Québec — Accusée par Jean Charest de cautionner une campagne d'«intimidation» du Réseau de résistance du Québécois auprès de libéraux, Pauline Marois a tenu à s'en dissocier hier.
Groupe indépendantiste à tendance révolutionnaire, le RRQ, sur une page Web, cible les 782 donateurs libéraux de 3000 $ de 2008 et 2009 en indiquant l'adresse de leur domicile. Le RRQ a écrit à chacun d'entre eux pour leur intimer de réclamer au gouvernement libéral une commission d'enquête sur la construction. Il incite les citoyens à l'imiter et à leur écrire à leur tour. «Nous nous en sommes dissociés, a déclaré la chef péquiste. Je crois que c'est des choses qui ne devraient pas se faire, très sincèrement.»
Plus tôt en Chambre, le Parti québécois avait refusé d'accorder son consentement pour débattre d'une motion du député libéral Guy Ouellette. Ancien policier de la Sûreté du Québec, il souhaitait que l'Assemblée nationale dénonce l'utilisation «pernicieuse», par le RRQ, des «informations fournies par le Directeur général des élections [DGE] pour intimider les citoyens et leurs familles qui participent à la vie démocratique en contribuant au financement d'un parti politique».
Le refus du PQ de débattre de cette motion a soulevé l'ire du premier ministre, selon qui la chef péquiste a ainsi cautionné une campagne de «lettres de menaces». Brandissant une lettre type du RRQ qui contient en filigrane un profil de patriote armé de 1837, image utilisée jadis par le Front de libération du Québec, M. Charest a soutenu que le PQ était «associé» au RRQ.
Dans son point de presse, M. Ouellette avait jugé que la campagne n'était pas «illégale» en soi puisque les noms des donateurs et les montants sont disponibles sur Internet, alors que leurs adresses sont consignées dans un rapport papier. «C'est l'incitation [...] à poser d'autres gestes [...] qui est préoccupante», a-t-il soutenu. Le PLQ a déposé une plainte auprès de la SQ et du Directeur général des élections lundi.
QS divisé
Le député de Québec solidaire Amir Khadir croit que le RRQ a fait une erreur en utilisant l'image du patriote armé, mais qu'il n'a rien fait de mal en publiant les adresses des donateurs. «Le bottin téléphonique ou Canada 411, ça existe. Alors, il est où, le problème?» Il contredisait en cela sa co-porte-parole, Françoise David, qui, en début de semaine au Devoir, avait dit ressentir un profond «malaise» devant la publication des adresses par le RRQ. Elle y voyait une manière de «s'en prendre à des personnes» et d'essayer de «susciter une sorte de vindicte populaire», pratique qu'elle comparait à celles de certaines «radios de Québec». «On entre dans l'intimité des gens: je pense qu'on n'a pas à faire ça: ça va juste trop loin.»
Les adresses de donateurs libéraux dévoilées
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