Martine Ouellet se défend à «Tout le monde en parle»

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Une drôle de théorie : « Donc, la meilleure place pour préparer l'indépendance, c'est avec les pouvoirs fédéraux. »

Hécatombe au Bloc québécois mercredi dernier, alors que sept des dix députés ont claqué la porte en contestant vertement le leadership de la cheffe Martine Ouellet. Fustigée de toutes parts depuis, cette dernière a maladroitement tenté de se défendre à Tout le monde en parle, dimanche. Voici quelques-unes de ses citations en cours d'entrevue.


À propos de l'ultime réunion qui a mené au départ des députés, au cours de laquelle Martine Ouellet leur a soumis une proposition de médiation, et des raisons des mésententes


«Je dois vous avouer bien franchement, la réunion a été tellement courte, qu'ils ont à peine pris le temps de la regarder (la proposition, NDLR), et ils se sont levés et sont sortis»


«Ça prend une volonté bilatérale pour que ça fonctionne. On a mis des efforts, il y a des changements qui ont été faits, plusieurs changements. Mais vous savez, les problèmes qu'on a vécus cette semaine, ce n'est pas nouveau. Mario Beaulieu a vécu exactement le même genre de problèmes lorsqu'il est arrivé, en 2014. Mario arrivait pour dire : "Moi, je veux faire la promotion de l'indépendance". Moi, je suis arrivée avec la préparation, une petite étape de plus. Parce que défendre les intérêts du Québec, c'est important, mais je crois qu'il faut aller plus loin que ça. Il faut aller à la préparation de l'indépendance, à Ottawa, ce que j'ai fait presque huit ans à Québec, pour me rendre compte que finalement, quand on travaille des projets de loi, comme ministre, comme député de l'opposition, c'est toujours des projets de lois provinciaux. La constitution est faite comme ça. Donc, la meilleure place pour préparer l'indépendance, c'est avec les pouvoirs fédéraux»


«On dit 70% du caucus, mais il n'y a pas juste le caucus qui existe au Bloc québécois. Il y a aussi l'ensemble des instances. Je peux vous dire que j'ai reçu beaucoup d'appuis spontanés, des appuis très chaleureux, des gens qui me disent : ne lâche pas. Dans les conseils généraux, les deux que j'ai vécus, il y a eu des manœuvres, aussi, à ce moment-là. Et les gens qui faisaient l'opposition à ma candidature ont perdu à plate couture. Donc, il y a un appui des instances. Ce n'est pas sept contre trois, c'est des démissionnaires contre l'ensemble du parti, qui a choisi à deux reprises de mettre l'indépendance au centre de leur action.»



À propos de son intention de se soumettre à un vote de confiance du parti et son entêtement à rester en poste


«Il y aura un vote de confiance, c'est déjà prévu. Moi j'ai été élue il y a moins de 12 mois. Il y aura un vote de confiance en mai 2019 lors du congrès du Bloc québécois.»


«Ils ont fait un choix, de démissionner du caucus. Moi, je leur dis : la porte est ouverte et restera toujours ouverte. Et je pense que c'est important. Mais là, ils ont fait un choix. Le Bloc québécois, on va poursuivre notre travail. Je pense que ça, c'est essentiel.»


«C'est pas 70% des gens qui travaillent avec moi, parce que je travaille aussi avec tous les gens du Bureau national, de la Permanence, du Comité des jeunes, du Comité de la citoyenneté (...) Il y a un appui très fort des instances, et on est en préparation du congrès, et dans ce congrès-là, c'est prévu, le vote de confiance, comme c'est prévu dans les statuts. »


«Je ne pense pas que c'est en démissionnant que je vais aider la cause. Je pense que, justement, j'ai eu cette demande-là des membres. Et que moi, j'ai entendu longtemps comme députée, et même comme militante, où les membres nous disent : pourquoi est-ce que vous parlez de l'indépendance seulement quand vous êtes dans des forums de militants? On aimerait vous entendre parler d'indépendance tout le temps, d'utiliser des exemples concrets. (...) Comment les gens peuvent s'imaginer à quoi va ressembler la République du Québec si on ne leur en donne pas une vision ? Et je pense que c'est notre responsabilité, et ma responsabilité, comme leader du Bloc québécois... »



À propos des chicanes et de l'impression que donnent celles-ci du Bloc québécois, et de tout ce qui s'est dit et écrit à son sujet


«Malheureusement, effectivement, ça l'a ça (sic) comme résultat, et ce qui s'est passé, cette semaine, c'est vraiment regrettable. Mais je pense que les démissionnaires, dans ça, ont fait un choix, de poser ce geste-là, à ce moment-ci, je vous dirais, c'est vraiment dommage (...) À une période où Justin Trudeau, on vient d'enlever son vernis, avec un voyage catastrophique en Inde, où on a vraiment vu que c'est de la parade de mode, et très désorganisé, comme voyage, un voyage qui était très clientéliste (...) On se rend compte que finalement, il n'y a pas de profondeur dans Justin Trudeau, ce premier ministre-là, et c'est un peu gênant. C'est un peu gênant de le voir aller au niveau international.»


«C'est certain que cette semaine, écoutez... C'est difficile. C'est difficile de recevoir, comme ça, une charge, je vous dirais, d'attaques personnelles... totalement disproportionnées. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de faussetés dans tout ça, avec pas d'occasions de pouvoir rectifier. Des attaques venant aussi des animateurs, des commentateurs. Encore là, personnelles, souvent fausses... À un moment donné, je me disais même... Il y a un proverbe qui disait : quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu'il a la rage... Des calomnies... On voit ça à la grandeur des journaux, du Téléjournal... »


«Moi, je suis là pour rester. Malgré les difficultés. La politique, ça ressemble pas mal à un sport extrême... Il faut une bonne santé (...) Si elle (la carapace, NDLR) est trop grosse, les gens deviennent cyniques. Et moi, je dis tout le temps : quand quelqu'un devient cynique en politique, c'est le temps de sortir de la politique. Donc il faut avoir une carapace suffisante pour être capable de supporter ces charges d'agressivité comme cette semaine... (...) Moi, je suis de la génération X... Je pense que les gens des générations précédentes devraient faire confiance aux générations qui suivent. Ça se peut-tu, des fois, qu'on puisse faire des choses différemment et que ça puisse marcher? Ils peuvent-tu nous laisser la chance, au moins, d'essayer? C'est ça que j'ai le goût de dire.»



À propos de son rythme de travail de députée indépendante à l'Assemblée nationale et d'une journée par semaine à Ottawa


«Ça arrive quand même plusieurs fois que j'y vais plus qu'une journée par semaine, parce qu'il y a des semaines où on ne siège pas, il y a des semaines où on a le budget... Vous n'allez pas me dire que les chefs de partis... Je ne suis pas élue au Parlement d'Ottawa. Je me présenterai en 2019. Je ne siégerai pas en Chambre. C'est très, très différent. C'est le lot des chefs qui ne sont pas députés, on ne siège pas en Chambre. Oui, je suis à Québec, et je pense que ça nous permet d'avoir une vision. Quand on parle d'indépendance, c'est des pouvoirs d'Ottawa et des pouvoirs de Québec mis ensemble.»



À propos de l'avenir du Bloc québécois


«C'est pas avec ce qui se passe cette semaine qu'on va les motiver (les troupes, NDLR), ça va être avec ce qui va se passer après. Et moi, je suis convaincue qu'on va réussir à trouver des candidatures. Vous vous rappelez, le Bloc québécois, en 2015, avait deux députés, et a trouvé des candidatures dans tous les comtés, a réussi à monter à 10 députés. La porte restera toujours ouverte pour les démissionnaires qui auraient le goût de revenir avec le caucus du Bloc québécois... »