Géopolitique de l’énergie et souveraineté

Oléoduc : le Québec a-t-il le gros bout du tuyau ?

Vidéo de la conférence

Chronique de Jean-Claude Pomerleau


En avril 2004, J.R.M. Sauvé publie un texte qui frappe l’imaginaire : « L’implosion du Canada ».
Où en est cette prédiction huit ans plus tard ?
La montée en puissance des provinces pétrolières a mené à une profonde métamorphose du Canada. Depuis 2008, la fédération est entrée dans un processus irréversible de dislocation. Prenant la mesure de ce nouveau contexte, quelle stratégie adopter pour rebâtir le rapport de force si nécessaire à l'avancement de la cause souverainiste ?
Voici la vidéo de la conférence donnée par Jean-Claude Pomerleau le 13 décembre dernier dans le cadre des Jeudis de l’indépendance à la Maison Ludger-Duvernay :


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4 commentaires

  • @ Richard Le Hir Répondre

    30 décembre 2012

    M. Pomerleau,
    Votre conférence m'a ramené en mémoire l'histoire tragique d'un grand patriote italien Enrico Mattei, disparu dans l'écrasement éminemment suspect d'un avion d'affaires au début des années 1960.
    Voici ce qu'on trouve à son sujet sur Wikipédia :
    Enrico Mattei (29 avril 1906 - 27 octobre 1962) était un industriel italien dans le domaine du pétrole. Après la Seconde Guerre mondiale, Mattei a été chargé de démanteler l’Agip, l’agence pétrolière de l’Etat établie par le régime fasciste.
    Mais au lieu de cela, il l’a développée et réorganisée en un trust national, l'Ente Nazionale Idrocarburi (ENI). Sous sa direction, l’ENI a négocié d’importantes concessions pétrolières au Moyen-Orient, ainsi que des accords commerciaux de grande portée avec l’Union soviétique, qui ont permis de briser l’oligopole des Sept Sœurs qui dominait l’industrie pétrolière au milieu du xxe siècle. Il a aussi introduit le principe selon lequel le pays où se situe l’exploitation pétrolière perçoit 75 % des profits.
    Mattei, qui est devenu une personnalité puissante en Italie était un démocrate-chrétien de l’aile gauche et a été député de 1948 à 1953. Il a fait d’ENI une compagnie puissante, au point que les Italiens l’ont qualifié d’« État dans l’État ». Il est mort dans un accident d’avion mystérieux en 1962, vraisemblablement causé par une bombe embarquée. Cette affaire non résolue a été une obsession en Italie pendant des années et a été le sujet du film « L'Affaire Mattei » de Francesco Rosi en 1972.

    Je me souviens d'avoir vu « L'Affaire Mattei » (en italien, Il caso Mattei) au cinéma de la Place Ville-Marie en 1975. Je travaillais alors chez Esso, comme conseiller aux affaires publiques, et mon bureau était situé quelques étages plus haut. J'avais donc décidé de prendre un après-midi pour me « documenter » et j'avais été voir ce film extraordinaire à l'époque.
    Alors que tous les autres films de Francesco Rosi sont désormais disponibles sur DVD, celui-là ne l'est pas, et je soupçonne que le sujet y est pour quelque chose. Heureusement, la RAI (SRC italienne) a eu l'excellente idée de le diffuser sur ses ondes récemment, et de le conserver en archives, accessibles au grand public. Je viens tout juste de le revisionner. Si vous avez une facilité pour les langues et que vous comprenez l'italien, je vous le recommande vivement. https://www.youtube.com/watch?v=m_O1csaDwMw

    Vous verrez que Mattei avait un sens de l'État et de l'intérêt national peu commun. Et vous comprendrez comment il s'est heurté de front aux intérêts nationaux des États-Unis qui l'ont tout simplement éliminé avec la complicité de certains politiciens italiens qu'ils contrôlaient.
    Richard Le Hir

  • Marcel Haché Répondre

    29 décembre 2012


    Je n’ai aucun-aucun-désaccord avec votre analyse.
    Permettez-moi d’insister et d’appuyer à ma façon sur quelques points qui peuvent diverger peut-être de votre analyse, sait-on jamais.
    1. Le Canada de P.E.T. est mort. C’était le Canada du West Island et de l’Ontario. Le P.L.C est mort itou.
    2. c’est le Canada du West Island qui a abusé de l’électorat québécois lors du rapatriement de la constitution.
    3. c’est également le West Island qui est à l’origine du splendide isolement dans lequel patauge Québec depuis les deux référendums perdus.
    4. La seule façon de sortir Québec de son isolement, c’est qu’il se fasse des amis, en sachant bien qu’en politique, ni les amis ni les ennemis sont permanents…
    5. C’est Terre-Neuve qui peut devenir le meilleur ami du Québec. Pour de nombreuses raisons permanentes…
    6. Les indépendantistes restent dans le rêve le plus absurde s’ils continuent toujours de réclamer le Labrador.
    7. Refaire des alliances est à la portée des gouvernements québécois s’ils cessent de craindre les nationaleux et la gauche nationaleuse, qui rêvent ensemble à poings fermés depuis 40 ans. C’est l’intérêt du P.L.Q. et de la C.A.Q. mais aussi du N.P.D. et de Q.S que Québec reste dans son splendide isolement.
    8. La « dislocation » en cours peut être accélérée puissamment si les indépendantistes jouent la game de l’intérieur, ce qu’ils n’ont jamais fait, plutôt que de toujours bouder et continuer de croire qu’une élection ou un référendum seuls peuvent disloquer la fédération de l’extérieur.
    9. Enfin, sur le Labrador, personne au Québec ne va mourir pour lui. Le contentieux Québec-St-Jean peut être surmonté. Cela pourrait être une façon de sortir Ottawa d’une relation qui Nous intéresse beaucoup parce qu’elle Nous concerne, mais qui n’intéresse pas beaucoup Ottawa de toute façon.
    10. La souveraineté du Québec à la pièce (multiples ententes administratives comme Emploi-Québec) peut se faire de facto. Cela conviendrait parfaitement à la tradition britannique, toujours prête à tout négocier, mais à la condition de ne jamais rien nommer.
    11. Une majorité parlementaire d’un gouvernement souverainiste québécois est décisive quant à la dislocation de la fédération canadienne. Car…car…et c’est le point le plus sous-estimé par les indépendantistes (précisément parce qu’ils ont toujours refusé de jouer la game de l’intérieur) car..car…
    12. Le West Island a été largué par ceux qui exercent le pouvoir sur la fédération. De ce point de vue, et s’il était majoritaire, le parti souverainiste au pouvoir aurait les coudées franches, ce qu’aucun autre gouvernement péquiste avant lui n’avait eu.
    Bonne année Jean-Claude Pomerleau.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 décembre 2012

    À celles et ceux qui comme moi sont portés à donner priorité aux documents écrits je recommande fortement, pour une vision globale des éléments en cause, de ne pas manquer le visionnement de cette vidéo de la conférence de monsieur Pomerleau pendant qu'elle est comme maintenant tout-à-fait d'actualité.
    Malgré le fait que les diapos ne soient pas lisibles sur la vidéo, la clarté de la voix du conférencier suffit largement à la compréhension du sujet. Il faut visionner ce document.
    Pour rejoindre un plus grand nombre de "lecteurs" il serait tout de même intéressant de disposer du verbatim de cette conférence car le texte, selon moi, se suffit à soi-même.

  • André Vincent Répondre

    29 décembre 2012

    Très impressionnant tout ça, monsieur Pommerleau. Mais théorie, valable j'en conviens mais quand même thèories.
    D'accord de devoir tenir compte de notre environnement politique, et d'accord aussi avec le fait que la politique est avant tout un rapport de force.
    Mais le problème du Québec est bien au delà de tout ça, il est dans sa propre volonté de vivre. D'exister.
    Reconstruire un rapport de force est une chose, vouloir cette force en est une autre.
    C'est l'âme qui est atteinte. Bien sûr, on espère toujours, mais pour combien de temps encore.
    Merci de vous battre.
    André Vincent
    P.S. Votre conférence m'est restée dans le coco.