Mi-mandat de misère

D2688f35c8338c256c473ec1d571af7d

Et le pire reste encore à venir





C’est dans un corridor de l’Assemblée nationale, au cours d’une mêlée de presse portant sur l’affaire Hamad, que le premier ministre Philippe Couillard a rappelé que son gouvernement était rendu à mi-mandat.


Il aurait certainement préféré souligner ce jour dans des circonstances plus joyeuses. La victoire du 7 avril 2014 n’est plus, pour lui, qu’un heureux souvenir.


Le temps passe plus vite que l’on croit en politique. 2018, c’est après-demain...


Les affaires Normandeau et Hamad ont subitement ramené les libéraux aux pires années de l’ère Charest. M. Couillard n’ose pas le dire clairement — pour ne pas offusquer son puissant prédécesseur —, mais il ne rate jamais l’occasion de dire que, lui, s’occupe du «présent et du futur», cherchant à convaincre la population que rien n’est comme avant au Parti libéral du Québec (PLQ).


Un mi-mandat de misère donc, loin de la célébration que mérite habituellement cette étape symbolique pour tout gouvernement.


Contrôle des dépenses


Deux années passées donc, marquées surtout par un rigoureux et nécessaire contrôle des dépenses.


Ça n’a évidemment pas fait l’affaire de tout le monde, surtout de ceux pour qui le confort de l’État coïncide avec le leur.


Les changements les plus significatifs sont survenus dans le réseau de la santé. Le ministre Gaétan Barrette a imposé ses vues avec une détermination qui en laissèrent plusieurs pantois.


On lui reproche aujourd’hui de s’être arrogé de trop grands pouvoirs. Peut-être.


Pour sa défense, il donne une explication fort simple: si, à la moindre manchette, c’est le ministre qu’on blâme à la télé ou à l’Assemblée nationale, pourquoi ne se donnerait-il pas le pouvoir d’intervenir?


Le Dr Barrette estime qu’on invite depuis toujours les ministres de la Santé à prendre leurs responsabilités; il soutient que c’est ce qu’il fait, surtout avec les projets de loi 10 et 20.


En éducation, rien à signaler, comme d’habitude. Les ministres se suivent et le ministère ronronne, produisant des analphabètes en série. Il n’est pas nécessaire de savoir si Balzac joue pour les Kings...


Les commissions scolaires ont bien eu quelques frissons en début de mandat, mais l’idée de les abolir a finalement elle-même été abolie.


Le gouvernement Couillard devait aussi s’attaquer au foisonnement des programmes, un domaine où le Québec est le champion incontesté des Amériques.


Ah, il y a bien eu une commission. On a révisé, papoté et fait des constats, mais le modèle québécois reste un musée.


Prêts, pas prêts...


En conséquence, la réforme de la fiscalité n’a pas eu lieu non plus. Quasiment oubliée, cette hypothèse suggérée par le fiscaliste Luc Godbout: réduisons les impôts et augmentons les taxes à la consommation. Là encore, devant le défi, la coutumière paralysie.


Alors, ceux qui rêvaient d’un allégement fiscal n’auront eu droit qu’à une réduction homéopathique de la taxe dite «santé». C’est l’État qui profite, personne d’autre.


On a finalement l’impression que les libéraux n’étaient prêts qu’à faire le nécessaire: contrôler les dépenses comme doivent le faire les dirigeants d’une société vieillissante et endettée.


Mais, une fois le déficit zéro atteint, ils ont pris une pause et ont laissé l’initiative aux partis d’opposition. Voilà pourquoi la moindre controverse prend tant d’ampleur.


M. Couillard a indiqué jeudi que la seconde phase de sa gouverne sera consacrée à la relance de l’économie. Mieux vaut tard que jamais, diront ses propres députés.


La nouvelle politique énergétique est toutefois alignée sur l’environnement. Steven Guibault applaudit d’ailleurs plus fort que le Conseil du patronat.


Reste à venir une véritable politique économique, celle qu’attend avec impatience le milieu des affaires depuis deux ans.


En 2014, le PLQ proposait de créer 50 000 emplois par année. La réduction des gaz à effet de serre venait loin après la protection des sièges sociaux, le Plan Nord et le soutien aux PME.


Le PLQ de 2016 s’est étrangement métamorphosé; il est tellement vert qu’on le reconnaît à peine...







Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé