Nous... Nous! - Le Québec entre suspension et exclamation

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012

Nous? , magnifique suite au Moulin à paroles, 12 heures éminemment politiques et poétiques, où des Québécoises et des Québécois de tous les horizons ont partagé leurs craintes et leurs espoirs quant au Québec d'aujourd'hui et de demain. Douze heures, mais après cette belle bulle presque hors du temps, que dit le retour à la réalité: Nous? Le point d'interrogation demeure et est même trop souvent remplacé par pire, en ce printemps du Québec, qui se fait attendre depuis plus de trente ans, déjà.
En fait, le retour à la réalité nous montre que le Québec est en suspension, nous n'en sommes encore qu'au Nous... Collectivité prise dans la petitesse, la mesquinerie, de ces points de suspension. Trois points terribles dont nous semblons encore incapables de nous affranchir: ce point final à la fin de lois incohérentes qui dilapident notre « capital humain » et vendent sans vergogne nos richesses naturelles aux intérêts privés; ce point final à la fin d'un rapport sur le dérapage de l'escouade anti-émeute lors de manifestations étudiantes, qui ne sera probablement pas rendu public, alors que des chroniqueurs démagogues s'en donnent à coeur joie et ne voient la violence que d'un côté; ce point final des injonctions et jugements des tribunaux qui nous disent que la revendication de l'utilisateur-payeur place le droit individuel au-dessus de la volonté collective.
Ce Nous toujours hésitant, toujours en suspension, me fait si souvent désespérer. Pourtant, ce printemps, les étudiants ont osé dire Nous! haut et fort, mais le point d'exclamation demande du courage, il est fier, il se tient droit, revendicateur et solidaire et requiert des citoyens debout.
Nos étudiants sont l'incarnation de ce que chantait Sylvain Lelièvre:
« Je dis qu'ils refuseront/
_ Ce monde triste que nous sommes/
_ Où pour avoir leur pain les hommes/
_ N'ont qu'à se tenir à genoux »!


Les revendications étudiantes vont bien au-delà d'une question de hausse de droits de scolarité, les étudiants nous rappellent, ce printemps, ce que c'est que de vouloir et d'agir pour un monde plus juste, capable de dire Nous! Cela ne se fait pas sans efforts et sans risques, il est plus que temps de nous lever, nous aussi, militants de la première heure reprenant espoir, comme citoyens plus réservés constatant l'importance de l'engagement social, pour tenir le point d'exclamation avec eux. Nous!


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