Les tout derniers événements dans différentes régions du globe mettent en évidence que l'OTAN se substitue de plus en plus souvent à des institutions internationales et court-circuite le Conseil de sécurité de l'ONU. Il paraît que l'Alliance s'est fixé pour objectif le contrôle mondial.
Pourtant tous les acteurs ne partagent pas ce point de vue. Il est peu probable que Moscou et Pékin acceptent la situation dans laquelle l'alliance occidentale tentera d'établir un contrôle global et d'assumer les fonctions de juge, de procureur et de policier.
Les résolutions de l'ONU sur des conflits dans une telle ou telle partie du globe jouent un rôle toujours moindre pour l'Occident. Plus encore, la tentative de l'OTAN de se substituer à la communauté mondiale n'est pas neuve. Une fois cela été déjà approuvé par le Conseil de sécurité. Il s'agit de l'Afghanistan où l'alliance a mené les opérations contre les talibans. En ce qui concerne l'occupation de l'Irak, l'OTAN n'y a pas participé. Mais cela ne tient pas à l'absence d'un mandat des Nations Unies. Tout simplement de nombreux alliés des Etats-Unis, plus particulièrement la France et l'Allemagne, ont refusé de participer à cette aventure sanglante. Aussi les Américains ont-ils décidé d'intervenir seuls. Mais les origines de cette histoire remontent à la Yougoslavie. L'OTAN a bombardé un Etat indépendant contrairement à la décision du Conseil de sécurité de l'ONU. La mission de l'ONU a été de fait contrôlée par l'alliance. Tout a abouti à la reconnaissance de « l'indépendance » du Kosovo. Le droit international a été complètement bafoué. Il paraît que l'Occident a alors pensé : à quoi sert une structure archaïque sous forme des Nations Unies, si un bloc militaire peut réorganiser le monde et lui dicter sa volonté ?
Le chef du secteur de la sécurité européenne à l'Institut de l'Europe Dmitri Danilov estime que ces idées ont au moins vingt ans :
« Avant la crise yougoslave, des déclarations ont été déjà faites en haut lieu de l'OTAN d'après laquelle l'alliance était prête à participer aux opérations de paix, en Europe compris, mais qu'elle ne voulait pas servir de simple sous-traitant de l'ONU et d'autres organisations internationales. Sur fond des bombardements de la Yougoslavie l'OTAN a adopté un nouveau concept stratégique ayant énoncé les éléments clés de sa politique : l'OTAN prend des décisions indépendantes sur ses opérations, y compris en dehors de son territoire et avec l'utilisation des forces armées ».
Après la désintégration de l'Union soviétique l'OTAN ne parvenait pas pendant un certain temps à formuler une doctrine précise de son existence. Car tout bloc militaire doit recevoir des renforts et comprendre qui est son adversaire. Il ne lui restait plus de terrain pour s'élargir : seules l'Ukraine, la Géorgie, l'Autriche, la Finlande et la Suède restaient en dehors de ses rangs. Cependant l'alliance a vite conclu que l'ennemi traditionnel en personne de la Russie représentait le danger principal. Elle a poursuivi son élargissement à l'est, en direction des frontières russes, tout en déclarant que de tels projets n'existaient pas. Cette histoire a traîné en longueur. Mais à présent, suite à la confrontation avec Moscou provoquée par l'Occident, l'OTAN s'est remise avec une force nouvelle à la tâche de réorganisation du monde. En attentant en paroles. Ses représentants se sont déjà exprimés même au sujet du Haut-Karabakh.
Le professeur de l'Université russe de l'amitié des peuples Maksim Kisselev est convaincu que cette politique sera poursuivie :
« Le cas de l'Ukraine n'est pas le premier quand l'OTAN tente de contourner les décisions du Conseil de sécurité de l'ONU. Mais la situation actuelle, très incertaine et tendue, rappelle fort les événements précédant le début de la Première guerre mondiale alors que toutes les parties avaient mal interprété les intentions d'autrui. Une allumette peut suffire à déclencher le conflit. Dans ce contexte la Russie sera plutôt entendue par la Chine que par tous les autres membres du Conseil de sécurité ».
Il y a quelques ans les secrétaires généraux de l'OTAN et de l'ONU ont signé sans grand tapage une déclaration de coopération entre les secrétariats des deux organisations. Il a été question de la coopération entre elles dans la lutte contre les défis contemporains, à savoir le terrorisme. Cependant le document ne renferme aucune mention du rôle dirigeant de l'ONU pour assurer la stabilité dans le monde.
Quant à l'OTAN, elle n'a jamais pris l'engagement de se tenir au droit international. De cette façon le rôle de l'ONU a été nivelé à dessein. La Russie a exprimé son indignation par cette circonstance. Cela n'a pas été non plus apprécié par d'autres acteurs, ceux qui utilisent la « force douce » pour faire face au nouvel ordre mondial imposé par l'Occident et son bloc militaire. Il paraît que les événements ultérieurs auront lieu sur ce terrain géopolitique.
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