Morneau placera ses actifs en fiducie si la commissaire l’exige

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Vu ses fonctions aux Finances, il devrait être celui qui donne l'exemple

OTTAWA | Le ministre fédéral des Finances Bill Morneau a indiqué lundi qu’il acceptera de placer ses actifs dans une fiducie sans droit de regard si la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique l’exige.


«J’ai suivi les demandes de la commissaire depuis le début. Si elle me demande d’avoir une fiducie sans droit de regard, je vais le faire pour m’assurer que je suis libre de tout conflit d’intérêts», a-t-il déclaré au cours d’un point de presse en banlieue de Toronto.


Les journalistes ont dû s’y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir s’adresser directement à Bill Morneau. Le premier ministre Justin Trudeau a insisté au moins deux fois pour répondre lui-même aux questions avant de finalement laisser la parole à son ministre.


«Tous les parlementaires travaillent avec la commissaire pour être sûrs qu’ils font les choses de la bonne façon, a dit M. Trudeau. Bill Morneau l’a consulté abondamment pour s’assurer qu’il faisait la bonne chose pour protéger son intégrité et celle de son ministère.»


Des actifs d’environ 43 millions $


À la suite de son élection en 2015, le ministre Morneau n’a pas placé ses actifs dans une fiducie sans droit de regard, a rapporté dimanche soir le «Globe and Mail».


Le Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique recommande aux élus qui possèdent des actifs de les placer dans une fiducie sans droit de regard ou de les vendre. Toutefois, M. Morneau n’a exercé ni l’une ni l’autre de ces options, selon le quotidien de Toronto.


Le ministre détenait en 2015 un peu plus de 2 millions d’actions de la firme spécialisée en ressources humaines Morneau Sheppell, des actifs évalués à environ 43 millions $.


Il a été impossible pour le «Globe» d’obtenir les détails exacts des démarches entreprises par Bill Morneau afin de se prémunir contre de possibles conflits d’intérêts. Ce dernier a fait savoir que la commissaire Mary Dawson lui avait assuré qu’il n’avait pas besoin de placer ses actifs dans une fiducie sans droit de regard.


CBC a révélé la semaine dernière que le ministre des Finances avait attendu deux ans avant de signaler à la commissaire sa participation dans une compagnie qui gère une villa de Provence, en France. Le bureau de M. Morneau a dit que cet oubli était attribuable à une «confusion administrative».


Aux Communes


La controverse a occupé une bonne partie de la période de questions lundi à la Chambre des communes, l’opposition talonnant le secrétaire parlementaire du ministre, Joël Lightbound. Les conservateurs ont accusé M. Morneau d’agir comme s’il était «au-dessus des lois», alors que les néodémocrates lui ont reproché d’être déconnecté de la classe moyenne.


«Le ministre s’est plié aux exigences de la commissaire à l’éthique», a répété M. Lightbound à maintes reprises.


«Si le ministre n’est pas intéressé à répondre aux questions, dites-lui que j’ai une villa à lui vendre», a répliqué Guy Caron, chef parlementaire des néodémocrates, insatisfait des réponses obtenues.