Malaise

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Le fiasco de Capitales Médias est imputable aux magouilles des Desmarais






J’ai un gros malaise.




Les journaux de l’ex-ministre libéral Martin Cauchon — Le Soleil, Le Droit, Le Nouvelliste, La Voix de l’Est, La Tribune et Le Quotidien — agonisent.




Ils ont été placés à l’abri des créanciers. On cherche désespérément un acheteur.




On estime à environ 65 millions $ le déficit actuariel des régimes de retraite des employés actuels et des ex-employés aujourd’hui retraités.




Si les quotidiens meurent, les 1000 retraités actuels craignent de voir leurs retraites amputées de plusieurs milliers de dollars.




Robert Fleury, ancien journaliste au Soleil, estime que la perte serait d’autour de 22 % de la valeur de la rente.




Mystère




En 2015, Gesca, une filiale de Power Corporation, avait vendu ces journaux à Martin Cauchon, unique actionnaire de Groupe Capitales Médias.




À l’époque, la transaction avait beaucoup étonné, et nous n’en avons jamais connu les détails.




Martin Cauchon n’était pas connu pour avoir une grande fortune personnelle.




Il n’est pas issu d’une riche famille. Pendant sa jeunesse, il fut majordome à la résidence d’été du grand patron de l’empire qui possède Gesca.




Il fut élu député relativement jeune. Il siégea pendant onze ans comme député et ministre, jusqu’en 2004. Il pratiqua ensuite le droit dans divers cabinets.




Tout cela permet de vivre confortablement, mais est-ce suffisant pour acheter, renflouer et garder en vie ces quotidiens ?




On a la réponse sous les yeux.




J’en reviens à mon malaise.




Il est inimaginable que Gesca n’ait pas su, au moment de vendre, que les fonds de retraite se dirigeaient vers de graves difficultés.




En vendant, on se délestait non seulement de journaux qui perdaient de l’argent, mais aussi de ces fonds.




Il est inimaginable que M. Cauchon n’ait pas entrevu les dangers énormes de l’aventure dans laquelle il s’engageait.




Bref, tant le vendeur que l’acheteur ne pouvaient pas ignorer qu’ils mettaient à risque les retraites des employés d’hier et celles à venir.




Il arrive certes qu’il faille remercier des employés pour survivre, comme Québecor le fit avec Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec.




Il arrive aussi qu’il faille réduire les prestations de retraites à venir.




Mais quand un travailleur est dans la force de l’âge, il peut rebondir ailleurs.




Quand une personne est âgée, ses options sont infiniment plus limitées. Le fonds de pension est primordial.




On part à la retraite en tenant pour acquis qu’on peut compter sur ce qui fut signé noir sur blanc.




Éthique




Le gouvernement Legault n’exigera pas qu’un éventuel acheteur reprenne les régimes de retraite, et ne les renflouera pas lui-même.




Le gouvernement est coincé.




Forcer la reprise des régimes de retraite, c’est éloigner les acheteurs potentiels. On ne peut non plus utiliser des fonds publics pour garantir des régimes privés.




Est-ce que la responsabilité n’incombe pas à ceux qui ont compromis la sécurité financière des retraités qui leur faisaient confiance ?



 




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