Ottawa protégera la gestion de l’offre

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Des promesses impossibles à tenir

Le ministre d’État fédéral à l’Agriculture, Maxime Bernier, promet qu’Ottawa protégera intégralement le système de gestion de l’offre qui régit les productions de lait, d’oeufs et de volailles dans l’éventuelle entente de libre-échange du Partenariat transpacifique.

Quelques centaines de producteurs s’étaient rendus devant son bureau de circonscription à Sainte-Marie de Beauce, vendredi, et le ministre est venu les rencontrer pour leur offrir cette assurance.

Les producteurs sont particulièrement inquiets de ces négociations alors que plusieurs pays, au premier chef les États-Unis, font pression sur le Canada pour qu’il abandonne le système de gestion de l’offre et ouvre son marché à ces trois secteurs de production agricole. Le ministre Bernier a fait valoir que le gouvernement conservateur a signé des ententes de libre-échange avec 37 pays depuis son arrivée au pouvoir et que la gestion de l’offre avait été préservée à chaque fois.

Pendant qu’il s’adressait à eux, les producteurs réclamaient toutefois qu’on protège « intégralement » le régime actuel et, par la suite en point de presse, le ministre a précisé que le mandat du négociateur fédéral était « de préserver le système de gestion de l’offre de façon intégrale, avec ses trois piliers, c’est-à-dire le contrôle de la production, le contrôle des prix et le contrôle des importations ».

Mercredi, l’ambassadeur des États-Unis au Canada, Bruce A. Heyman, pressait le Canada, dans une entrevue au journal Les Affaires, d’agir rapidement pour ouvrir le marché canadien à ces trois productions des autres pays. Les producteurs canadiens font valoir que les autres pays protègent aussi leurs productions par le biais de lourdes subventions à l’agriculture et le que le système de gestion de l’offre du Canada a le même objectif et n’a pas à être remis en question puisque les subventions agricoles des autres pays sont exclues des discussions.

Le même jour le président de la Fédération des producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, reconnaissait que le Canada se retrouve, comme dans toutes les négociations de libre-échange, dans une position vulnérable dans ce dossier. « Le talon d’Achille de la gestion de l’offre, c’est qu’il s’agit d’un système de protection réglementaire, disait-il en entrevue à La Presse canadienne, alors que les autres pays, eux, subventionnent l’agriculture. Nous, notre produit est vendu à la valeur qu’il coûte à produire », explique le producteur qui déplore la position de faiblesse dans laquelle se place Ottawa. « Ce que je reproche au gouvernement canadien, c’est d’avoir accepté de mettre la gestion de l’offre sur la table, mais les autres n’ont pas mis leurs subventions sur la table », même si l’objectif des deux stratégies est le même.

Le résultat, cependant, est fort différent, fait valoir M. Letendre. « Le lait coûte 70 $ l’hectolitre à produire sans subvention. En le baissant à 35 $, 40 $ avec des subventions, on les voit jeter du lait aux États-Unis et en Europe, où il y a aussi des subventions », ajoutait-il. « Le système que ces pays nous demandent de démanteler marche beaucoup mieux que celui qu’ils ont chez eux. »

Les négociations de libre-échange du Partenariat transpacifique reprennent ce vendredi à Hawaï. Les négociations impliquent, outre le Canada et les États-Unis, le Chili, le Mexique, le Pérou, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, Brunei, le Japon, la Malaisie, Singapour et le Vietnam.


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