Martine Ouellet relance les hostilités

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Ouellet profite de la confusion des démissionnaires

La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, accuse les sept députés démissionnaires d’avoir abandonné la promotion de l’indépendance en annonçant leur intention de fonder un nouveau parti qui pourrait être ouvert aux fédéralistes, ce dont se défendent les principaux intéressés.


Les anciens députés du Bloc ont annoncé la semaine dernière leur intention de lancer une formation politique vouée à la défense des intérêts du Québec. L’un d’eux, Rhéal Fortin, s’était dit « ouvert » à inviter « tout le monde » à les rejoindre, y compris des collègues des partis fédéralistes.


Martine Ouellet y voit la preuve que le Bloc québécois deviendra désormais le seul et unique parti à faire la promotion de l’indépendance du Québec.


« Ça vient clarifier clairement que ce parti-là ne fera pas la promotion de l’indépendance, a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse organisée lundi à Montréal. Oui, il défendra les intérêts du Québec, mais dans la perspective du régime actuel, qui est le régime canadien. »



 Je crois qu’il faut s’assumer, et que ce n’est pas en cachant l’idée de l’indépendance qu’on va la faire progresser. C’est plutôt le contraire. Ce n’est pas en démissionnant, ce n’est pas en abandonnant […] qu’on va avancer.


— La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet




« Je crois qu’il faut s’assumer, et que ce n’est pas en cachant l’idée de l’indépendance qu’on va la faire progresser. C’est plutôt le contraire. Ce n’est pas en démissionnant, ce n’est pas en abandonnant […] qu’on va avancer. »


« Convertir » les fédéralistes


Les anciens députés de Martine Ouellet ont cependant rejeté son analyse de la situation. « On n’a jamais abandonné l’indépendance. On a tous dit qu’on était indépendantistes », a insisté le doyen du groupe, Louis Plamondon, au Parlement lundi.


La main tendue aux fédéralistes le sera afin de les convertir, a-t-il voulu préciser. « Tant mieux s’ils viennent. Venir nous parler, c’est le premier pas vers la souveraineté. Et ce n’est pas avec 31 % [d’appuis] dans les sondages qu’on va aller chercher la souveraineté. Il faut aller chercher des fédéralistes et les convertir. »


Le député Michel Boudrias avait la même explication. « On a tourné la page [au Bloc]. On s’en va ailleurs, et le ailleurs préserve l’essentiel, incluant la question de l’indépendance. Donc il n’y a pas de débat là-dessus », a-t-il insisté. Les fédéralistes seraient acceptés chez son parti « dans la mesure où ces gens-là sont prêts à voter “oui” demain matin ».


Que penser, alors, des propos de Rhéal Fortin la semaine dernière ? « Il s’est mal prononcé », a tranché M. Boudrias. Or, M. Fortin tenait sensiblement le même discours lundi et la confusion régnait toujours quant à la place que le futur parti des démissionnaires ferait — ou non — aux fédéralistes qui veulent eux aussi défendre les intérêts du Québec à Ottawa.


La chef bloquiste juge que tout ce débat, à la suite de la sortie des ex-députés, justifie l’ajout d’une question concernant la mission du Bloc québécois dans le cadre du référendum qui aura lieu les 1er et 2 juin. Cette consultation permettra aussi aux membres du parti de se prononcer sur le leadership de leur chef.


UNE PARTIELLE SANS BLOQUISTE DANS CHICOUTIMI ?


Martine Ouellet souhaite qu’il y ait une « investiture en bonne et due forme » dans la circonscription Chicoutimi-Le Fjord en vue de l’élection partielle à venir, même si la présidente de l’association locale du Bloc québécois, Élise Gauthier, dit qu’elle ne collaborera pas si la chef reste en poste. « Il n’y a pas juste une personne dans Chicoutimi, et c’est l’ensemble des membres qui décideront », a affirmé Mme Ouellet lundi. « L’exécutif a décidé que, tant et aussi longtemps que Mme Ouellet serait là, il n’y en aurait pas d’investiture. Parce qu’il n’y a personne qui veut travailler avec Mme Ouellet », a toutefois réitéré Mme Gauthier au Devoir lundi. « Je n’enverrai pas quelqu’un se faire lapider carrément sur la place publique. C’est ce qui va arriver si on envoie un candidat », a-t-elle martelé. Mme Ouellet pourrait éventuellement choisir un candidat, reconnaît Mme Gauthier. « Mais à ce moment-là, l’exécutif n’ira pas travailler pour ce candidat-là », prévient-elle. Sans l’appui de la machine électorale et des militants du Bloc, personne ne briguera la partielle, selon elle. « Il n’y aura pas de candidat. »


> La suite sur Le Devoir.



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