Les revendications des parents trans, «oublié-e-s dans les réformes des dernières années», se feront entendre dimanche à l'occasion d'une manifestation à Montréal.
La Marche Trans, organisée par le collectif Euphorie dans le genre, s'articulera en son cinquième anniversaire autour du thème de la famille, sous ses diverses acceptions.
Quelque 500 personnes seront attendues à place de la Paix, au centre-ville, pour ensuite défiler jusqu'au village gai. La manifestation se veut familiale et politique, souligne une coporte-parole.
«Ce n'est pas une parade», note Raphaële Sévigny .
Même si les personnes trans peuvent dorénavant changer leur mention de sexe sur leurs documents d'identité, cette reconnaissance légale ne s'est pas traduite sur les mentions de filiation.
Ainsi, une femme trans est désignée comme un «père» sur l'acte de naissance de son enfant, ce qui peut exposer toute sa famille à des questions envahissantes ou même à de la discrimination et de la violence lorsqu'il faut présenter le document, dans un contexte scolaire par exemple.
«Les enfants de parents trans devraient avoir le droit à une vie privée, à une existence calme et paisible», déplore Raphaële Sévigny.
Le Centre de lutte contre l'oppression des genres de l'Université Concordia poursuit d'ailleurs le gouvernement québécois pour atteinte aux droits de la personne avec cette restriction, entre autres. Le procès doit s'amorcer en janvier prochain.
La réalité des parents trans semble demeurer dans l'angle mort des législateurs.
Selon Raphaële Sévigny, les enjeux propres aux enfants trans jouissent actuellement d'une plus grande visibilité dans la sphère publique grâce à de nombreuses études à leur sujet.
«Il y a plein d'oubliés: les parents, les enfants, les personnes trans migrantes. Ce ne sont pas des masses assez grandes pour que les politiciens s'intéressent à eux et c'est pour ça qu'on est obligés de prendre la rue aujourd'hui», explique-t-elle.
Parmi les autres revendications du collectif figurent la couverture par la RAMQ de la préservation de sperme et d'ovules avant une transition médicale.
«On ne devrait pas avoir à être stérilisés pour vivre dans le genre dans lequel on veut vraiment vivre», se désole Mme Sévigny, d'autant plus que le Québec aurait «avantage à avoir plus d'enfants».
Et les parents ne sont pas les seuls laissés-pour-compte de la communauté trans, avance-t-elle, alors que le gouvernement québécois refuse tout changement de prénom et de mention de sexe aux nouveaux arrivants n'ayant pas encore obtenu leur citoyenneté.
Une «honte» pour le Québec, qui «s'affirme souvent comme un leader en affaires LGBT», décrie Raphaële Sévigny.