Mise à jour budgétaire - Le grand jeu bleu

D5db865f932fa708abcc0b2139c91813

En bout de ligne, les finances des provinces se retrouvent exsangues et le Canada n'a plus sa raison d'être

Commentaire de Vigile:
En bout de ligne, les finances des provinces se retrouvent exsangues et le Canada n'a plus sa raison d'être
***

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, n’était pas peu fier de faire savoir aux Canadiens que son gouvernement atteindrait l’objectif du déficit zéro avant la fin du présent mandat, en 2015. Encore une fois, Ottawa se dirige vers une période de vaches bien grasses pendant que les provinces tirent le diable par la queue.


C'est toujours rassurant d’entendre un ministre des Finances vous dire qu’il n’aura pas besoin de venir chercher plus dans vos poches pour boucler son budget même si l’économie ne tourne pas à sa pleine capacité.

Quant au ministre Flaherty, il fallait le voir sous ses airs de brigadier général, sûr de lui, un tantinet vaniteux, lors de son passage à la Chambre de commerce d’Edmonton pour y dévoiler sa mise à jour budgétaire de mi-année.

Alors que le dernier budget fédéral présenté il y a seulement huit mois prévoyait un déficit de 6,6 milliards de dollars pour l’an prochain et un léger surplus de 800 millions en 2015-2016, les plus récentes projections sont plutôt d’un déficit de 5,5 milliards en 2014-2015 suivi d’un surplus de 3,7 milliards l’année suivante. Et ces prévisions incluent une provision de 3 milliards qui, si elle n’est pas utilisée, fera grimper le solde excédentaire à plus de 6 milliards en année électorale !

Parmi les facteurs qui expliquent ces projections, il y a la baisse des prestations d’assurance-emploi, de Sécurité de la vieillesse et celles pour enfants par rapport aux prévisions initiales, puis l’effet récurrent des vagues passées et à venir de compressions dans les ministères auquel s’ajoutent près de 10 milliards par année de « crédits inutilisés » et inexpliqués, en fin d’exercice.

Pour dire les choses autrement, le ministre Flaherty souffre de plus en plus du même syndrome que l’ex-ministre Paul Martin, qui aimait présenter des prévisions pessimistes pour limiter les attentes et épater la galerie le moment venu d’étaler les résultats.

Ce qui paraît encore plus troublant dans le cas de M. Flaherty, c’est la perspective à plus long terme qui se dégage de la présentation de cette semaine. Toutes choses égales par ailleurs, Ottawa prévoit que l’excédent de ses revenus sur ses dépenses atteindra 10 milliards dans cinq ans, 13 milliards en 2025 et 212 milliards par année (sic) en 2050 ! De quoi faire rêver tous les ministres des Finances de la planète et faire pleurer ceux des provinces canadiennes !

Cela n’arrivera pas, bien sûr, puisque le premier ministre Harper a entrepris de restreindre progressivement, mais sûrement, le rôle de l’État hors de ses quelques missions régaliennes d’émission de la monnaie, de protection du territoire, de répression du crime et de soutien au noyau familial traditionnel.

Que ce soit la hausse de l’âge minimum pour toucher son chèque de Sécurité de la vieillesse, la chasse aux chômeurs saisonniers, la diminution des contrôles en alimentation et en environnement, le plafonnement de la péréquation ou celui des transferts en santé, toutes ces mesures qui nous ont été vendues comme étant nécessaires pour équilibrer les livres à court terme sont, en fait, destinées à préparer l’annonce de nouvelles réductions de taxes et d’impôts qui priveront les prochains gouvernements de la marge de manoeuvre nécessaire pour réparer le filet de sécurité sociale, voire pour agir à contre-cycle lors des récessions. Tant mieux pour ceux dont les revenus permettent de tirer profit d’un tel changement de paradigme, et tant pis pour les autres !


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->