Montréal la Blanche projeté à Alger

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Montréal à Alger

L'oeuvre est le fruit de dix ans de recherche et d'écriture. Le film surfe également sur le thème de l'éclatement des couples algériens au Canada, notamment à l'orée des années 2000.

Le soir de Noël, deux Algériens se croiseront et seront unis par des secrets qu'ils croyaient enfouis depuis longtemps. Amokrane a décidé de mettre de côté les festivités pour conduire son taxi et espère ainsi faire un peu d'argent. Une femme charmante monte dans son véhicule. Celle-ci est pourtant désespérée d'avoir manqué un rendez-vous avec son ex-mari, qui devait lui remettre sa fille.
Le chauffeur de taxi la reconnaît soudainement. Il s'agit de Kahina Kated, une populaire chanteuse algérienne qui avait subitement disparu après un attentat lors d'un concert en 1997 en Algérie. Cette présence inattendue lui fera revivre de nombreux souvenirs et des conversations nostalgiques auront lieu. Tel est le synopsis du film Montréal la Blanche de Bachir Bensaddek. L'oeuvre vient d'être projetée à l'Institut français d'Alger à l'occasion des journées francophones du cinéma qui s'inscrivent dans la journée de la francophonie célébrée le 20 mars de chaque année.
La projection de l'oeuvre a eu lieu en présence du réalisateur. Son Excellence Mme Isabelle Roy, ambassadeur du Canada en Algérie et d'autres diplomates de haut rang, notamment suisses, croates, polonais, wallons ainsi que l'ambassadeur du Gabon ont également été présents à la séance cinéma de la soirée. Dans ce film les principaux rôles sont magistralement campés par Karina Aktouf et Rabah Aït Ouyahia. Leur naturel et le langage dialectal algérien finissent par rendre compte des choix judicieux du réalisateur algéro-canadien, mais et surtout de sa haute expertise dans la direction des acteurs. Dans ce long métrage d'une heure et demie, la nuit et le taxi sont le théâtre du choc de deux drames, de deux solitudes. Dans le rétroviseur, une certaine Algérie, celle des années de la décennie noire, resurgit, s'immisce dans tous les silences, avec son cortège d'ombres et de douleurs que l'on croyait engloutie dans le grand froid nord américain. Déjà télédiffusé sur TV 5 Monde et Arte le film bénéficie cette fois des standards PCB qui lui confèrent un rendu de grande qualité. «En recourant à cette technologie j'ai voulu rendre hommage à tous ceux qui ont participé à cette oeuvre» souligne Bachir Bensaddek. Un soir de Noël et en plein mois de Ramadhan, le destin réunit dans un véhicule, Amokrane et son idole, ex-chanteuse algérienne, Kahina Kated. Resurgit alors un passé dont ils se croyaient débarrassés.
La trame du film fait ressortir les difficultés de la jeune immigration algérienne ballottée entre oubli et réminiscence, appel du pays et assimilation. La technique du fondu enchaîné soutient ce déchirement en extirpant tantôt le téléspectateur de la neige de Montréal et tantôt en le plongeant dans une Algérie en bute au terrorisme aveugle. L'histoire, c'est-à-dire le film finit par être percutant. Fort. La dextérité du metteur en scène est telle que dans ce long métrage deux cultures se rencontrent: Noël et Ramadhan font bon ménage, et même la musique de la fête chrétienne Mon beau sapin de noël est hardiment jouée en version chaâbie. Tout un art! Le document met donc en relief le dilemme qui mine les deux protagonistes, à savoir leur volonté de faire table rase du passé et l'attachement au pays natal. «J'ai voulu raconter l'histoire de deux écorchés de l'émigration» indique à ce titre Bachir Bensaddek. Ce dernier explique qu'il ne tente pas pour autant de livrer un thème sur la typologie de l'émigration à Montréal. «J'ai voulu mettre en scène les personnages les plus directement intéressants, ces personnes écorchées vives qui ont de la difficulté à vivre avec leurs souvenirs» souligne à ce titre le réalisateur. Et ce dernier de poursuivre: «J'ai voulu donner la parole à des gens qui sont venus à une période difficile de leur vie et qui se reconstruisent.» Dans le film, Kahina Kated finit par retrouver sa fille. Le film trouve donc son épilogue sur une note optimiste.
En effet Bensaddek rappelle qu'il a veillé à trouver un fond d'apaisement et à fédérer le public.


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