Guerre culturelle

Mon cercle d’amis est uniformément blanc. Comment faire pour y ajouter un peu de diversité ?

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La culpabilisation blanche gagne le Québec


Dans sa chanson « Talent », le groupe Avec pas d’casque lance : « Et je réalise que je connais davantage de lesbiennes que de gens de couleur. » Je l’avoue, c’est aussi mon cas. « C’est peut-être un hasard », ajoute la chanson. Je l’espère, parce qu’autrement, ça dirait quelque chose de gênant.


Mal équipé pour répondre, j’ai appelé Vanessa Destiné, coanimatrice du balado Pigments forts, une émission qui parle des questions liées à la diversité « en partant du point de vue des personnes racisées ». Et ce point de vue, elle me l’a donné d’emblée : « Nous ne sommes pas des Pokémon à collectionner ! Il y a un grand malaise à voir quelqu’un arriver et te regarder comme un objet de fascination. On ne veut pas être fétichisés. »


On ne recommandera évidemment pas de partir en safari ethnologique, à la chasse à « l’ami exotique ». On peut bien aller traîner là où il y a de la diversité, mais on ne peut rien forcer.



 


Les amitiés viennent d’abord de notre milieu de vie. Est-ce simplement normal d’avoir un réseau homogène ? Après tout, Vanessa connaît des personnes noires nées à Montréal-Nord qui n’ont pas d’amis blancs. Comme elle l’explique, « la ghettoïsation fait partie de la socialisation ».


Un malaise demeure quand même en voyant à quel point notre réseau social est replié sur lui-même, ce qui nous prive de regards uniques sur le monde. (On présume que c’est ce que vous cherchez en diversifiant vos amitiés, et non pas un moyen de faire de plus belles photos pour votre compte Instagram, façon pub de Benetton.)


Cela dit, vos nouveaux amis n’auront pas nécessairement envie de vous expliquer la vie. Servir de référence pour tout ce qui a rapport à la diversité, c’est lourd, rappelle Vanessa. « Si tu as besoin de trouver des réponses, il y a des organismes dont c’est le travail de faire de l’éducation. Moi, je veux être une personne avant d’être une personne noire. » On peut d’ailleurs être un bon allié sans être ami personnellement avec quelqu’un. « Il suffit d’être à l’écoute des enjeux importants. Avec Internet, ce n’est pas si difficile. »



 


Et le jour où vous aurez un ami plus foncé que vous, de grâce, gardez-le hors des phrases qui commencent par « Je ne peux pas être raciste, j’ai un ami… »


Je vois partout des gens qui ignorent les règles de distanciation. À quoi bon faire attention si je suis seule à les respecter ?


La prévention est un geste individuel autant que collectif. Bien évidemment, respecter les distances, porter un masque, éviter de tousser sur les aînés, ne pas lécher toutes les pommes à l’épicerie, ça fonctionne mieux quand chacun y met du sien. Ce qui ne veut pas dire qu’un geste individuel est sans conséquence. Si vous donnez la COVID à quelqu’un parce que vous ne faites pas attention, ce n’est pas « le groupe » qui est à blâmer. C’est vous, directement. Êtes-vous prête à vivre avec cette idée ?


Bref, « mais grand-maman, tu ne comprends pas : tout le monde autour de moi le faisait » est une bien piètre excuse à fournir à mamie alors qu’elle se bat contre le virus qu’on lui a refilé.






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