américain. Déprimant...