Manque de leadership

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Le grand cirque ordinaire des illusions « Canadian »


Cette année, j'ai approfondi ma réflexion sur le leadership et les langues officielles. J'en suis arrivé à la conclusion qu'il faut pouvoir communiquer avec l'ensemble de la population dans les deux langues officielles si l'on veut jouer un rôle de leadership national dans ce pays. Donc, pour être un leader au sein de la fonction publique, il est nécessaire de pouvoir informer, évaluer, expliquer, conseiller et inspirer tant en anglais qu'en français.

Un an plus tard, qu'en est-il donc du leadership du gouvernement en matière de langues officielles?
L'hésitation et le manque de leadership que l'on pouvait soupçonner l'année dernière sont maintenant évidents. Le gouvernement continue d'appuyer en principe la dualité linguistique canadienne, mais cet appui ne se manifeste pas par une vision d'ensemble à l'égard des politiques gouvernementales et de la fonction publique.
Ce manque de leadership cause un plafonnement et, à certains égards, une détérioration de l'application de la politique des langues officielles. Cette année encore, j'ai constaté très peu de progrès dans plusieurs domaines d'activités. En fait, les données présentées dans mon rapport indiquent que la situation de la langue de travail se serait même détériorée dans certaines institutions.
Remplacer l'honorable juge Bastarache à la Cour suprême du Canada par un autre juge bilingue est un parfait exemple du leadership nécessaire. Le Canada est le bénéficiaire non seulement de deux langues officielles, mais d'un système bijuridique. C'est pourquoi les lois du Parlement ne sont pas traduites, mais bien écrites dans les deux langues officielles. Les deux versions ont égale force de loi. Il est donc essentiel que les juges de la plus haute cour du pays soient bilingues afin d'être en mesure de comprendre les deux versions des lois, mais aussi afin de comprendre les avocats et les citoyens dans la langue officielle de leur choix, et ce, sans l'aide d'un interprète. La Cour suprême du Canada doit non seulement être formée de juges ayant des compétences juridiques exceptionnelles, mais elle doit aussi être le reflet de nos valeurs et de notre identité canadienne en tant que pays bijuridique et bilingue. Le gouvernement devrait reconnaître cette réalité.
En attendant un plan
L'initiative destinée à succéder au Plan d'action pour les langues officielles est un exemple d'engagement qui tarde à se réaliser et de leadership hésitant et incertain. On attend toujours des résultats malgré les engagements.
Dans son discours du Trône du 16 octobre 2007, le gouvernement a souligné son appui à la dualité linguistique canadienne en affirmant qu'il proposerait une stratégie destinée à concrétiser la phase suivante du Plan d'action, qui est arrivé à échéance le 31 mars dernier. Toutefois, il n'a réservé à cette initiative aucune enveloppe dans son budget du 26 février dernier.
Pourtant, la date d'échéance du 31 mars 2008 a toujours été inscrite dans le Plan d'action. Or, le gouvernement n'a pas eu la prévoyance de lancer une initiative de renouvellement ou de remplacement avant cette échéance.
Depuis plusieurs mois, la ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles a en main le rapport sur les consultations entreprises sur le sujet, mais elle n'a encore annoncé aucune mesure concrète.
En fait, on se croirait dans une pièce de Samuel Beckett, qui pourrait s'intituler En attendant le Plan d'action. Bien franchement, je ne tiens pas à passer une année de plus à assister à une pièce de théâtre, alors que tout le monde attend, pendant que le gouvernement fait du surplace.
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Graham Fraser
L'auteur est commissaire aux langues officielles. Ce texte est extrait de l'allocution qu'il a prononcée hier à l'occasion de la publication de son rapport 2007-2008.


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