Dette américaine

Moody's place les États-Unis sous surveillance

L'État fédéral a atteint à la mi-mai le plafond de la dette que lui autorise la loi, à savoir 14 294 milliards de dollars.

Crise mondiale — crise financière


Agence France-Presse WASHINGTON - La tension est brusquement montée mercredi autour de l'impasse du débat budgétaire aux États-Unis, le président de la Fed mettant en garde contre une «crise majeure» et l'agence Moody's précisant sa menace d'abaisser la note de dette du pays.
Alors que le président Barack Obama a retrouvé en fin d'après-midi les dirigeants du Congrès pour la quatrième journée consécutive de négociations, les positions des démocrates et des républicains paraissaient toujours aussi difficiles à réconcilier, à l'approche de la date butoir du 2 août.
Mardi, en prenant acte selon lui de l'instransigeance de M. Obama, le chef de la minorité républicaine du Sénat Mitch McConnell avait proposé un plan de secours qui ferait porter au président et à son parti la responsabilité politique d'un relèvement du plafond de la dette, ou au contraire d'un défaut de paiement.
La Maison Blanche a réagi avec méfiance à cette proposition. Son porte-parole Jay Carney a estimé mercredi que «ce n'est pas l'option privilégiée. Le président est engagé à parvenir à des coupes significatives dans les dépenses et à gérer nos problèmes de dette et de déficit de façon équilibrée».
M. Carney faisait ainsi allusion à des hausses d'impôts pour les plus riches, voulues par M. Obama pour réduire le déficit, mais que les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, refusent catégoriquement.
Les réunions quotidiennes organisées depuis dimanche à la Maison Blanche n'ont jusqu'ici abouti à aucun résultat concret. Aucun détail n'a filtré dans l'immédiat de celle de mercredi après-midi, qui a duré près de deux heures.
C'est dans ce contexte que le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a averti mercredi qu'un défaut de paiement créerait des «problèmes énormes» pour le pays et une «crise majeure» à l'échelle mondiale.
M. Bernanke a aussi estimé que ne pas le relever équivaudrait à "dépenser comme un fou avec sa carte de crédit et refuser ensuite de payer la facture".
Le département du Trésor affirme qu'il ne pourra pas éviter de se retrouver en défaut de paiement si le plafond légal de la dette publique du pays n'est pas relevé d'ici au 2 août.
«Il faut à la fois un relèvement du plafond de la dette qui nous permettrait d'éviter un défaut» de paiement, mais «aussi que nous prenions des mesures sérieuses pour changer la trajectoire intenable de notre situation budgétaire» à long terme, a dit M. Bernanke devant la Commission des services financiers de la Chambre. «Je pense que ces deux objectifs peuvent être atteints».
Et pour encore rappeler l'urgence d'une solution, Moody's, l'une des grandes agences d'évaluation financière, a annoncé mercredi qu'elle envisageait d'abaisser la note de dette des États-Unis, actuellement la meilleure possible avec «Aaa», «étant donné la donné la probabilité croissante que la limite légale à la dette ne sera pas relevée dans les temps».
«La façon dont Moody's évalue les choses est un rappel opportun de la nécessité pour le Congrès d'agir rapidement pour éviter de faire défaut sur les obligations du pays», a réagi un secrétaire adjoint au Trésor américain, Jeffrey Goldstein.
De son côté, le bureau du président républicain de la Chambre, John Boehner, a estimé que l'annonce de Moody's illustrait la nécessité pour «la Maison Blanche d'agir rapidement pour régler la crise de la dette de notre pays, (sinon) les marchés pourraient le faire pour nous».
L'État fédéral a atteint à la mi-mai le plafond de la dette que lui autorise la loi, à savoir 14 294 milliards de dollars. Depuis, le Trésor a eu recours à des mesures techniques pour rester sous cette barre, dont il estime qu'elles seront épuisées le 2 août.


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