Mariage de raison entre Québec solidaire et Option nationale

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La raison aurait-elle des raisons que la raison ne connaît pas ?

Le chef d’Option nationale (ON), Sol Zanetti, accepte de saborder son parti politique, qui a été fondé par Jean-Martin Aussant en 2011, au profit de Québec solidaire (QS). Mais non sans conditions : les délégués de QS devront notamment garantir que le parti né de la « fusion » entre ON et QS soumettra à la population québécoise un projet de Constitution d’un Québec indépendant au cours d’un premier mandat.

 


Telle est la pièce maîtresse de l’entente de principe dévoilée par les états-majors d’ON et de QS jeudi. Si les délégués des deux partis politiques y donnent leur bénédiction, Option nationale prendra la « forme d’un collectif » au sein d’un « parti unifié » qui gardera le nom de Québec solidaire, mais endossera une « nouvelle identité visuelle ».


 

« Non seulement nous retrouverons-nous dans une famille politique élargie ayant un engagement clair et courageux envers l’indépendance, mais nous aurons ensemble rapproché le mouvement indépendantiste de son objectif en faisant passer la patrie avant les partis », a déclaré M. Zanetti lors d’une conférence de presse sur la colline parlementaire jeudi.



Je pense que la métaphore de la métallurgie, de la fusion, ici, est intéressante, parce que justement, quand il y a fusion de métaux, je pense, les choses restent, elles forment un [tout], mais les choses restent comme ça.


Sol Zanetti, chef d’Option nationale





Assemblée constituante



Pour y arriver, QS devra promettre de mettre sur pied une assemblée constituante dont les membres auront « clairement pour mandat d’élaborer la Constitution d’un Québec indépendant », peut-on lire dans des documents remis aux militants d’ON et de QS.



Les délégués de QS s’étaient pourtant entendus en mai 2016 pour leur donner carte blanche : ils pourront élaborer la constitution d’un Québec-pays ou encore d’un Québec-province. M. Zanetti avait déploré cette « position trouble » de QS, qui « trahit [selon lui son] manque d’assurance pour notre projet ».



Plusieurs solidaires craignent que les personnes réfractaires au projet de pays boudent les travaux de l’assemblée constituante si ses conclusions étaient écrites d’avance. « Nos membres décideront si, oui ou non, ça vaut le coup. Mais, moi, ce que je vous dis, c’est qu’il faut rappeler que le débat à l’intérieur de l’assemblée constituante ne serait pas un débat entre indépendantistes », a fait valoir jeudi la co-porte-parole de QS, Manon Massé.



Par ailleurs, QS devra présenter « un cadre financier prévoyant les ressources nécessaires au processus d’accession à l’indépendance » ainsi qu’un « portrait financier démontrant la viabilité financière d’un Québec indépendant », exige Option nationale. « Le tout sera élaboré en consultant les économistes désignés par ON », précise l’entente de principe.



ON veut aussi voir le parti représenté à l’Assemblée nationale par Amir Khadir, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois condamner « le régime colonial canadien » sur le même ton que le « néolibéralisme »« Le « Québec-bashing » sera dénoncé et combattu par le parti unifié », peut-on aussi lire dans le document.



Les délégués de QS devront modifier leur programme politique en ce sens lors de leur prochain congrès, qui est prévu en décembre prochain.



L’entente de principe est à prendre ou à laisser dans sa forme actuelle, a précisé son principal promoteur, Gabriel Nadeau-Dubois. « On est convaincu que cette entente-là est historique parce qu’elle est juste et qu’elle saura rassembler nos deux formations politiques », a martelé le co-porte-parole de QS.



Zanetti dans une circonscrition «favorable»



Le chef d’ON a également obtenu la garantie que le « collectif Option nationale » bénéficiera de sièges désignés au comité de coordination de QS ― qui a été qualifié de « Politburo » par le chef péquiste, Jean-François Lisée, au printemps dernier.



D’autre part, M. Zanetti pourrait briguer les suffrages sous la bannière de QS dans l’une des neuf circonscriptions considérées comme « les plus favorables » par le parti, sauf Mercier, Gouin et Sainte-Marie-Saint-Jacques. M. Zanetti, qui est résident de la ville de Québec, s’est bien gardé jeudi de pointer la circonscription qu’il convoite en vue du scrutin de 2018.



Par ailleurs, les fonds détenus par ON ― des dizaines de milliers de dollars ― seraient quant à eux versés dans la cagnotte de QS. Ils serviraient notamment à financer les initiatives du « collectif »« Légalement, Québec solidaire va demeurer. […] Les membres actuels d’Option nationale, qui deviendront des membres du parti unifié, vont pouvoir continuer à s’organiser entre eux pour faire ce qu’ils faisaient le mieux, c’est-à-dire du travail sur le terrain pour l’indépendance du Québec », a expliqué M. Nadeau-Dubois à la presse. Dans cet esprit, le groupe d’onistes organisera annuellement une université sur l’indépendance, en plus de continuer de « produire, diffuser et développer divers matériels de promotion » de l’indépendance du Québec, a souligné M. Zanetti.



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