Moubarak offre le chaos

Promettant, par la parole, qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession, Moubarak est, dans les faits, le candidat du chaos.

Géopolitique — Proche-Orient

Par Amirouche Yazid - Prédestiné au triste statut de président déchu, à l’image de son ex-confrère Ben Ali, Hosni Moubarak semble jouer le temps additionnel d’un règne de trente ans. Après avoir épuisé un discours pathétique dans lequel il annonçait qu’il ne briguerait pas un énième mandat, le Raïs n’a pas hésité à mettre l’Egypte sur la voie du chaos.
Les Egyptiens, qui éprouvent de la difficulté à se rappeler le nombre de mandats exercés par Moubarak, veulent plus que jamais écrire une ère nouvelle. Le désir de changement exprimé par des millions d’Egyptiens se heurte cependant à la folie du pouvoir de Moubarak qui a libéré dans la soirée d’hier ses sbires pour faire de la place Al Tahrir un champ de ruines.
Rien que pour se maintenir aux commandes contre la volonté populaire. Hosni Moubarak n’a pas trouvé de meilleur moyen pour contourner sa propre remise en cause par le peuple que d’actionner ses ultimes fidèles dans une partie où les jets de pierres ont étouffé la voix des slogans significatifs que scandaient les partisans du changement. Le message est éloquent : Moubarak n’envisage pas de se retirer du pouvoir avant le mois de septembre prochain, date du déroulement de l’élection résidentielle pour laquelle il promet qu’il ne sera pas en lice.
Il semble cependant que les Egyptiens ne croient plus aux effets d’annonce. Cette méfiance, légitime, à l’égard du pouvoir en place a été réitérée après le discours risible de Moubarak dans la nuit de mardi. Face à des millions d’Egyptiens qui réclamaient son départ - le plus tôt serait le mieux - ainsi que celui du régime, Hosni Moubarak répond par une promesse de non-candidature pour la présidentielle de l’automne prochain. Une promesse qu’il n’hésiterait pas à enterrer dans le cas où il parviendrait dans les heures et les jours qui suivent à se replacer. Un acte guère improbable de la part d’un pouvoir qui a excellé dans l’art de gérer contre les aspirations du peuple.
Les affrontements entre partisans du changement et fidèles de Moubarak, qui offrent des images bouleversantes, traduisent l’entêtement de la caste Moubarak à ne rien lâcher même au prix d’un chaos qui guette désormais l’Egypte. Même le régime policier de Ben Ali a tenté sa survie par des procédés moins meurtriers que ceux mis par Moubarak, manifestement prêt à embarquer son pays dans une situation aussi chaotique qu’inédite.
L’entêtement de Moubarak à instaurer un climat de terreur dans le pays se vérifie aussi dans la position officielle de l’Egypte à l’égard des appels des capitales occidentales suggérant «une transition immédiate du pouvoir». Face à ces appels pour une ouverture politique, le régime égyptien ne compte rien concéder de concret. Promettant, par la parole, qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession, Moubarak est, dans les faits, le candidat du chaos.


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