Mario coule à pic

17. Actualité archives 2007

L'effondrement de l'Action démocratique de Mario Dumont change le portrait politique au Québec et faciliterait la réélection de Jean Charest et des libéraux. D'où la résurgence des rumeurs d'élections précipitées cet automne, après seulement trois ans et demi d'un mandat de cinq ans, ce qui demeurerait toutefois un pari risqué.
L'ADQ a obtenu 18,2 % des votes à l'élection générale d'avril 2003 et fait élire quatre députés (Rivière-du-Loup, Chutes-de-la-Chaudière, Beauce-Nord et Lotbinière). Selon des sondages internes menés pour le Parti libéral, tous les quatre seraient menacés de perdre leur siège et l'ADQ dépasserait à peine les 10 % dans les intentions de vote générales au Québec.
Les quatre circonscriptions adéquistes passeraient vraisemblablement aux libéraux. Mario Dumont, de son côté, devrait affronter dans Rivière-du-Loup le populaire maire Jean D'Amour, fortement courtisé par le PLQ. Quant aux trois circonscriptions mi-urbaines mi-rurales du sud de Québec, elles ont vu leur population voter pour les conservateurs à Ottawa et tourner le dos aux souverainistes du Bloc québécois. Le transfert des votes libérés au niveau provincial se ferait donc surtout vers un autre parti fédéraliste.
L'Action démocratique et son chef ne se sont jamais vraiment remis de l'embardée prise durant la campagne électorale de 2003. Le troisième parti avait suscité des attentes très élevées au cours des mois précédents. L'économiste Marie Grégoire avait réussi à se faire élire dans Berthier à l'occasion d'une élection partielle en 2002, avec 51 % des votes et une majorité de 7416 votes. Un jeune avocat, François Corriveau, avait gagné Saguenay avec 47,8 % et une majorité de 4156 votes. Le petit noyau d'adéquistes a brassé beaucoup d'air à l'Assemblée nationale pendant un an. Des gens, dont des libéraux notoires et bien nantis, ont alors été séduits et ont généreusement appuyé ce parti. Mario Dumont a commencé la campagne d'avril 2003 en coup de canon. Quelques erreurs de parcours ont toutefois été commises; l'ADQ a été démonisée par ses adversaires et une large fraction d'intellectuels; le ciel est tombé sur la tête de Mario Dumont à mi-course. L'ADQ a terminé avec 18,18 % des votes et n'a pu obtenir le statut de parti reconnu à l'Assemblée nationale et les ressources financières qui s'y rattachent.
Mais surtout, Mario Dumont, fortement secoué, a perdu ses complices Grégoire et Corriveau. L'ADQ n'a jamais retrouvé sa saveur passée. La nouvelle équipe de députés est aussi beaucoup plus fade et moins articulée. Mario Dumont a perdu de son piquant. La baisse d'intérêt pour ce parti dans l'ensemble de la population est donc assez facile à expliquer. Et même si des adéquistes ont dégagé de larges appuis en 2003 (57 % pour Mario Dumont, 46 % pour Janvier Grondin en Beauce et 39 % pour son voisin, Marc Picard), le sort de représentants de tiers partis est toujours aléatoire lors d'élections générales, quand s'offre la possibilité de participer à l'exercice du pouvoir, et encore plus lorsque la campagne devient très polarisée entre souverainistes et fédéralistes.
Mario Dumont aurait pu affilier officiellement son parti aux conservateurs, à la veille des élections fédérales de janvier dernier. Lui-même a été très courtisé pour devenir le pilier de Stephen Harper au Québec. Il serait aujourd'hui un ministre influent du cabinet fédéral. Mario Dumont a cependant choisi le Québec pour son seul champ d'action politique, à l'exemple de son maître passé au PLQ, Robert Bourassa. Il aurait aussi pu chercher à se réconcilier avec les libéraux provinciaux lorsque ceux-ci étaient dans la dèche et prêts à vendre leur âme pour quelques points de pourcentage dans les intentions de vote, mais il est demeuré fermé à cette option.
Mario Dumont et l'ADQ ont maintenant besoin de poser un geste d'éclat pour changer la donne politique et tirer leur épingle du jeu. Les conservateurs ne sont pas très populaires, mais étant au pouvoir, ils ont des ressources et une organisation qu'ils n'avaient pas il y a quelques mois à peine. Une alliance publique et vendue avec un gros battage est peut-être la bouée de sauvetage qui reste à Mario.


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