Comment les libéraux font peur aux enfants

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Le PLQ désarmé sans l'épouvantail du référendum

On a pu le constater depuis quelques semaines, le PLQ a décidé de jouer la carte de la peur pour se faire réélire. Personne n’en sera vraiment surpris: sait-il faire autre chose? Aucune manœuvre ne lui semble trop grossière pour effrayer l’électorat et l’amener à croire que sans un gouvernement libéral, le Québec risque de basculer dans une situation chaotique. Le PLQ se présente comme la seule option raisonnable d’autant qu’il représente la structure de pouvoir la plus profondément inscrite dans la société québécoise. Qui le rejoint sait qu’un jour, il en tirera avantage. C’est le parti de l’establishment, appelé à maintenir à tout prix l’ordre canadien au Québec.


On connaît l’argument utilisé habituellement contre le PQ: il s’agit de répéter sans cesse le mot référendum, en l’accompagnant d’une musique de film d’horreur, en ajoutant que sans l’argent du Canada, le Québec serait condamné à la misère. Référendum! Référendum! Référendum! Il fallait dire le mot en misant sur sa puissance hypnotique, et cela, même si les souverainistes eux-mêmes sont les premiers surpris lorsqu’on leur dit qu’ils seraient en train de préparer secrètement le passage à l’indépendance d’une manière ou d’une autre. Jamais une telle idée ne pourrait leur traverser l’esprit! Il n’en demeure pas moins que le PLQ se présente toujours comme le sauveur du Canada contre de vilains séparatistes que l’on aime dire chicaniers et incapables de gérer l’économie.


Mais l’argument anti-référendaire pouvait plus difficilement être servi contre la CAQ, clairement en tête dans les sondages, dans la mesure où François Legault a depuis longtemps abjuré sa foi souverainiste et n’en finit plus de donner des gages de soumission au régime canadien. Et pourtant, le PLQ a décidé de jouer contre la CAQ sa carte antipéquiste. Philippe Couillard affirme ainsi qu’au fond de lui-même, François Legault serait encore souverainiste et n’attendrait qu’une belle occasion pour se diriger vers l’indépendance. L’attaque est grosse, tellement grosse, qu’elle devient grossière et grotesque. Cela consiste à dire que la CAQ, en fait, est encore pire que le PQ, puisqu’elle fera l’indépendance en cachette, sans que les Québécois ne s’en rendent compte. Les caquistes sont non seulement dangereux: ils sont fourbes!


On comprend l’idée: quiconque n’est pas fédéraliste depuis le berceau est suspect de trahison possible du beau grand Canada. François Legault devra-t-il pleurer d’émotion devant le drapeau canadien pour qu’on croit enfin à la sincérité de sa réconciliation avec le Canada? Le PLQ n’est-il plus qu’un clone du PLC? Cela dit, pour bien se faire comprendre, la grosse machine libérale a décidé d’en rajouter. On le sait depuis des mois, Philippe Couillard se présentera comme le gardien des libertés et des droits des minorités contre la tentation de l’intolérance qui remonterait du fond du nationalisme québécois. Il en rajoutera en présentant la CAQ comme un représentant du nationalisme ethnique. Ayez peur, Québécois! Sans le PLQ, le Québec deviendra un État autoritaire!


Et ces jours-ci, le nouveau venu du PLQ, Alexandre Taillefer a annoncé que l’arrivée de la CAQ au pouvoir mettrait en danger la paix sociale, en bonne partie parce que ce parti serait animé par des idées «libertariennes». On aurait envie d’envoyer le futur candidat à la chefferie du PLQ qui prétend ne pas l’être suivre quelques leçons d’histoire des idées politiques pour apprendre le sens des mots. La CAQ a bien des défauts, mais soutenir qu’elle est libertarienne, cela consiste tout simplement qu’on ne sait pas de quoi on parle. S’il veut éviter de devenir le Gaston Lagaffe de sa famille politique, Taillefer devra, pour un temps du moins, apprendre les codes élémentaires de son nouveau métier et éviter de jouer au politologue. Une chose est certaine, toutefois: en décidant de diaboliser ses adversaires sans la moindre retenue, il montre qu’il comprend bien les codes de la communication politique selon le Parti libéral.