CHRONIQUE

Maudit «système»!

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Maudit marxisme






Il fut un temps, en Europe, où le mouvement ouvrier était profondément divisé. On y trouvait, pour faire simple, des réformistes qui voulaient améliorer la condition des classes laborieuses et des révolutionnaires qui voulaient tout chambouler. Les premiers souhaitaient, par des réformes lentes et progressives, transformer la condition ouvrière. Les seconds affirmaient que ce n’était pas possible et qu’il fallait changer le « système ». L’histoire a montré que les premiers avaient finalement raison. Les aventures révolutionnaires n’ayant conduit qu’à des catastrophes toutes plus dramatiques les unes que les autres.


 

Au Québec, ces oppositions ont toujours été moins vives. Elles se sont tout de même manifestées dans les années 1970 alors que l’extrême gauche acquit une certaine influence dans le mouvement syndical. Le débat qui se déroula alors, chez nous comme en Europe, n’est pas sans rappeler celui qui se déroule aujourd’hui à propos du racisme. Face à ceux qui rappelaient que l’on avait donné aux ouvriers des retraites, une protection contre les accidents de travail, des droits syndicaux, des congés payés, nos jeunes gauchistes échevelés, souvent issus des classes les plus favorisées, avaient toujours la même réponse : peu importaient ces arguments, c’était le « système » qui était vicié ! Maudit « système » !


 

Dans leur prose d’une autre époque, ces marxistes orthodoxes décrivaient un monde surréaliste. La croissance économique n’était pas si mauvaise, grâce aux luttes syndicales, les salaires et les conditions de travail de nombreux ouvriers faisaient l’envie de bien des gens. Ces gauchistes dénonçaient pourtant un monde qui avait plus à voir avec le XIXe siècle et la révolution industrielle qu’avec le paysage économique de l’après-guerre. Partout, il était question d’exploitation éhontée, de misère abyssale et de violence capitaliste. Avouons que cela existait, mais c’était l’exception. On nous dessinait le monde de David Copperfield alors que les ouvriers que nous connaissions ne rêvaient que de leurs prochaines vacances à Old Orchard.


 

On avait beau essayer de ramener un peu de réalité dans le débat, chaque fois on nous répliquait que ce n’était pas la faute d’une loi, d’un ministre ou d’un gouvernement. C’était la faute du « système » ! On n’y pouvait rien, l’exploitation des ouvriers était inscrite quelque part dans les règles immanentes du capitalisme. Maudit « système » !




 

Le parallèle est frappant. Il y a belle lurette que l’extrême gauche d’hier s’est recyclée dans l’antiracisme. C’est vrai au Québec, mais aussi en France et ailleurs en Europe. On trouve dans l’antiracisme d’aujourd’hui la même pensée doctrinaire, la même rhétorique, les mêmes mécanismes psychologiques fondés sur la culpabilité et le même vocabulaire alambiqué. Comme les marxistes d’hier, nos antiracistes ont inventé le racisme sans racistes. À part quelques dangereux hurluberlus, qui, depuis Race et histoire, le célèbre discours de Claude Lévi-Strauss à l’UNESCO, défend sérieusement la supériorité d’une race sur une autre ? Reste le racisme immanent. Les lois et les dirigeants politiques ne sont pas racistes, c’est le « système » qui l’est. Maudit « système » !


 
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