Me Lucien Bouchard n'est pas raisonnable!

Le peuple du Québec doit-il toujours effacer l'ardoise?

Tribune libre

L’interview de Me Lucien Bouchard présentée hier à RDI et menée par Anne-Marie Dussault nous permet de comprendre un peu mieux dans quel fauteuil Lucien Bouchard s’assoit en tant que président de l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), ayant pignon sur rue dans la ville de Québec.
Comme écrit Richard Le Hir dans son article vers la fin, je cite « Il faut continuer à fouiller, on risque d’avoir des surprises. »
Je reviens sur le fait que les honoraires de Me Bouchard seront acquittés par Talisman Energy Canada de Calgary et que ces honoraires portent sur le travail du président de l’APGQ. Dans le mémoire de l’APGQ déposé en novembre dernier devant le BAPE, nous apprenons que cette association regroupe 12 membres dont Talisman.
Normalement et selon une approche simple, une telle association "active" a besoin d’un budget d’opération annuel pour couvrir ses dépenses, lequel budget est alimenté par les cotisations des membres. Nous dépassons ici la notion de "petite caisse" ou des coûts d’une machine à café.
Du temps d’André Caillé, ex-président, son salaire annuel était nul et il était rémunéré par 600 000 options d’achat d’actions de Junex, tel que précisé dans un communiqué de presse de Junex le 8 avril 2008. Avec l’arrivée de Me Bouchard, c’est un manège semblable où un membre de l’Association, dans ce cas-ci Talisman Energy de Calgary, puise dans ses goussets la charge des honoraires du président de leur Association à douze. Cela sent la magouille pour embrouiller les curieux comme moi. Bien entendu qu’il peut exister toutes sortes d’ententes privées entre les 12 membres de l’Association.
Cependant, toutes ces tractations contractuelles "privées" vont contre un principe de "transparence" invoqué par Lucien Bouchard durant l’interview d’hier à RDI, mot magique prononcé quelques minutes avant la première pose publicitaire.
Monsieur Bouchard, en prenant un mandat comme celui entamé lundi dernier le 21 février 2011 à la présidence de l’APGQ, demande au peuple du Québec d’effacer l’ardoise. Un peu plus loin dans l'interview avec Mme Dussault, il dit, je cite « ... donner au BAPE la chance de sortir son rapport avant de critiquer ... se mettre dans un mode de réceptivité. » Monsieur Bouchard est-il conscient qu'on demande souvent au peuple du Québec d'effacer l'ardoise. Monsieur Bouchard, nos mains sont usées aux jointures à force d'effacer l'ardoise.
Monsieur Bouchard, n'est pas raisonnable : le peuple du Québec a le cul irrité et les poches vides par les nombreux "vols" de ses biens publics. Nos écoles et nos hôpitaux manquent de personnel et celui qui tient la structure est épuisé. Depuis son arrivée en 2003, le gouvernement Charest a accumulé les erreurs faites avec les deniers publics. J’en cite quelques-unes : la dernière erreur en liste : le PPP du CHUM de Montréal : un seul soumissionaire venant de l’extérieur du Québec pour les 30 prochaines années ; je n’ai pas oublié la perte de 40 milliards$ de la CDPQ en 2008, ni la braderie des droits de Hydro-Québec Pétrole et Gaz tout récemment accordés à une firme de Rimouski avec des bailleurs de fonds domiciliés en Suisse, ni le projet ’insensé" de réfection de la centrale nucléaire de Gentilly-2 qui coûtera au moins 4 milliards$. Tous ces milliards$ gaspillés par incurie des hautes directions et des politiciens complices, pénalisent à l'os nos systèmes publics que le privé souhaite ratatiner encore plus.
Et Me Bouchard arrive dans le dossier des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent comme un "sauveur" ! Et il est contre un moratoire ? Et il précise qu'il n'est pas un esclave des gazières, pourtant retenu par des chaines dorées de style parachute doré.
Pourtant, il existe une solution très simple: le gouvernement Charest décrète un moratoire maintenant et déclenche une élection référendaire sur un programme d'exploitation des gaz de schiste qui serait expliqué durant la campagne électorale. Et le peuple du Québec se prononce en saine démocratie.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 février 2011

    Comme tout le reste en ce qui a trait à l'énergie et aux ressources, Charest et sa ministre Normandeau ont entrepris de brader le patrimoine des Québécois. Le 10 cents l'hectare, et paraît-il un congé de redevances de cinq (5) ans, l'illustre bien en ce qui concerne les gaz de schiste. Et c'est le lobbyiste de l'industrie lui-même, Lucien Bouchard, qui aurait le mandat de défendre «l'intérêt national» des Québécois et leur assurer leur «juste part», euphémisme qu'il partage avec Charest?
    Pincez-moi vous autres! Le mandat du porte-parole schisteux, ce ne serait pas de faire avaler aux Québécois une entente à rabais, comme il l'a déjà fait avec des travailleurs comme négociateur patronal? Ce ne serait pas d'éviter un débat économique national sur l'énergie et les ressources comme cela devrait se faire dans une société démocratique? Ce ne serait pas d'éviter que soit dévoilée (comme dans la construction) l'incompétence et la corruption de Charest and co.? Ce ne serait pas de leur faire oublier qu'ils sont toujours les vrais propriétaires de ces gaz (et du pétrole), même si Soquip et Hydro Pétrole et Gaz ont été détruites? Ce ne serait pas d'éviter coûte que coûte un moratoire qui donnerait aux Québécois le temps de reprendre leurs affaires en mains? Ou tout ça et plus encore?
    C'est quoi le vrai mandat de Bouchard? Dès ses premiers mots, à Radio-Canada (la reine guerrière Dussault) et dans les médias écrits (Presse, Soleil, Journal de Québec) Bouchard s'est fait prestidigitateur avec des données économiques confirmées, il a usé de demi-vérités, de sophisme, d'omissions, évité de parler de Charest, fait l'éloge de Legault et planté le PQ. Son violonnage ne vise-t-il pas surtout à assurer la pérennité du statu quo à Charest, c'est-à-dire la réélection de ces magnifiques libéraux?

  • Gilles Bousquet Répondre

    26 février 2011

    M. Bouchard vient de confirmer qu'il est encore souverainiste et que, à la place de M. Charest, il autoriserait une enquête sur la construction.
    Si M. Bouchard en profitait pour s’excuser correctement, comme auteur, avec M. Charest, de l'affaire Michaud et s'il voyait à ne pas nous pousser le gaz dans la gorge, il pourrait bien être réhabilité par les souverainistes à la place d’être considéré comme un paria et un traître chez une majorité de Péquistes.