Mistral russes : Hollande a molli (le capitaine de vaisseau Yves Maillard)

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La forfaiture du gougnafier


Méfiez-vous des marins qui font des phrases, surtout lorsqu’elles concernent ceux que l’on reconnait à ce qu’ils osent tout. Avoir osé casser le contrat Mistral avec la Russie et probablement aussi à brève ou moyenne échéance les bateaux eux-mêmes objets de ce contrat, inutilisables ailleurs et invendables, sauf à la ferraille, bateaux qui sont pourtant des chefs-d’œuvre de notre savoir-faire en matière de construction navale militaire, et alors que ce contrat représentait aussi un des meilleurs exemples de nos capacités commerciales extérieures, il fallait quand même le faire. François Hollande l’a osé, et l’a fait !


Il a tout cassé notre nouveau tonton flingueur. Tonton tout court, lui, en son temps, au moins, n’avait rien cassé. Entre la France et la Russie, ce sont des siècles de construction et d’élaboration de relations particulières et quasi affectives, pour le meilleur et pour le pire. Le pire, ce n’est pas la peine d’en parler, Tolstoï l’a suffisamment bien raconté dans Guerre et Paix, ou Fantin des Odoards dans son journal de campagne de capitaine de la Grande Armée. Le meilleur, c’est de Gaulle qui d’une main a construit notre force de dissuasion nucléaire, respectée par tous et qui rendait ses dires crédibles, et de l’autre rappelle qu’il ne saurait y avoir de construction européenne garante de la paix dans le monde sans la participation du grand voisin de l’Est.

Staline ne s’y était du reste pas trompé : il voulait faire participer de Gaulle à Yalta. Il avait préparé à son intention en cadeau un fusil incrusté d’or et de pierreries que l’on vous montre à Moscou, si vous vous tenez bien avec les Russes.

Le meilleur, c’était aussi le marquis de Traversay, héros de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, au commandement de sa frégate il avait détecté au bon moment la position de l’amiral anglais Rodney, ce qui permit à de Grasse d’écraser ce dernier à la bataille de la Chesapeake, tournant décisif de la guerre. Traversay, avec l’autorisation de Louis XVI, se mit au service de la tsarine russe Catherine II. Entre autres, il fit construire les fortifications russes de la ville russe de Sébastopol (nom de l’un des deux Mistral, ce qui n’est pas un hasard), capitale russe de la Crimée russe. Crimée qui a toujours été, est et sera toujours russe, en dépit des caquètements baveux et myopes des conseillers corrompus de François Hollande qui nous mentent effrontément en essayant de nous persuader du contraire.

Le meilleur c’était encore le cuirassé Tsesarevitch construit il y a plus d’un siècle aux chantiers de la Seyne-sur-mer, le nec plus ultra de la construction navale du moment. Il devait être le modèle de la future armée navale russe. A Tsushima, bataille précipitée, il fut malheureusement seul de son calibre. Ne l’eut-il pas été que l’Histoire de tout l’Extrême-Orient eut été différente, et avec elle celle du militarisme japonais. Que de perspectives manquées peut-on entrapercevoir dans cette page trop rapidement fermée ! Non, nous n’avons en tous cas pas à rougir de ce que notre pays a fait par le passé, y compris construire des navires de guerre pour la Russie.


Le contrat Mistral s’inscrivait naturellement dans cette lignée d’engagements réciproques, pas seulement industriels ou commerciaux, que le temps a pavée pour nous. Sur ce coup là , aveuglé par des intérêts à courts termes vantés frauduleusement par des mercenaires de la finance internationale qui ne sont pas des nôtres, le petit gougnafier de la reine n’a pas bandé en roi (langage de marins) et a laissé passer une belle opportunité de faire ce que le temps ne nous permet pas tous les jours de faire. C’est une belle occasion que nous avons manquée de faire quelque chose d’utile à la construction d’un grand destin national, diplomatique cette fois. Certes Poutine n’est pas un démocrate modèle, et alors ? François Hollande en est-il un, lui ? Ils passeront tous les deux, nos pays et leur histoire resteront.


Pour payer sa forfaiture Hollande a dû emprunter un milliard et quelques d’euros sur les marchés internationaux, via le paravent à peine discret de la COFACE. Là aussi il fallait oser. Jusqu’au dernier moment on a pu croire qu’il ne le ferait pas. Tout le monde n’est évidemment pas perdant dans cette affaire forcément juteuse pour certains. Ceci, dit-on, ne représentera qu’un pouième de plus additionné à notre dette globale de deux mille milliards d’euros. Ben voyons !


Qu’importe ! Cet argent n’est pas le sien et ce n’est pas lui qui devra faire face un jour au nécessaire apurement de cette dette. Une barque surchargée finit toujours par chavirer quand on continue follement à la charger. On n’y échappe pas. Il en est de même des dettes abyssales qui viennent d’être ainsi encore aggravées.


De plus ce n’était certainement pas le moment de se faire décrédibiliser, en tant que partenaire honorable, fiable et respectable, par la Russie, et c’est probablement le pire de ce que nous avons durablement perdu dans cette lamentable affaire. Qui sait si ce n’est pas d’elle dont nous aurons besoin un jour, avec son formidable potentiel de développement, quand viendra celui inéluctable de la vérité financière. Allez, circulez, il n’y a plus rien à voir, ni plus rien à dire, nous dit-on. Certes l’écume de mer finit toujours par se fondre dans la houle. Mais la houle du large finit toujours, aussi, et en partant souvent de très loin, par venir se briser sur les réalités de la terre ferme.


François Hollande ?


Souhaitons qu’il remette un jour, peut-être, en se rhabillant ses culottes à l’endroit. En attendant, bon sang, qu’on lui donne un sabre de bois, avant qu’il n’en fasse trop !


Par le capitaine de vaisseau (H) Yves Maillard, ancien attaché naval près l’ambassade de France à Moscou.



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