Maxime Bernier est une figure singulière de la vie politique canadienne. Gaffeur multirécidiviste, libertarien déclaré, il se distingue aussi par une certaine liberté de parole, ce qui est assez rare dans la classe politique pour être souligné.
Multiculturalisme
Et ces derniers jours, il a décidé de mettre les pieds dans le plat en remettant en question le multiculturalisme, devant lequel le Canada anglais se prosterne, comme s’il s’agissait d’une religion que nous devons tous adorer.
Sans excès, modérément, même, ce qui n’est pas dans ses habitudes, Bernier a critiqué le « multiculturalisme extrême », en laissant entendre qu’il vivait bien avec sa version moins radicale. Il s’est inquiété de la fragmentation sociale entraînée par cette idéologie tout en rappelant qu’un pays avait besoin de repères partagés et de traditions communes.
Mais le fringant Maxime s’est aventuré dans un pays qui a perdu la tête. Au Canada, il n’est tout simplement pas permis de douter du multiculturalisme : Justin Trudeau a même voulu y voir son noyau identitaire authentique. Au Canada, la célébration du niqab passe mieux que sa critique. De ce point de vue, je le redis, le Canada est devenu fou.
Et qui se permet néanmoins de critiquer le multiculturalisme se fera insulter. C’est ce qui est arrivé à Bernier. Au Parti libéral, un député en a appelé à ce que Bernier soit chassé du caucus conservateur. Il ne serait plus un adversaire honorable, mais un populiste prenant les traits de l’ennemi public.
Critique
Au Parti conservateur même, son chef Andrew Scheer l’a dénoncé, en laissant comprendre que Maxime Bernier ne représentait rien dans son parti.
Au Québec, un éditorialiste a assimilé la critique du multiculturalisme à la xénophobie. Rien que ça !
Il y a pourtant un espace politique à prendre, au Canada anglais, pour qui voudrait remettre en question l’orthodoxie multiculturaliste. Bernier poussera-t-il l’audace jusqu’à l’occuper ?