Si j’étais un stratège dans l’entourage de François Legault, je remercierais Adil Charkaoui.
Qu’est-ce qu’on a vu lors de la manifestation de dimanche organisée par M. Charkaoui ?
On a vu des fillettes voilées, des drapeaux de pays étrangers, des gens hurlant « Allah Akbar », beaucoup d’anglais et beaucoup de faussetés sur des pancartes.
Je suis absolument convaincu que les appuis au gouvernement ont dû grimper dans le Québec silencieux.
Chats
Plusieurs opposants au projet de loi sur la laïcité se sont empressés de se dissocier de ces manifestants.
Mais le mal est fait, car cette manifestation a fait sortir du sac plusieurs chats.
Comme prévu, c’est sur le hijab que se concentre le débat, bien que le projet de loi interdise les signes de toutes les religions pour certaines catégories d’employés publics.
On veut nous faire croire que le hijab est un petit bout de tissu inoffensif sans signification politico-religieuse.
C’est évidemment une stratégie : pour l’imposer dans l’espace public, il faut le banaliser, lui ôter toute signification litigieuse.
Or, dans un tweet, M. Charkaoui écrivait :
« Chère sœur,
Ton hijab est ta pudeur
Ton hijab est ta fierté
Ton hijab est ton jihad au quotidien
Allah te l’a imposé... Même si la Terre entière s’y oppose, satisfais le Créateur et ignore les créatures. »
Tout y est...
Le port du hijab, selon M. Charkaoui, est une volonté d’Allah, qu’il faut satisfaire envers et contre tous, afin d’être pudique.
Le mot « jihad », lui, signifie « lutte », « effort », « résistance », et cette lutte doit être quotidienne.
C’est lui qui le dit, pas moi.
Pensez-y un instant : si ce « petit bout de tissu » est si anodin, comment expliquer qu’une personne songe à quitter le Québec plutôt que de l’enlever ?
Qui est le plus obsédé par l’identité ? Qui est le plus « replié » sur soi ?
En passant, voilà un radicalisme qui justifie amplement qu’on le mette à distance des enfants en incluant les enseignants dans le projet de loi.
Tenir
Rappelons que M. Charkaoui fut détenu pendant 21 mois par le gouvernement canadien sur la base de l’émission d’un certificat de sécurité.
Après que La Presse eut révélé que plusieurs jeunes dans son orbite étaient partis ou avaient tenté de partir combattre en Syrie, le père de l’un d’eux avait déclaré : « Ma fille est une victime d’Adil Charkaoui. Il met la haine dans le cœur des jeunes ».
À côté de M. Charkaoui se trouvait, pour chauffer les troupes, Salman Elmenyawi, qui souhaitait, en 2004, introduire des tribunaux islamiques chez nous, et qui demandait, en 2015, que la loi interdise de se moquer de la religion.
Dimanche, on avait aussi fait monter à la tribune l’un des survivants de l’attentat à la mosquée de Québec.
Quelqu’un pourrait-il, s’il vous plaît, m’expliquer quel lien les organisateurs de la manifestation essayaient de suggérer entre cette tragédie et le projet de loi ?
Le gouvernement Legault doit expliquer, expliquer, expliquer, montrer son extrême modération en comparaison de ce qui se fait ailleurs, et tenir bon.