Madame, monsieur, ça ne fait que commencer

0cb35d6107cf1dd3797aecdc9edf8c39

50 ans après mai 68 : la déconstruction se poursuit

Madame, monsieur, père, mère, des mots en voie de bannissement. Si l’on vous avait dit, il y a dix ans, qu’une telle directive parviendrait bientôt aux employés de l’État, vous n’auriez même pas compris de quoi il est question. Et voilà, nous sommes rendus là. Comme dirait Justin Trudeau, nous sommes en 2018.


Si vous vous opposez sérieusement à l’idée de « dégenrer » toute la vie en société, comme c’est mon cas, évitez surtout de dire que ce débat est ridicule. Que le gouvernement perd son temps à taponner sur des mots. Ou que ces élucubrations passagères vont vite passer dans l’oubli.


Idéologie radicale


Ce débat est très important. Derrière les mots, il y a les partisans d’une idéologie qui poussent fort. On ne s’amuse pas à faire disparaître les mots : on se bat pour faire disparaître l’idée fondamentale qui est derrière le mot.



Proscrire le mot mère ne consiste pas seulement à jouer dans le vocabulaire. C’est une négation de l’existence des rôles de mère et de père. Comme si l’usage de ces mots référait à la famille traditionnelle, une famille dite « normale ». Cette conception de la famille est dépassée, archaïque, une honte qu’il faut cacher. Il ne s’agit plus d’être inclusif. On exclut la majorité.



Pourtant, c’est encore la façon de vivre de l’immense majorité des familles. Cela ne rejette en rien le droit des conjoints de même sexe d’avoir des enfants ni le respect envers les transsexuels. Et ils peuvent utiliser le langage qu’ils veulent. Mais au nom de cette nouvelle réalité, veut-on réellement cacher dans les catacombes honteuses la réalité de la majorité ?


Très sérieux


Croyez-moi lorsque je vous parle de la force de cette idéologie. Ce que le public a découvert cette semaine, c’est l’existence d’un document de formation majeur à l’attention des fonctionnaires de Service Canada. Un document rendu à cette étape, qui sert à orienter des centaines d’employés du gouvernement, n’a pas été écrit sur un coin de table.


Pensez-y. Ce document est forcément le résultat de dizaines et de dizaines d’heures de travail, de réunions nombreuses où l’on a regardé la version préliminaire. Des rencontres et des discussions impliquant des hauts gradés de la fonction publique fédérale ont sûrement conduit à plusieurs versions, jusqu’à cette version finale qui a reçu toutes les approbations pour devenir la règle.


Cela fait beaucoup de monde qui a trouvé correct le fait de ne plus utiliser monsieur, madame, père ou mère. Des gens qui ont complètement avalé l’idéologie du gouvernement Trudeau et qui étaient convaincus d’être sur la bonne voie pour livrer au gouvernement ce qu’il attend.


Les journalistes de la colline Parlementaire à Québec se sont vite retournés vers la ministre Stéphanie Vallée, qui a patiné. Elle a tenté de se dissocier du fédéral voyant le rejet populaire, mais a reconnu que le même genre de question est « en analyse » à Québec.


Le plus bizarre, c’est que tous ces gens se justifient en parlant de changements rapides, de progrès, de modernité. C’est ça le progrès ?